Actualités > Économie > Bic : « évaluer toutes les options »
Économie

Bic : « évaluer toutes les options »

Marc Parent, ex-maire et actionnaire du Club de golf
Marc Parent est actionnaire et a été administrateur du Club Bic, qu’il fréquente depuis longtemps. (Photos: courtoisie/archives-Photomontage)

Le Journal Le Soir a sollicité l’avis de l’ex-maire de Rimouski, Marc Parent, au sujet de l’éventuelle vente du Club de golf Bic, alors que l’assemblée générale annuelle des actionnaires approche à grands pas.

La date vient d’être confirmée. C’est le 30 janvier que devront se réunir les quelque 300 actionnaires du Club pour cette assemblée qui s’annonce cruciale.

L’avis de monsieur Parent est pertinent à plusieurs égards, car il a aussi été conseiller municipal du district du Bic, y habite et est lui-même actionnaire, en plus d’avoir été administrateur du Club, il y a quelques années.

Cascade d’événements

Rappelons que le congédiement du professionnel et directeur général Jonathan Moreau a causé beaucoup d’émoi au sein des membres, habitués et actionnaires du Club. Le motif de son licenciement n’a pas été précisé, mais le départ obligé de monsieur Moreau a suscité du mécontentement. Au point où on peut envisager que des actionnaires souhaitent la vente du Club, un organisme privé, mais à but non lucratif. Le conseil d’administration a évoqué une éventuelle situation litigieuse pour expliquer sa décision.

Bref, la mise à pied de monsieur Moreau a suscité une cascade d’événements. Le Groupe Tanguay a confirmé son intérêt pour acquérir le Club qui a 90 ans cette année. Lors d’une rencontre avec des administrateurs du Club, un projet d’hôtel a été évoqué. Des défenseurs de l’environnement se sont levés, au Bic, car le parcours est situé sur le littoral, le long de la fameuse Pointe-aux-Anglais.

Direction générale

Par ailleurs, le conseil d’administration a lancé un appel de candidatures pour la direction générale du Club. Cela pourrait vouloir dire qu’il n’y aurait pas de professionnel pour la première fois en plusieurs décennies, car comme monsieur Moreau cumulait les deux fonctions. Il serait fort étonnant que le Club ait les moyens de se payer les deux.

Ouverture

Pour monsieur Parent, il faut faire preuve d’ouverture.

« Je pense que ça vaut la peine d’étudier la question (NDLR : de la vente à un ou des investisseurs privés), voir si un projet est réalisable et voir s’il y a de l’acceptabilité sociale. De prime abord, il faut évaluer toutes les possibilités pour l’avenir du Club Bic. »

Les temps ont changé

Nous avons demandé à monsieur Parent si, tel que nous l’avons déjà annoncé, les actionnaires sont vieillissants et ne jouent plus au golf en bonne partie.

« C’est certain. Il n’y a aucun doute là-dessus! Je me souviens que dans les années 1970, quand je travaillais au Club, à 17 h, c’était la course folle pour mettre sa balle dans le boulier pour réserver son départ. Un joueur du groupe était délégué pour quitter son travail prématurément pour arriver à la course au Club, monter les marches à la course et déposer une balle dans le boulier. Il y en avait du monde qui voulait jouer à cette heure-là, la semaine. On est bien loin de ça maintenant. Il y a bien eu un regain du golf ces dernières années, mais quand même! »

Le Soir a annoncé la semaine dernière que Jonathan Moreau a déposé une plainte au Tribunal du Travail.(Photo: Facebook-Jonathan Moreau)

Un mandat

« Je crois que c’est sain pour toute organisation de voir à se renouveler. Je pense donc que ce genre d’étude en est une, de voir s’il y a un potentiel de développement. Ce que je souhaite, c’est que lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires, le mandat soit donné au conseil d’administration de faire une analyse des différentes solutions pour maintenir le Club de golf en vie. Parce que je pense que tout le monde est d’accord sur au moins une chose, c’est que ce Club de golf doit continuer d’exister », déclare celui qui a quitté la mairie en novembre 2021.

