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« 80 ans, au détriment de trois! »

L’Avant-Poste a disparu au profit de La Voix de la Vallée
L’Avant-Poste n’existe plus. (Photo: Journal Le Soir)

La Corporation Lexis Media, propriétaire de Médialo, un regroupement des journaux hebdomadaires régionaux « papier », a poursuivi sa vague de changements la semaine dernière, en changeant le nom de L’Avant-Poste, d’Amqui.

Depuis quelques mois, Medialo a lancé une réorganisation de ses journaux écrits de l’Est du Québec. Entre autres, les formats et le système de distribution ont été changés. Le porte-à-porte a été changé pour des points de dépôt. L’Avantage de Rimouski est devenu Le Laurentien.

Un ancien journaliste et éditeur de L’Avant-Poste, Alain Saint-Amand, est extrêmement déçu de voir un morceau d’histoire régionale disparaître avec le récent changement de nom.

« À réfléchir »

Dans un article publié dans la dernière édition de L’Avant-Poste, le Président de Médialo, Frédéric Couture, a précisé :

« Lorsque nous avons annoncé en janvier dernier que nous avions l’intention de faire de L’Avant-Poste une publication mensuelle, vous avez été nombreux à manifester votre déception de ne plus recevoir de nouvelles sur une base hebdomadaire. Ça nous a amenés à réfléchir. À essayer de trouver l’équilibre entre les enjeux avec lesquels nous devons composer comme organisation, avec l’intérêt de nos lecteurs et commerçants. C’est alors qu’a émergé l’idée de faire renaître La Voix de La Vallée sous forme de section hebdomadaire insérée dans Le Laurentien. »

L’Avantage est devenu le Laurentien. (Photo: archives)

Poursuivre la tradition

« Comme nos prédécesseurs, nous prenons aujourd’hui une décision historique qui permettra d’assurer notre pérennité et de poursuivre cette belle et longue tradition d’information qui dure depuis plus de 80 ans », ajoute-t-il.

Celui qui est aussi un ancien éditeur et directeur régional pour les publications de Québecor estime que quatre ans d’histoire viennent de prendre le dessus sur plusieurs décennies.

« Je vous reviens au sujet de L’Avant-Poste ou plutôt de La Voix de la Vallée (…) Curieux quand même de voir tous ces changements de nom. Ça coûte bien des sous et du temps pour qu’un nom de marque soit reconnu. Après presque 80 ans d’usage (le journal matapédien a porté le nom de Voix de la Vallée de 1941 à 1944), le nom de L’Avant-Poste était synonyme de journal hebdomadaire, dans la Matapédia, et était très respecté », confie monsieur Saint-Amand à la rédaction du Soir.

Alain Saint-Amand (Photo: archives)

Considérations légales

« Derrière ces changements, il y a probablement des considérations légales. Cela fait cinq ans maintenant que Lexis Média est propriétaire des journaux de la région, ce qui la libère de certaines obligations contractuelles avec Transcontinental (impression et distribution), mais lui créait sans doute des contraintes financières pour l’utilisation des noms », croit Alain Saint-Amand.

Un gain pour la communauté

Ce dernier se dit convaincu que les cris d’alarme lancés notamment par des élus de la région par l’entremise du Journal Le Soir ont contribué à éviter la disparition éventuelle du journal de la Matapédia.

« Lexis recule un peu. Elle a mis beaucoup de pression à Amqui. On ne parle plus d’un mensuel, mais d’un retour à une édition hebdomadaire. Bien sûr, c’est encarté à l’intérieur du Laurentien, mais c’est déjà mieux. »

« Nous avons déjà fait ça avec le journal hebdomadaire régional Le Bas-Saint-Laurent (NDLR : à l’époque de L’Avant-Poste, du Progrès-Écho, de L’Information, de La Voix Gaspésienne et du Rimouskois). Cependant, on mettait le régional à l’intérieur des journaux locaux, pas l’inverse. La notoriété des journaux locaux permettait de distribuer le nouveau produit », fait-il remarquer.

Deux fois l’hebdo de l’année

« Il y a certainement un pincement au cœur. J’ai toujours avec moi les deux trophées du titre d’hebdo de l’année au Québec remportés par L’Avant-Poste en 1992 et en 1994. Auparavant, j’ai été journaliste pigiste à compter de 1980. Je suis entré au journal à temps  plein en 1990. J’ai commencé à être éditeur en 1993 et j’ai agi comme directeur régional par la suite », commente également monsieur Saint-Amand.

Bonne chance

« Le lectorat de L’Avant-Poste ne se souvient plus de ce nom-là. J’entendais même souvent que les gens ne disaient pas avoir reçu « le journal », ils disaient avoir reçu « L’Avant-Poste ». Pour eux, c’était synonyme de journal, le reflet d’un sentiment d’appartenance de 80 ans. Et on sait, vous comme moi, ce que c’est de démarrer une nouvelle publication. Je leur souhaite bonne chance », conclut-il.

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