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Nouvelle de 18 h

On s’inquiète pour Francis

Le cycliste cueilleur de cannettes et de bouteilles aurait disparu
On ne voit plus très souvent le mystérieux cycliste connu sous le prénom de Francis. (Photo: Unsplash Photos)

La plupart des villes et villages du Québec ont des personnages marginaux auxquels la communauté s’attache malgré leur différence.

À Rimouski, les plus vieux, comme l’auteur de ces lignes, se souviendront de celui que l’on avait surnommé « Elvis ». Il chantait en se promenant à vélo, tenant souvent des propos incohérents sur la religion et son passage « chez les frères ».

L’homme au vélo et à la remorque

C’était dans les années 1970, mais plus récemment, toujours à Rimouski, disons au cours des 10 ou 15 dernières années, il y a un homme nommé Francis, dont on ignore le nom de famille, que beaucoup de gens « connaissent ». Connaître est un bien grand mot, mais on le remarquait facilement sur son vélo pour lequel il avait conçu et confectionné une remorque, dans laquelle il transportait toutes les cannettes et bouteilles qui ont une valeur de ristourne qu’il pouvait dénicher. Il méritait le respect pour son travail.

Un retraité bien connu du secteur des communications, Alain Caron, se préoccupe de ce qui aurait pu lui arriver.

Francis en compagnie d’une personne que nous n’avons pu identifier, sur une photo qui date d’un certain temps. (Photo: courtoisie)

On s’inquiète

« Francis, qui patrouillait la ville en vélo et qui ramassait des bouteilles et des cannettes dans une brouette « patentée » derrière son vélo, on ne le voit plus. Savez-vous ce qui lui est arrivé? Il passait chez nous chercher les cannettes une fois par semaine l’hiver dernier. On les gardait pour lui. Je lui ai donné une paire de gants, car il avait plein d’engelures aux doigts. Quelqu’un m’a dit qu’il avait un cancer. Y a-t-il des bruits qui courent? »

« C’est l’un des mendiants les plus courageux que j’ai connus. Et j’en connais pas mal. Ici, dans ma famille, on s’inquiète tous pour lui. Je sais qu’il habitait dans le quartier de Saint-Robert, mais je ne sais rien d’autre à son sujet, pas même son nom de famille », dit cet ancien réalisateur de Cogeco.

« Dans son malheur, il y avait de la dignité et du courage. Je me souviens qu’à l’époque du bar le Sens Unique sur l’avenue de la Cathédrale, il y a 10 ou 20 ans, on le voyait beaucoup à cet endroit », poursuit Alain.

En affection

L’ancien propriétaire du bar le Sens Unique, Gilles Doucet, souligne qu’il n’y a jamais travaillé, malgré la rumeur.

« Il venait très souvent et le personnel l’avait pris en affection. Il aimait ça venir au « Sens » et on lui a expliqué notamment qu’il ne devait pas y entrer armé de son « jacknife », qu’il montrait à tout le monde. C’était une personne vulnérable sur le plan mental. Ceux qui l’ont vu aller sur notre piste de danse savent combien il pouvait être exubérant. Alors, on lui a aussi expliqué de ne pas se lancer partout! Je sais aussi que son nom de famille est Côté (NDLR: une autre source nous a dit Proulx) et qu’il avait une sœur. Je crois qu’il va bien, car il me semble l’avoir croisé au courant de l’été. »

Pas facile d’approche

« Francis, peu de gens le connaissent vraiment parce qu’il n’est pas facile à approcher depuis très longtemps et plus ça allait, moins il se faisait des amis, car il avait une certaine allure qui pouvait sembler repoussante. Nous n’avons pas eu de ses nouvelles depuis longtemps », dit l’enseignant et travailleur social Luc Jobin, fondateur de l’organisme En Tout C.A.S. qui effectue du travail de rue à Rimouski.

Pas boucler, survivre!

Le coordonnateur de l’organisme de défense des droits des personnes en situation de pauvreté, Action Populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé, témoigne : « Pour des gens comme Francis qui recueille des bouteilles et des cannettes vides pratiquement chaque jour, il faut éviter de penser qu’ils « arrondissent leurs fins de mois ». On ne parle pas ici d’accumuler les biens, mais bien de survivre. »

Pour éviter ça

« Il faut éviter de porter des jugements. Avec la hausse du coût de la vie, de plus en plus de gens courront les conteneurs et les cannettes vides pour survivre. C’est l’une des raisons pour lesquelles on a mis sur pied le Frigo Riki. On aimerait éviter que des gens jettent de la nourriture encore bonne à la poubelle et que des gens puissent aller se servir ailleurs que dans les conteneurs. Le Frigo Riki est accessible tout l’été au parc de la Gare et on le déménage à la Bibliothèque Lisette-Morin à l’automne », signale par ailleurs monsieur Dubé.

Il y a 6 000 personnes en situation de pauvreté à Rimouski.

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