« Le gouvernement peut agir dès maintenant »
Dossier logementLe coordonnateur du Comité logement Rimouski-Neigette, Guy Labonté, estime que le gouvernement pourrait agir dès maintenant, et de deux façons, pour stabiliser le marché locatif, en attendant de trouver des solutions à plus long terme.
C’est ce qui ressort notamment d’une entrevue réalisée par le Journal Le Soir avec monsieur Labonté, en suivi à notre série de reportages sur la crise du logement.
Encore une fois, il suffit d’ouvrir nos pages de comptes sociaux et de consulter nos courriels pour voir des dizaines et des dizaines de réactions à la publication d’une série d’articles sur la crise du logement à Rimouski. Notre guetteur des forums de locataires, Luc, nous rapporte encore une fois que des prix exorbitants sont demandés aux chercheurs de logis, lesquels sont de plus en plus désespérés, de même que leurs proches.
3 000 $ par mois
« Nous cherchons depuis trois mois et « niet » », écrit l’un; « J’héberge mon ami depuis un mois pour l’aider, mais c’est difficile. Tout le monde s’arrache les logements et la surenchère ne cesse d’augmenter », ajoute l’une. « Je suis venu de Montréal à Rimouski pour de l’emploi, mais je vais devoir quitter la région, même si j’ai un bon salaire », déplore une personne déçue de perdre la qualité de vivre rimouskoise. Aussi, des perles de découvertes pour les locataires fortunés, comme un haut de duplex à 1 400 $ par mois ou une maison à 3 000 $ par mois dans une zone rurale. Commentaire lu le plus souvent : « À ce prix là, une maison serait moins chère. »
Ce que confirme un conseiller en prêt hypothécaire, Steeve Lévesque, qui a développé un truc à partir des données présentes pour obtenir une moyenne. « Par les temps qui courent, on parle d’environ 500 $ d’hypothèque mensuelle en moyenne, par tranche de 100 000 $. À 3 000 $ par mois, on pourrait donc-avec évidemment le comptant de base et autres frais requis- payer l’hypothèque d’une maison de 600 000 $. Évidemment, cela ne compte pas toutes les dépenses additionnelles comme les taxes, les frais d’énergie, etc. »
Autre truc
Un ancien courtier immobilier nous avait déjà refilé le même genre de truc, mais beaucoup plus conservateur. En prenant 1 % de la valeur, on aurait une bonne idée de l’hypothèque et de tous les frais liés à la maison (tout bien compté: hypothèque, télé/internet, électricité, taxes, assurances, frais juridiques et bancaires). Donc, à 3 000 $ on pourrait au moins se payer une maison de 300 000 $!
2 000 $ par mois
Autre son de cloche d’une connaissance qui travaille dans un domaine connexe : « J’ai un ami qui avait parié avec moi qu’il pouvait louer son jumelé 2 000 $ par mois. Il m’a envoyé une copie du bail deux jours après. J’ai perdu. »
Gel des loyers et registre des baux
Pour en revenir à la réaction de Guy Labonté du Comité logement, il signale que même à six mois de la fin de son mandat, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) pourrait agir dès maintenant pour rendre la crise moins pénible et stabiliser les prix du marché.
« La crise sévit aux quatre coins du Québec et le gouvernement pourrait agir rapidement à partir de tout de suite en fixant pour commencer un gel des loyers pour l’ensemble du Québec et de rendre obligatoire la tenue d’un registre des baux. Un gel protégerait tout le monde pendant au moins un certain temps, le temps qu’on trouve des ajustements. Quant au registre, un tel registre permettrait aux locataires de savoir quel prix payait le locataire précédent, avant la signature de son propre bail », explique monsieur Labonté.
10 ans à rattraper
Quoi qu’il en soit, d’une part, la Coalition avenir Québec (CAQ), le parti au pouvoir, ainsi que tous les autres partis auront fort à faire pour convaincre monsieur Labonté qu’ils veulent bel et bien s’attaquer concrètement à la crise du logement. « Je m’attends à bien des engagements pendant la campagne électorale, mais ce à quoi que je m’attends, surtout, et qui est le plus important, ce sont à des résultats qui viendront après la campagne électorale. »
Selon monsieur Labonté, il y a environ 10 ans de retard accumulé à rattraper.
« À la dernière campagne électorale, la CAQ avait promis de construire les 15 000 logements par année que devaient construire précédemment les libéraux, mais qui avaient été programmés depuis 2009. À l’heure où on se parle, on est rendu à 6 000 ou 7 000 logements, pas plus, avec six mois à faire. On s’entend que ça ne sera pas fait à la fin de mandat. La CAQ vient d’annoncer l’argent pour en bâtir 3 500 autres, mais il reste que pendant ce temps, il n’y a pas de programmation ou pratiquement pas. Un logement programmé, c’est un logement dont le montage financier est assuré. Les libéraux en construisaient peut être 1 500 par année, mais ils en programmaient 3 000. Il aurait fallu que ce soit programmé, car il y a des gens prêts à bâtir des logements présentement », illustre monsieur Labonté.
Demande de 25 000 logements
Par ailleurs, le Réseau québécois des organismes sans but lucratif (OSBL) d’habitation demande la construction de 5000 logements sociaux et communautaires par année pour les cinq prochaines années au Québec.
Une rencontre de presse aura lieu demain dans le Grand Hall du Parlement de Québec. Les dirigeants du Réseau québécois des OSBL d’habitation seront accompagnés des porte-parole en matière d’habitation et de logement des partis d’opposition, soit Marie-Claude Nichols, députée de Vaudreuil, Andrés Fontecilla, député de Laurier-Dorion, et Méganne Perry Mélançon, députée de Gaspé.