Les conseillers sortants aux prises avec une patate chaude
Élections municipales à RimouskiLes huit conseillers municipaux qui souhaitent être réélus le 7 novembre prochain, sur les 11 sortants du conseil municipal de Rimouski, ont une patate chaude entre les mains.
Huit conseillers qui tentent d’être de retour, c’est beaucoup et l’on peut s’interroger sur leurs motivations. L’une d’entre elles est visiblement l’occasion de travailler sous la direction de l’ancien député fédéral Guy Caron, que plusieurs voient déjà gagnant dans la course à la mairie. Leur relation avec l’autre candidate, Virginie Proulx, la conseillère sortante du Bic, est à l’opposé. Madame Proulx a été exclue des réunions en comité plénier du conseil municipal en mai 2020, par, semble-t-il, la totalité de ses collègues du conseil.
Comment les conseillers réélus pourraient-ils alors travailler avec elle? Nous avons posé la question à quatre membres du conseil qui tenteront d’être réélus: Cécilia Michaud (Rimouski-Est), Simon Saint-Pierre (Saint-Pie-X), Jocelyn Pelletier (Saint-Robert) et Dave Dumas (Sainte-Blandine Mont-LeBel). Au-delà de la réponse politiquement correcte, le malaise est perceptible chez trois des quatre élus interrogés quant à l’éventualité de travailler sous la férule de madame Proulx. De longs silences au bout du fil en témoignent.
Point fort?
« Est-ce que j’ai hâte de travailler avec Guy Caron? Je ne sais pas… (silence)… oui. Ça entre en ligne de compte dans la décision de revenir, mais il y a plein d’autres facteurs importants pour moi. C’en est un parmi d’autres. Je ne sais pas si j’aurais envie de travailler avec madame Proulx. Il faut faire la différence entre « travailler avec » et « travailler pour »… En fin de compte, je vais travailler avec les autres qui seront élus. C’est ce qui est important. Les 11 conseillers plus le maire doivent faire équipe. Guy Caron est un économiste. Je l’ai côtoyé en tant que député. Selon moi, un économiste peut apporter une nouvelle vision sur le développement économique de Rimouski. Par contre, si vous me demandiez quel est le point fort de Virginie Proulx, je ne saurais quoi répondre », confie madame Michaud.
Faut-il compter madame Proulx pour battue? A demandé le journal à madame Michaud. « Il faut toujours donner la chance au coureur. En politique, on ne sait jamais ce qui peut se produire », remarque Cécilia Michaud.
Sans détour
Simon Saint-Pierre est celui des quatre qui affirme le plus franchement qu’il ne se voit pas travailler en collaboration avec Virginie Proulx.
« Est-ce que j’ai envie de travailler avec Guy Caron? Je ne vous cacherai pas que oui… On est des êtres humains. On a des émotions. Les êtres humains n’aiment pas se faire attaquer et quand Virginie Proulx scande sur des médias sociaux qu’elle va nous mettre du monde dans les pattes, il n’y aura pas un élu sortant qui va se ranger de son côté. C’est du rarement vu en politique municipale : des interventions qui sont suscitées par la haine entre individus. Moi, je ne parlerai jamais de Virginie Proulx pendant la campagne. Je n’ai pas de temps à perdre avec ça. Je ne me mêlerai pas de la campagne de Guy Caron non plus ni de la campagne d’un éventuel autre candidat. Mais je ne vous cacherai pas non plus que j’ai un parti pris. Je ne me vois pas vous dire que j’espère une victoire de Virginie Proulx. »
Peut-être bonne ailleurs…
Monsieur Saint-Pierre pense cependant que madame Proulx pourrait faire une bonne politicienne à un autre niveau, provincial ou fédéral. « Elle a ce qu’il faut pour travailler sur un autre plateau que municipal. Je suis certain que même dans l’opposition, elle ferait un bon travail pour obtenir des gains pour ses électeurs. Elle tient tellement fort son os, quand elle en tient un, qu’elle aurait sans doute du succès. Mais au municipal, il faut travailler en équipe et madame Proulx n’est pas une personne qui travaille en équipe. »
Régler ses comptes
« Les gens savent que je suis sorti dans les médias pour régler mes comptes avec Virginie Proulx au sujet d’accusations d’intimidation, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver, dans la vie, et surtout en politique. On ne sait jamais : il y aura peut-être même un troisième candidat à la mairie. Je vais travailler dans les meilleurs intérêts de la Ville. Si madame Proulx était élue, on aurait des choses à régler, mais je voudrais régler ça après les élections. Je ne crois pas qu’il faut compter qui que ce soit pour battu. On ne sait jamais ce qui peut se produire. En 2013, je pensais avoir assez travaillé pour être élu, mais Claire Dubé m’a battu. Depuis ce temps, j’ai appris à travailler en équipe avec elle et on le fait encore aujourd’hui », exprime Jocelyn Pelletier.
« C’est très particulier comme situation, mais j’ai encore la passion et je suis vraiment motivé. Si jamais madame Proulx est élue, on discutera et on réglera nos problèmes », renchérit monsieur Pelletier, qui se dit d’accord avec les affirmations de son collègue Saint-Pierre sur le fait que madame Proulx ferait une bonne députée, mais a de la difficulté à travailler en équipe.
Pas de parti pris
Des quatre conseillers sortants interrogés, Dave Dumas est celui qui n’affiche aucun parti pris.
« Est-ce que j’ai le goût de travailler avec Guy Caron? Pas nécessairement. Ce que je veux, c’est travailler pour la cause des citoyens. Ça, c’est ma ligne de conduite. Pour ce qui est de travailler avec madame Proulx, si c’est ce que la population décidait, j’ai pour mon dire que je vais travailler avec elle, tout simplement. Que ce soit au travail, dans la vie ou en société, on est appelé à travailler avec certaines personnes. Donc, il faudrait l’accepter si c’est ce que nous dit la démocratie. Si je devais travailler avec madame Proulx, je travaillerais avec elle pour le bien de la collectivité, pour faire avancer notre Ville, mais surtout pour les gens de Sainte-Blandine et Mont-LeBel, pour lesquels j’adore travailler. »
Madame Proulx a été invitée à nous livrer ses commentaires, mais elle était occupée cet après-midi. Elle devrait réagir demain.