Rimouski a une épine au pied
Les congrès reprennent graduellementLe directeur général de Tourisme Bas-Saint-Laurent, Pierre Lévesque, se dit confiant de voir qu’après des saisons touristiques exceptionnelles dans la région, la reprise de la tenue des congrès viendra graduellement occuper la basse saison.
La reprise des congrès dans l’ère post-covid est envisageable à court terme, mais les choses risquent de changer de manière particulièrement importante, à Rimouski. La capitale bas-laurentienne a une épine dans le pied.
On se retrouve avec un manque à gagner de 160 chambres à la suite de la fermeture de l’hôtel Gouverneurs. La période des congrès vient habituellement « alimenter » les restaurants et les hôtels en-dehors de la haute saison touristique.
Démarches
« On a senti une légère reprise l’hiver dernier, mais surtout au mois de mai, de manière intensive et particulièrement dans le secteur de Rivière-du-Loup. J’ai parlé à des employés d’hôtel en mai dernier qui m’ont dit que c’était bien rempli avec des congrès qui ont été déplacés pendant la crise sanitaire. Ça procure une base de relance, mais il faut savoir que les congrès, ça se prépare souvent assez longtemps, deux ou trois ans d’avance. Il y a des démarches à faire, car il y a quand même de l’incertitude. aussi. »
Redémarrer la machine
« Par exemple, lorsqu’il y avait des congrès de pompiers, il y avait une personne employée à s’occuper du congrès. Est-ce qu’elle est partie pendant la pandémie? Cette ressource est-elle toujours là? Qui s’occupe du congrès? Il faut redémarrer la machine. »
« Après deux ans d’arrêt, il y a eu quand même pas mal d’activité dans les derniers mois. Si ça a été très actif dans Rivière-du-Loup, ça a aussi été actif dans Rimouski, quand même. Mais il faut être entreprenant et il faut démarcher, parce qu’il y a des changements dans le marché », affirme Pierre Lévesque.
Hôtels rénovés
Un autre intervenant nous rappelle au sujet des deux villes souvent concurrentes que « pendant que Rimouski a perdu des chambres, les trois hôtels à congrès de Rivière-du-Loup ont été rénovés. »
-160 chambres
Comment le directeur général de Tourisme Bas-Saint-Laurent perçoit la situation hôtelière à Rimouski?
« C’est un impact majeur, un hôtel important, au cœur du centre-ville. Un établissement qui est fermé alors qu’il permettait d’avoir une belle complémentarité avec les autres hôtels, dont l’Hôtel Rimouski, doté d’un beau centre des congrès. C’est plate, c’est vrai que c’est plate! », déplore-t-il.
Monsieur Lévesque est au courant que la Ville de Rimouski et son bras économique sont à faire des démarches pour essayer de relancer « le Gouverneur ». « On souhaite qu’il y ait de nouveaux investissements et que ça se poursuive de cette manière ou avec des hôtels déjà existants. »
Il espère également que le projet d’un nouvel établissement de 100 chambres de Riôtel se réalise éventuellement. « Pour l’hôtel Gouverneurs, il y a des promoteurs solides à Rimouski et je crois bien que quelqu’un pourrait très bien reprendre ça », note aussi Pierre Lévesque.
Avantage perdu
Une bonne façon d’évaluer la situation avec du recul est de faire appel à quelqu’un qui n’est plus dans le domaine, afin de comparer les époques. Un ancien enseignant en tourisme du Cégep de Matane, Michel Hébert, a travaillé au développement des congrès à Rimouski, il y a plus de 20 ans. Il livre ses impressions sur la question à savoir si le secteur des congrès est changé à jamais à la suite de la crise sanitaire, puisque les gens risquent de moins vouloir se réunir.
« Vu de loin, juste pour vous rappeler qu’avant la fermeture de l’hôtel des Gouverneurs, l’un de nos principaux arguments de vente pour attirer des congrès qui étaient d’envergure provinciale à Rimouski, c’était la proximité des trois principaux hôtels : Hôtel Rimouski, Gouverneurs et Le Navigateur (C Hôtels). Ça nous faisait un certain total de chambres à deux coins de rue. C’était un peu comme être à Montréal ou à Québec », constate monsieur Hébert.
Heureux problème
Un heureux problème risque de se poser, étant donné la popularité touristique de Rimouski ces derniers temps, selon monsieur Hébert :
« L’absence de ces 165 chambres, c’est difficile, mais n’en demeure pas moins que les gens risquent de revenir en masse, puisqu’il y a eu plus de Québécois que jamais au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, pendant la pandémie. Généralement, ceux qui ont un mot à dire sur les destinations d’affaires sont parfois épatés par la destination qu’ils ont connue pendant leurs vacances. S’ils ont séjourné dans l’un des hôtels de Rimouski toujours ouverts, ils ont sans doute été satisfaits et s’ils ont été satisfaits, ils risquent de vouloir revenir en congrès. On aura toujours la qualité à Rimouski, mais c’est la capacité d’accueil, le nombre de chambres qui est le problème. »
Riôtel
Dans l’ordre d’idées selon lequel il est préférable que les principaux hôtels soient à distance de marche, les deux sites envisagés par Riôtel sembleraient adéquats. L’un serait à l’Est (ancienne Place Cooprix) et l’autre à l’Ouest (anciens M&M et Tim Hortons sur Saint-Germain) des principaux établissements du centre-ville.
« Si Riôtel était situé sur l’ancien Cooprix, les congressistes traverseraient le terrain de l’édifice de TELUS et arriveraient directement au Centre des congrès. Ce serait plaisant », remarque Michel Hébert.
D’autre part, ce qui Rimouski a peut-être perdue en tourisme d’affaires, elle risque fort de l’avoir récupéré par la popularité de ses événements touristiques estivaux.
D’autres
Il ne faut pas oublier par ailleurs que des établissements situés en dehors du centre-ville contribuent également à accueillir les congressistes chaque année. Pensons notamment à Comfort Inn (Quality Inn) dans le district Nazareth et à l’hôtel L’Empress dans l’Est de la Ville.
Hôtelier
Un autre « joueur » est en train de se tailler une petite place au centre-ville, soit le Saint-Germain.
« Nous ne sommes pas ce qu’on pourrait appeler « un gros joueur », mais je peux dire qu’une grande quantité d’entreprises recommencent à réserver l’hôtel presque en entier pour différents évènements. Ainsi, c’est un signe clair de la reprise du tourisme d’affaires et une très bonne nouvelle pour la région », témoigne son directeur, Adam Dumais.
Par ailleurs, le directeur général de Tourisme Rimouski, Jacques DesRosiers, présentera ses commentaires aux lecteurs du Journal Le Soir dans nos pages, demain.