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Offrir une nouvelle vie à un cheval

Anjie, la jument de race Canadien (photo courtoisie)

Laetitia Toanen, propriétaire et fondatrice de « Chemins de traverse », a monté une campagne de financement pour acquérir une jument noire du nom d’Anjie, afin de l’intégrer à son offre de service en accompagnement facilité par les chevaux et ainsi lui permettre un mode de vie plus en accord avec ses besoins.

Toutefois, Laetitia est catégorique : Anjie n’est pas en danger là où elle se trouve.

Elle explique que le projet pour lequel Anjie a été achetée par ses propriétaires actuels ne lui correspond pas et qu’ils ont le souci de la vendre à un endroit qui ne s’en servira plus comme poulinière, après l’avoir été pendant de nombreuses années, étant donné qu’elle est une jument de race.

 « Ça veut dire qu’à chaque année, elle faisait un poulain pour ensuite en être séparée. Ce n’est peut-être pas une vie idéale pour un cheval. »

Un travail d’équipe

Laetitia témoigne des bonnes intentions des propriétaires de la jument.

« Ils auraient pu la vendre facilement, comme jument de race et comme poulinière, mais ils avaient cet espoir de trouver un meilleur lieu pour cette jument. Afin de la sortir de ce cycle de vie où elle ne faisait que des poulains pour ensuite se les faire enlever. Comme je fais de l’accompagnement facilité par les chevaux et qu’on s’est rendu compte que cette jument avait de chouettes aptitudes, on a essayé de voir ce qui pourrait être fait pour permettre le transfert. »

Très près de l’humain, la jument a toutefois des difficultés à interagir avec les hommes. Elle serait donc à son aise chez Laetitia, dont la clientèle est essentiellement composée de femmes.

« Chemins de traverse »

Laetitia Toanen explique en quoi consiste son travail et comment Anjie s’inscrit dans ce projet.

« Ça fait 10 ans maintenant que j’ai créé un lieu de ressourcement pour permettre aux femmes de reprendre des forces, de se retrouver entre elles, de mieux se connaître et de prendre soin d’elle. Parce que la vie est exigeante pour les femmes. On parle beaucoup de charge mentale et depuis cinq ans, je ne fais plus ce travail toute seule. Je le fais aussi avec des chevaux, qui sont là pour prendre soin des femmes, qui sont là pour aider les femmes à avoir accès à du réconfort, du ressourcement. À une plus grande connaissance d’elle-même, à une autre façon d’entrer en relation, de prendre soin les uns des autres, de communiquer, de mieux comprendre ce qui arrive dans leur vie, puis de donner du sens à leurs existences.

« C’est sûr que quand les femmes quittent leurs problèmes, ils ne sont pas forcément résolus. Par contre il y a souvent un réconfort et souvent un sens. Et quand une épreuve a du sens c’est déjà plus facile d’aller de d’aller de l’avant. En fait, c’est dans ce cadre-là qu’on a envie d’intégrer Anjie à la maison. »

Anjie, la jument canadienne

Non seulement Laetitia estime qu’Anjie présente des aptitudes pertinentes pour l’accompagner dans son travail, mais en plus, la race de la jument fait partie de l’histoire québécoise.

« Les chevaux canadiens font maintenant partie du patrimoine québécois officiel. Ce sont les chevaux qu’ont eu nos grands-parents et nos arrières grands-parents. Ce sont les chevaux qui ont servi à défricher le territoire. Ce sont les chevaux qui ont permis aux gens de se déplacer, d’aller chercher le médecin lorsque les femmes accouchaient. »

Anjie (photo courtoisie)

« Pour le travail que je fais, ce n’est pas nécessaire et ça ne m’intéresse pas vraiment d’avoir un cheval qui vaut 5000 $ ou 15 000 $ ou 25 000 $. Ça ne correspond pas à mes valeurs. Par contre, avoir un cheval qui a une histoire, ça c’est pertinent pour travailler en ressourcement avec les gens. Avoir une jument qui porte aussi l’histoire du territoire, ça peut aider à travailler différents angles possibles. »

La campagne de financement

 Si elle s’est tournée vers une campagne de financement, c’est parce qu’étant donné qu’Anjie est une jument de race, son coût n’est pas moindre.

« Après, comme il s’agit d’une jument qui vaut beaucoup d’argent, c’est normal que les propriétaires actuels veulent récupérer un certain montant. Sauf que je n’avais pas du tout les moyens. Non seulement ce n’était pas prévu, mais en plus c’est dispendieux d’accueillir un cheval supplémentaire. Surtout en hiver, ça prend plus de foin et il faut racheter des mangeoires. »

Offrir et recevoir

La fondatrice des « Chemins de traverse » ressentait toutefois un certain malaise à demander de l’argent, alors elle a décidé d’offrir quelque chose aux gens qui donnaient.

« C’était important pour moi de trouver une solution pour faire venir de l’argent de l’extérieur, pour permettre le financement, mais je n’ai pas demandé aux gens de me donner de l’argent, juste pour me donner de l’argent. Tout le monde a des projets, tout le monde a des rêves et tout le monde a besoin de son argent pour faire toutes sortes de choses. C’est donc pour cette raison que nous avons créé un GoFundMe, parce que c’est une plateforme que les gens connaissent et en laquelle ils ont confiance. »

« Par contre, c’était important pour moi d’offrir quelque chose aux gens, quelque chose qui puisse les aider à prendre soin d’eux. Anjie m’a inspiré un atelier rituel de ressourcement, comme j’en fais régulièrement à la yourte, en présence de chevaux. La différence, c’est que cet atelier sera en ligne pour permettre à tous d’y avoir accès. « J’ai aussi créé un ensemble de cartes rituelles, un peu comme un jeu de tarot. Il y en a de plus en plus maintenant, sur différentes thématiques, où on pige une carte en lien avec un animal totem avec une pensée, une inspiration du moment, qui nous propose quelque chose à faire pour prendre soin de nous. »

Les cartes rituelles (photo courtoisie)

Elle souhaite d’ailleurs remercier tous ceux et celles qui ont participé à la campagne.

Anjie et sa pouliche adoptive

Cette année, Anjie n’a pas eu de poulain. Par contre, elle s’est attachée à une jeune pouliche qui se trouve là où elle est.

« Elle se comporte avec elle, comme si elle était sa mère. La pouliche était dédiée à la vente, mais finalement on a trouvé une solution pour ne pas séparer Anjie de sa pouliche adoptive. Une amie va assurer du financement, donc aussitôt que nous aurons fini de rassembler le montant pour Anjie, les deux vont venir à la maison. »

Le temps commence à manquer

Il est encore temps de participer à la campagne de financement. Toutefois, l’échéancier arrive à son terme.

« Il ne nous reste pas beaucoup de temps pour la campagne parce qu’avec l’hiver, on a l’impératif de faire le transfert d’Anjie à la mi-décembre. »

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