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Le quart des emplois perdus en 20 ans

Centre administratif d’Hydro-Québec à Rimouski 
Le centre administratif d’Hydro-Québec à Rimouski. (Photo Le Soir.ca – Annie Levasseur)

En 20 ans, le centre administratif d’Hydro-Québec à Rimouski a vu disparaître le quart de son effectif. Depuis des années, la société d’État délaisse les régions au profit d’une centralisation à Montréal, une tendance lourde que dénoncent les syndicats.

Alors qu’Hydro-Québec appartient à tous les Québécois et devrait être un levier de développement régional, la réalité est tout autre. Malgré les pressions politiques qui ont permis de sauver les meubles, combien de temps cette situation peut-elle encore durer?

À la suite d’une demande d’accès à l’information, Hydro-Québec a dévoilé l’ampleur des pertes à Rimouski. Le bureau régional de la rue Vanier comptait 376 employés au 1er janvier 2005. Vingt ans plus tard, ils n’étaient plus que 283, soit une perte de 93 postes — près de 25 % de l’effectif.

La diminution est particulièrement marquée chez les employés de bureau, dont le nombre a été réduit de moitié. Les professionnels, les techniciens et les employés de réseau ont également vu leurs rangs s’amenuiser. Seuls les ingénieurs et les spécialistes ont connu une légère hausse de leurs effectifs.

Selon le président du Syndicat des employés de techniques professionnelles et de bureau (SCFP 2000), Dominic Champagne, la mobilisation syndicale et les pressions politiques ont permis de limiter les dégâts. 

Dominic Champagne (Photo courtoisie SCPF)

« C’est une réalité. Avec les démarches qu’on a faites, on a réussi à compenser la diminution drastique des services administratifs par le maintien du service à la clientèle », souligne-t-il.

Retombées en stagnation

Malgré une hausse du salaire moyen des employés, passé de 57 000$ à 88 000$ en deux décennies, la masse salariale totale versée à Rimouski a peu progressé. Elle a atteint 25 M$ en 2024 contre 21 M$ en 2005. Une maigre augmentation, compte tenu de l’inflation et de la croissance économique.

Autrefois, Hydro-Québec occupait deux immeubles à Rimouski : l’un sur le boulevard Saint-Germain Ouest, l’autre sur la rue Vanier. Le premier est aujourd’hui loué au gouvernement du Québec, et le second est presque vide. Les monteurs de ligne et les équipes d’entretien, qui doivent rester proches du réseau, sont à peu près les seuls à être épargnés. Pour les autres, chaque départ à la retraite ou démission se traduit par un poste réaffecté à Montréal.

Selon le SCFP, la direction penche de plus en plus vers la centralisation. La députée de Rimouski et ministre responsable du Bas-Saint-Laurent, Maïté Blanchette Vézina, n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue sur le sujet. 

« La privatisation, c’est un retour en arrière »

Les syndicats dénoncent une volonté gouvernementale claire de privatiser Hydro-Québec, notamment avec l’adoption sous bâillon du projet de loi 69, le 7 juin dernier.

« La privatisation, c’est un retour en arrière », déplore Gilles Cazade. « Avant la Révolution tranquille, de grandes entreprises privées exploitaient le territoire uniquement pour le profit, sans se soucier des retombées régionales. »

En pleine négociation de convention collective, le Syndicat canadien de la fonction publique réclame des garanties pour le maintien des effectifs en région, un enjeu central selon lui.

« La présence d’employés d’Hydro-Québec dans une localité génère des retombées économiques et sociales vitales. »

Hydro-Québec refuse de préciser ses intentions pour ses services en région. Elle affirme que sa stratégie évolue en fonction du plan de main-d’œuvre lié à son Plan d’action 2035. La société soutient également avoir participé au plan de régionalisation du gouvernement de la CAQ.

Selon le dernier rapport du Conseil du trésor, Hydro-Québec aurait transféré 50 emplois dans le Bas-Saint-Laurent entre 2018 et 2024.

Le député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, en doute fortement.

« On parle de centaines d’emplois transférés dans la région, mais personne n’est capable d’en nommer un seul. Les gens travaillent à Québec, et, de temps à autre, ils traitent un dossier du Bas-Saint-Laurent. On maquille ça en transfert d’emploi. »

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