«À pause» et en alerte en même temps!
Dans le réseau de la santé régional, en période de criseLes employés du réseau de la santé et des services sociaux dans notre région ont beaucoup de mérite pour être passés au travers une série de bouleversements incroyables depuis pas même une semaine.
Pour obtenir une idée de ce que vivent « nos » employés et pour sortir du cadre officiel, le journal le soir a sollicité et obtenu la collaboration d’une instance syndicale, Annie Hudon, présidente du Syndicat CSN des employés de bureau, des techniciens et des professionnels de l’administration du Centre intégré de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent. Celui-ci compte 1 050 membres.
Si on résumait les sentiments qu’ils ont vécu en cinq-six jours, il y en aurait pour tous les goûts, à partir de l’incertitude, jusqu’à l’inquiétude, en passant, par le désarroi et le mécontentement.
Madame Hudon va nous résumer dans les lignes qui suivent les mesures importantes s’adressant aux employés de la santé, la situation dans les principaux établissements et les réactions de ses membres face aux obligations qui leur sont imposées. Les tâches ont changé mais tout le monde est au travail, sauf bien sûr les personnes qui doivent demeurer en isolement.
Accueil
« Depuis vendredi dernier, dans chacun des établissements du réseau, ou dans la grande majorité des 73 endroits concernés, il y a des préposés pour accueillir la clientèle et lui demander « où allez-vous? » et « Svp, veuillez vous désinfecter les mains ». Puis, si la personne va à l’urgence ou qu’elle a des symptômes, on lui demande de porter un masque. Ce sont nos membres qui s’occupent de ça, présentement », raconte madame Hudon.
Uniformes
Une mesure plus récente était sur le point d’être confirmée lors de notre entretien avec madame Hudon, aujourd’hui, soit l’obligation, pour ceux qui portent des uniformes, de ne pas les transporter. « Pour les préposés et les infirmières, l’uniforme ne sort plus de l’établissement de santé. Tu ne sors pas avec et tu n’arrives pas avec. »
Moral
La plupart des employés se sont bien adaptés aux nouvelles exigences, tout en tenant le coup physiquement et moralement.
« Pour l’essentiel, je ne vois pas de détresse psychologique chez nos membres, mais une peur face à l’inconnu. On vit de l’insécurité autant que de la confusion, parce que beaucoup d’information est acheminée au personnel et pas toujours de manière coordonnée. Pensons juste à l’information transmise par les cadres, par les syndicats, par la télévision et les médias, les amis, les proches, etc. On se trouve « bourré » d’information plus que la moyenne des gens et ce n’est pas facile à gérer. Et il y a des messages contradictoires, on ne s’en cachera pas », affirme madame Hudon.
« J’ai trop peur »
« Des employés qui disent, « moi, j’ai trop peur, je veux rester chez-nous », il y en a aussi! On commence à en voir. Ils ne sont pas encore en détresse psychologique, mais ils vivent vraiment de l’insécurité. C’est vécu de façon différente par chaque personne. Mais oui, il y a des gens qui ne veulent plus aller travailler. J’ai deux cas, présentement », précise-t-elle aussi.
Communication
Après les rencontres de début de crise et l’émission des directives essentielles, le CISSS a planifié un calendrier de téléconférences avec ses syndicats. « On va nous tenir au courant de façon hebdomadaire et peut-être s’il y a lieu davantage, pour nous tenir informer des derniers développements. Cela ne nous empêche pas de parler aux gestionnaires en cas de besoin. Si les employés ont des questions importantes, cette ligne de communication existe », assure Annie Hudon.
Une ligne téléphonique 1-800 a été créée pour les employés du CISSS BSL. La CSN a créé une adresse de courriel par laquelle ses membres peuvent questionner leurs officiers.
« Avec ces deux outils d’information, je trouve qu’il y a des endroits où appeler pour ceux qui en ont besoin. Par ailleurs, on a maintenant des assouplissements pour ce qui est des formulaires médicaux pour les arrêts de travail. On a allégé les procédures. On élimine ce qui pourrait prolonger les délais pour les employés qui vivent eux-mêmes des problèmes de santé », poursuit-elle.
Le décret d’urgence exige souplesse
Le décret d’urgence sanitaire exige beaucoup de souplesse de la part de ces employés de l’état. Madame Hudon constate qu’ils sont prêts à faire leur grande part mais se demandent où ça va s’arrêter.
« Tout le monde travaille mais d’une autre façon. Dans les cliniques externes, tous les rendez-vous ont été annulés et les cliniques de prélèvements sont fermées. Il ne reste que les urgences. Puisque tous les rendez-vous sont annulés et que nous avons accepté ces changements de tâches, on se demande jusqu’à quel point il y en aura d’autres. Ça veut dire aussi que n’importe qui peut être réquisitionné sur le plancher, même une personne libérée à temps complet comme moi. Il faut être bien conscient de tout ça. »