À main levée : qui, dans l’Est, veut d’un troisième lien?
Dans les dernières semaines, on a pu entendre le gouvernement du Québec se targuer que le troisième lien de transport envisagé pour la région de la capitale nationale serait bénéfique pour l’Est du Québec. Une déclaration qui en a laissé plusieurs perplexes, voire même dubitatifs.
Il est difficile de s’expliquer en quoi un tunnel entre Lévis et Québec permettrait aux communautés du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie d’augmenter significativement leur produit intérieur brut (PIB). Même le gouvernement du Québec ne semble pas en mesure d’expliquer en quoi ce lien permettrait d’améliorer d’une façon ou d’une autre les échanges économiques entre l’Est-du-Québec et la Capitale nationale.
Au ministère du Transport, on nous sert les justifications suivantes : « Les gens de l’Est n’auront plus à faire le tour de la ville pour se rendre à Québec. » ou encore « Le transport de marchandises sera plus fluide par camion (avec un troisième lien). »
Le premier problème avec ces arguments est que l’étude utilisée pour prouver les dires du ministère du Transport date de 2017 et précise que l’analyse de l’impact sur l’Est-du-Québec est limitée, considérant le manque de données, notamment en ce qui a trait au transport par camion.
Le second problème est que personne, de La Pocatière jusqu’à Gaspé, ne semble être enthousiasmé par ce troisième lien; aucune personne élue, aucune personne du milieu économique ni aucune personne sur le terrain. Ce n’est pas non plus un sujet qui alimente les passions.
Selon certaines estimations, les coûts du projet d’un troisième lien entre Québec et Lévis pourraient avoisiner près de 10 milliards de dollars dans 10 ans, soit 10 000 millions de dollars. Considérant que la population est de 197 987 individus pour le Bas-Saint-Laurentet de 90 697 individus pour la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et que celle de la grande région de Québec est de 1 188 911 individus on peut donc dire que le poids de l’Est-du-Québec représente 19,53% de cet échantillon de la population québécoise.
Maintenant, imaginons que le gouvernement du Québec ait un réel plan de développement pour l’Est-du-Québec et qu’au lieu de dépenser ces sommes pour construire le troisième lien, il les réattribuait à la hauteur du poids démographique de l’Est du Québec. On se retrouverait avec une enveloppe de 1,953 milliard de $ pour développer le territoire bas-laurentien et aussi celui de la Gaspésie.
Avec ces sommes, il serait facile de consolider les performances des PME de l’Est en investissant dans leur réussite, d’améliorer les infrastructures du territoire dont par exemple les quais ou les voies ferrées et surtout de lutter contre l’exode rural qui à lui seul est un enjeu majeur pour l’économie de l’Est-du-Québec.
C’est avec une vision claire de l’occupation du territoire et un plan solide pour revitaliser les régions du Québec que le gouvernement réussira à améliorer la santé économique de l’Est-du-Québec. Les chances sont assez minces pour qu’un résultat équivalent se produise avec un troisième lien de transport qui servira finalement à seulement 50 000 personnes dans la grande région de Québec.
Alors, réglons la question pour de bon : à main levée qui, dans l’Est, veut d’un troisième lien?