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Nouvelle de 19 h

« La nauséabonde odeur de la violence »

La fontaine qui accueille les visiteurs au parc Ernest-Lepage, de Rimouski. (Photo: archives)

Ayant fait amende honorable dans la vie et se faisant désormais un apôtre de la non violence après avoir commis le crime ultime, l’auteur Gaston Bourdages, de Saint-Mathieu, a rédigé une lettre à l’intention des lecteurs du Journal Le Soir et des jeunes qui s’adonnent à la délinquance au parc Ernest-Lepage, de Rimouski.

Il y a 33 ans, Monsieur Bourdages commettait l’irréparable et l’impardonnable sur sa conjointe de l’époque et était reconnu coupable de meurtre au second degré.

Après avoir purgé sa peine, il a témoigné du fait que la foi et l’espérance l’ont sauvé. Il est devenu un homme sensible à la misère humaine et condamnant la violence sous toutes ses formes. Il vient de publier le premier de trois tomes sur la vie carcérale et la violence, « Dignité piétinée » coécrit avec Sylvie Croteau.

Ayant pris connaissance de notre reportage sur la soirée d’information de lundi dernier, à Rimouski, monsieur Bourdages se pose lui aussi la principale question lancée par le conseiller du district Saint-Robert, Jocelyn Pelletier : pourquoi? Monsieur Pelletier racontait lundi soir avoir pris connaissance d’images de violence insoutenables par le biais de caméras de surveillance, ajoutant que pour lui et d’autres la question était « pourquoi ces jeunes s’adonnent-ils autant à la violence? »

Décision

Une décision du conseil municipal est attendue à savoir si on devra fermer le parc sur l’heure du dîner, pour mieux dénicher les délinquants et leur remettre des constats d’infraction, l’objectif étant notamment d’atteindre les parents concernés.

Deux mots

« Deux mots, en particulier, se doivent ici, à mon humble avis, d’être utilisés: « Pourquoi ? » et « Comment ?» Oui, pourquoi la violence ? Pourquoi avoir recours à la violence ? et « Comment, dans sa vie, un être humain en arrive-t-il à choisir la violence ?» La violence exprime « quelque chose » Quoi au juste ? Que veut nous dire, à nous, membres de la société, un être humain qui y a recours? Oui, la violence s’explique, même si elle est injustifiable », mentionnait monsieur Bourdages dans un courriel à l’auteur de ces lignes, hier.

Gaston Bourdages (Photo: courtoisie)

Message à la suite duquel nous l’avons invité à mettre par écrit sa réflexion sur le sujet, dans la lettre ouverte qui suit, qu’il a intitulée « Le Parc Lepage et la nauséabonde et fétide odeur de violence qui s’y dégage. »

La violence est un échec

« La violence, sous quelque forme qu’elle se manifeste, est un échec. »

« Les faibles ont recours à la violence en la pensant force. » « Ces deux citations, la première de Jean-Paul Sartre dans « Situations ll » et la deuxième d’Éric Hoffe, décrivent très bien, à mon avis, autant la situation prévalente au parc Lepage que les acteurs qui l’incarnent, cette violence. Habilité je me sais pour m’exprimer autant publiquement que privément sur ce drame, toutes formes de violences confondues. Oui, il y a « De quoi frémir », tel que le titrait un chapitre de cet article de monsieur Pierre Michaud.

« Sur deux mots, en particulier, nous gagnerons, je pense, à nous attarder : « Pourquoi? » et « Comment? » »

« Oui, pourquoi la violence ? Pourquoi avoir recours à celle-ci? Que souhaite et veut exprimer un être humain qui en fait le choix ? Parce que la voie (voix) de la violence est un choix, un libre choix. Qui en fait le choix ignore fort probablement que la dignité humaine existe autant dans les autres que dans elle-même. Quant au comment, ma question est celle-ci : comment un être humain en arrive-t-il, dans sa vie, à faire de la violence son moyen d’expression ? »

Mal de l’âme

« La violence exprime quoi, au juste ? Et si la violence était une éloquente (sic) expression du fait d’être mal dans sa peau. Lire ici mal dans son cœur, mal dans son esprit et mal dans son âme? Parlant du mal de l’âme, c’est dans la bibliothèque du pénitencier où je résidais que, par hasard, j’ai fait la dérangeante découverte de cet ouvrage de madame Denise Bombardier et de Dr. Claude St-Laurent : « Le mal de l’âme » – Robert Laffont 1989. Oui, je souffrais du mal de l’âme… explicable mais totalement injustifiable. Faire usage de la violence, sous quelque forme que nous le manifestions, augmente, accélère voire aggrave cette maladie contemporaine qu’est celle du vide existentiel. »

« Le jour où un des adeptes de ces si « pôvres » comportements au Parc Lepage assènera un coup fatal à une éventuelle victime, nous aurons comme membres de la société, à nous questionner sur les valeurs morales ou immorales que nous prônons. »

Le vide

« Vide que j’ai connu. Tout acte de violence est construit d’éléments que j’ai aussi expérimentés. À savoir ? Lâcheté, orgueil et vengeance. Oui, la violence s’explique. Elle a sa propre histoire de vie et parfois de mort. Je pense en particulier aux féminicides. Toute violence a été, est et sera, à jamais injustifiable. Le jour où un des adeptes de ces si « pôvres » comportements au Parc Lepage assènera un coup fatal à une éventuelle victime, nous aurons comme membres de la société, à nous questionner sur les valeurs morales ou immorales que nous prônons. »

« L’immoralité et l’atteinte à toute dignité humaine a eu, a et aura « son » prix…oui à payer. Je conclus. Qu’est-ce que ces jeunes ont besoin d’entendre, d’écouter? »

Avec mes respects,

Gaston Bourdages, simple citoyen – auteur – co-auteur – conférencier.

Saint-Mathieu-de-Rioux

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