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Nouvelle de 18 h

L’augmentation de l’itinérance nécessite un plan d’intervention

Dépôt cette semaine au Centre intégré de santé et de services sociaux
La réalité qui diffère en région nécessite une lecture et une démarche différentes de celles des grands centres, au Bas-Saint-Laurent. (Photo: Unplash photos)

L’augmentation de la misère et de l’itinérance rapportée par des intervenants sociaux dans nos pages, vendredi dernier, ne touche pas seulement Rimouski, mais bien tout le Bas-Saint-Laurent.

Luc Jobin, directeur de l’organisme En Tout CAS, et Michel Dubé, coordonnateur de l’organisme Action Populaire Rimouski-Neigette, sonnaient l’alarme dans le Journal Le Soir. La détresse qui a fait suite à la crise sanitaire et la situation économique actuelle (inflation, pénurie de logements, etc.) encouragent la misère à poursuivre son malfaisant progrès. L’itinérance en est un symptôme.

Une situation qui a incité la directrice des programmes de santé et mentale et dépendance du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent, Claudie Deschênes, et son équipe à se consacrer au problème et à préparer un plan d’intervention qui permettra de mieux répondre aux plus récentes réalités. Ce plan sera déposé à la direction générale du CISSS ce vendredi et on devrait en connaître les détails dans les semaines subséquentes dans le cadre d’une campagne de communication.

Mais en attendant, des constats peuvent être rendus publics.

Claudie Deschênes, directrice des programmes de santé mentale et dépendance du CISSS. (Photo: courtoisie)

Isolement social

« Première chose : il y a toujours eu de l’itinérance au Bas-Saint-Laurent, mais on la vit différemment comparativement aux grands centres. Chez nous, cette itinérance est moins visible. Mais depuis les deux dernières années, avec la crise sanitaire, on s’est rendu compte qu’on a beaucoup de gens en situation de vulnérabilité importante qui font de l’itinérance cachée. Ces gens-là se sont retrouvés en isolement social et encore plus vulnérables et en situation d’itinérance réelle. On a vu ça, dans le cadre de la pandémie. »

« Mais après ça, c’est maintenant la situation économique qui a un impact sur l’augmentation des problématiques en santé mentale et d’anxiété exacerbés. Je pense entre autres aux problèmes de dépendance qui sont en augmentation également. »

Entraîné vers l’itinérance

« Ça fait d’ailleurs partie des statistiques qu’on pourra afficher : le nombre de demandes qu’on reçoit est palpable. Évidemment, quand on est en plus grande vulnérabilité mentale, on l’est aussi sur le plan des excès de consommation, donc aussi sur le plan économique. Tout ça peut nous entraîner dans une relative itinérance », analyse madame Deschênes.

Logements difficiles à trouver

« Il y a même eu des gens qui se sont retrouvés dans des dynamiques de dépendance au jeu à l’argent. Il faut reconnaître que l’isolement se traduit de toutes sortes de façons. Là où on s’inquiète le plus ces temps-ci, c’est que lorsqu’il y a de la vulnérabilité, il y a aussi une instabilité sur le plan du logement. Or, les logements sont difficiles à trouver et sont plus chers, au Bas-Saint-Laurent. Ça amène aussi des risques de sombrer dans l’itinérance. On a pour objectif de travailler en amont pour justement éviter que ça se dégrade à ce point-là », affirme Claudie Deschênes.

Chiffres

Et est-ce qu’on a des chiffres?

 « Nous allons rendre public un portrait de l’itinérance au Bas-Saint-Laurent. Nous sommes une région qui a choisi de ne pas recourir au dénombrement (NDLR : un exercice encouragé par Québec), mais c’est parce que nous avons une photo, un portrait, une compréhension globale du phénomène d’itinérance sur un territoire donné. Nous, on l’a fait aussi, mais différemment. On ne peut pas, ici, se rendre dans les parcs pour compter le nombre d’itinérants. »

« Nous essayons d’avoir un portrait juste en collaboration avec nos organismes communautaires, dont ceux qui sont en hébergement. On a la capacité de voir et de savoir si ce sont plus des hommes, plus des femmes, plus de tel âge, qui ont des problèmes de santé mentale; s’ils ont des problèmes de consommation, etc. On a une bonne idée comme ça et une fois qu’on a fait ça, on peut aussi recenser les gens qui se rendent à l’urgence, les personnes hospitalisées dans les unités de soins également; comme on est capable de recenser toutes les demandes qui sont adressées au service centralisé, à Info-Santé et Info-Social », répond madame Deschênes.

Plus qu’auparavant

« On a vu plus de gens circuler d’Ouest en Est, s’arrêter au Bas-Saint-Laurent en route vers la Gaspésie, l’été dernier; ça c’est certain. Comme ce n’est pas de l’itinérance chronique, à Rimouski, on peut parler de quelques-uns; une nuit ou deux, sur un banc de parc, mais on ne les tolère même pas. C’est ce que je veux dire quand je dis que notre réalité est autre. Elle est ponctuelle et variable, mais il y en a régulièrement », conclut la directrice des programmes de santé et mentale et dépendance du CISSS.

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