Une vue partielle, mais magnifique, du parcours du Bic et de la Pointe-aux-Anglais. (Photo: Facebook-Club de golf de Bic)

Tournant crucial

Le Bic est à un tournant crucial, tout comme plusieurs autres clubs de la région. D’ailleurs, le Boule Rock de Métis-sur-Mer a été vendu l’an dernier et le Club de Val-Neigette, aussi de Rimouski, est à vendre.

« On voit ce qui se passe dans d’autres clubs de golf, par manque de membres et d’infrastructures qui viennent générer de l’achalandage. Il y a des gens qui tiennent ça à bout de bras, qui perdent des sommes substantielles. Au Bic, on est un groupe d’actionnaires. C’est certain qu’ultimement, si le Club est déficitaire, ce sont les actionnaires qui vont devoir trouver une façon de renflouer les coffres, que ce soient par des contributions personnelles ou autre chose. Dans la réalité actuelle, il faut absolument aller voir quelles sont les alternatives. »

Tollé

Le projet de complexe hôtelier a soulevé un tollé chez les défenseurs de l’environnement du Bic. Faut-il s’attendre à une levée de boucliers au point d’empêcher un éventuel projet? D’ailleurs, il faut envisager des démarches de consultation, de signatures de registre et de référendum s’il y avait un projet de complexe hôtelier.

« Si jamais il y avait un projet comme ça, il faudrait une acceptabilité sociale. J’ai beaucoup aimé le commentaire de Pierre-Luc Morin, qui est le président du Comité du patrimoine du Bic, qui n’a pas fermé la porte. Ce que j’en retiens, c’est que, comme tout projet, ça vaut la peine d’être évalué, analysé, discuté. »

Le trou « signature » du Bic, le numéro 14. On aperçoit les îles à l’horizon. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud-archives)

Économie du village

Monsieur Parent pense que les entreprises et la population du Bic ont besoin de plus d’activité économique. « On vient de perdre un élément important pour le Bic, où il y avait un bel achalandage, avec la fermeture de la cantine aménagée dans un conteneur maritime de Colombe Saint-Pierre. Ça aura un impact négatif sur l’achalandage touristique, ça aura un impact à l’épicerie; ça aura un impact négatif à la crèmerie; ça aura un impact pour les petits commerces. »

« Si dans 10 ans, 15 ans, il n’y avait plus d’achalandage pour faire les frais au Club de golf et que tout ça poussait en friche? Je ne suis pas certain que c’est ce que les gens veulent! »

Tout un défi

« Si on est en décroissance, ce n’est pas bon pour un village. Par contre, une nouvelle infrastructure au golf pourrait entraîner de l’achalandage, mais ça doit être discuté, traité avec la Ville et avec la population. Le projet pourrait être structurant. Mais on ne se cachera pas que ce sera tout un défi, peu importe le promoteur. »

En friche

« Ce serait un défi important sur le plan de la réglementation municipale. C’est une zone patrimoniale. C’est un endroit où la beauté du paysage domine. C’est justement ce qui fait la beauté et la renommée de ce parcours de golf. Que se passera-t-il si dans 10 ans, 15 ans, il n’y avait plus d’achalandage pour faire les frais au Club de golf et que tout ça poussait en friche? Je ne suis pas certain que c’est ce que les gens veulent », souligne Marc Parent.

Une partie du district Le Bic vue des airs. (Photo: courtoisie, Armand Dubé)

Potentiel touristique

Le Soir constate avec monsieur Parent que le potentiel touristique du Bic peut encore être mis en valeur.

« Effectivement. Ce genre de complexe pourrait ouvrir la porte également à la tenue de rencontres de travail, de réunions, etc. Je pense qu’il y a un beau potentiel et pas seulement pour l’été. Donner la possibilité à des gens de tenir des réunions de travail dans un décor enchanteur, de joindre le travail aux loisirs, dans un site magnifique, ce serait bon pour tout le monde. »

Facebook Twitter Reddit