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Il y aura 40 ans demain, Rimouski votait «oui» au référendum

Harold LeBel conserve de précieux souvenirs de l’époque du référendum de 1980, dont cette affiche du Mouvement étudiant pour le « oui ». (Photo: courtoisie)

Demain, le 20 mai 2020, marquera le 40e anniversaire du premier référendum sur la souveraineté du Québec, un épisode historique qui a permis de réaliser les dissensions importantes qui régnaient au sein de la population québécoise au sujet du statut constitutionnel du Québec.

Un épisode dont l’actuel député de Rimouski à l’Assemblée nationale, Harold LeBel, a été un acteur de première ligne, étant alors impliqué dans le Mouvement étudiant pour le « oui » comme coordonnateur.

Le 20 mai 1980, Rimouski fut l’un des 15 comtés du Québec qui avait voté oui (53,15 %). Il y en avait 110 à l’époque, dont huit au Bas Saint-Laurent/Gaspésie. Rimouski fut, aussi, le seul, sur le rive Sud de l’Est du Québec, à avoir voté oui.

Sacrifier le hockey

Étant étudiant au Cégep de Rivière-du-Loup, Harold LeBel, originaire de Squatec, fut sélectionné en même temps pour faire partie de l’équipe de hockey junior Les Albatros de Rivière-du-Loup. Il a dû choisir entre le hockey et la politique.

« Je suis arrivé au Cégep de Rivière-du-Loup à l’automne 1979, pour participer au camp d’entraînement des Albatros. J’ai été choisi. J’étais un des plus jeunes. J’alternais sur l’alignement. Je jouais tous les deux ou trois matches. Est arrivé 1980. Des députés du Parti Québécois avaient été mandatés par René Lévesque pour recruter des étudiants pour former le Mouvement étudiant pour le Oui. Nous avons été convoqués au café étudiant La Coudée du Cégep de Rimouski. Nous étions deux ou trois du Cégep de Rivière-du-Loup. Personnellement, j’ai décidé d’embarquer dans le Mouvement et de m’y impliquer. J’en ai été le coordonnateur », relate Harold LeBel.

Es-tu fou?

« Je me vois encore aller voir mon équipe de hockey et mon entraîneur pour leur dire que je ne finirais pas la saison. Je leur ai expliqué que je voulais m’impliquer pour le référendum. Le gérant me regarde et me demande : « Es-tu fou? Tout le monde veut jouer pour les Albatros! » J’ai répondu : « c’est juste pour cette année et et je reviendrai la saison prochaine. » Ils m’ont trouvé bizarre. Ils comprenaient mal pourquoi je choisissais la politique au lieu du hockey », poursuit le député.

Un «chum» pour l’autre comité

On ne pourra jamais accuser Harold LeBel d’être trop partisan, si on se fie au geste qu’il a posé à l’époque. D’ailleurs, n’est-il pas devenu un adversaire respecté par les élus de tous les autres partis?

« On a travaillé fort. On a monté le Mouvement. Au Cégep, la direction voulait que ce soit équilibré et qu’il y ait aussi un comité du Non. J’ai trouvé un de mes amis fédéralistes pour s’en occuper. Je l’ai convaincu et je leur ai trouvé un local. Je lui avais dit que si lui ne faisait rien, moi je ne pourrais rien faire. J’ai même aidé à poser des affiches dans leur local. De notre côté, on a fait beaucoup de porte-à-porte. On a tenu des manifestations. On a fait venir plusieurs conférenciers, dont Jean Garon. La campagne avait duré tout le printemps. On collait nos affiches avec une recette de colle spéciale concoctée par le député de Matane, Yves Bérubé », se souvient-il.

Le résultat du référendum devait cependant être une grande déception. « Je n’avais pas vu mon père pleurer souvent, mais je l’ai vu, cette fois-là, pleurer beaucoup », signale monsieur LeBel.

Où en sommes-nous?

Et où en sont les Québécois aujourd’hui, selon monsieur LeBel? Où en sont les souverainistes?

« Le premier référendum, c’était beaucoup l’affaire du chef péquiste, René Lévesque, et de son entourage et il est quand même demeuré très populaire par la suite. Il y avait eu une forte mobilisation pour le «oui». C’était quelque chose de voir des gens comme Felix Leclerc s’y impliquer. C’était impressionnant. Ce qui s’est passé après, c’est que la mobilisation jeunesse s’est estompée. »

Récupérer les jeunes

Le mouvement souverainiste n’est pas mort selon Harold LeBel mais il aurait avantage à travailler sur le recrutement des jeunes.

« Il ne faut pas oublier qu’entre 1980 et aujourd’hui, il y a eu 1995. Cette défaite là a été encore plus difficile à accepter, compte tenu du vote très serré. Cela laissait espérer que la vision du Canada envers le Québec allait changer. Mais on s’est plutôt retrouvés avec un scandale, le scandale des commandites. Aujourd’hui, le mouvement pour la souveraineté est encore là, je le sens, mais ce n’est pas comme en 1980 ou en 1995. Il y a une grosse partie de la jeunesse pour laquelle les deux référendums sont de l’inconnu »

Environnement

« Eux sont plutôt mobilisés sur d’autres bases comme l’environnement, mais si je me fie à ceux que je connais, ils ne se reconnaissent pas dans le Canada non-plus, pas dans un pays qui favorise l’industrie pétrolière. Je crois qu’ils se reconnaissent plus dans le Québec mais est-ce suffisant? Les enjeux sont différents. On a quand même fait des pas de géants, notamment pour l’affirmation du Québec et la défense de la langue française. »

Moments difficiles

« Il y a eu 1980 et 1995 et il y a eu des moments difficiles entre les deux. Si je me souviens bien, en 1987, on avait organisé une assemblée avec Jacques Parizeau, dans la Baie-des-Chaleurs, qui n’avait attiré qu’une seule personne. Il y a eu des temps où c’était vraiment difficile de parler de la souveraineté. En 1q995, on a presque gagné. Alors, d’ici un prochain référendum, cela se peut qu’il y ait encore des temps morts et des moments difficiles pour la souveraineté, mais elle est toujours là. Quand la fenêtre d’opportunité sera là, il faudra être au rendez-vous », commente enfin monsieur LeBel.

Rimouski a été le seul comté du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie à voter pour le « oui ». Les autres comtés de la rive Sud de l’Est du Québec ont voté « non » dans des proportions variant entre 52,41% et 66,8%.

Autres témoignages

Le journal le soir partagera d’autres témoignages avec ses lecteurs, demain, dont une entrevue avec le président du comité du « non » à Rimouski, Louis Arsenault.

Les résultats régionaux ont été plus précisément les suivants :

                        Oui      Non

Bonaventure : 33,18%   66,82%

Gaspé              41,12%   58,98%

Iles-de-la-Mad.  45,78%   54,22%

Kam/Témis     43,97%   56,03%

Matane            47,59%   52,41%

Matapédia       47,88%   53,12%

Rimouski        53,15%   46,85%

RDL                43,36%   56,64%

Dans Rimouski, le taux de participation avait été de 84,81 % (celui du Québec : 85,61 %, pour un résultat de 59,6 % en faveur du « non » ).

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