Les candidats à la mairie échangent sur leur vision du logement et du développement résidentiel
À l’invitation du journal le soir, les candidats à la mairie de Rimouski, Virginie Proulx et Guy Caron, présentent aujourd’hui leur vision des choses en matière de logement, de développement résidentiel et d’urbanisme, en trois questions.
Suivant le principe d’alternance, pour plus d’équité, le premier droit de réponse appartient aujourd’hui à monsieur Caron.
1-Quelle lecture faites-vous de la situation du logement à Rimouski et que proposez-vous pour répondre à cette problématique?
Guy Caron : « C’est le principal problème de Rimouski. S’il n’est pas réglé, on ne pourra pas s’attaquer aux autres questions comme le développement économique (comment accueillir la nouvelle main d’œuvre?) ou l’accueil des nouveaux arrivants et des réfugiés. Il y a un manque flagrant de tous les types de logements, locatif ou de propriété, social, abordable, pour la classe moyenne ou même de luxe. »
« Je propose de réviser le plan d’urbanisme de 2013, qui a besoin d’être mis à jour, mais qui a également besoin de favoriser la densification. Une réforme de la réglementation de zonage est nécessaire, entre autres pour minimiser les contraintes au développement qui freinent justement la densification. Je propose également l’adoption d’une Politique de l’habitation qui spécifiera les visées de Rimouski en ce qui a trait au logement à Rimouski, pour servir de ligne directrice aux développeurs et promoteurs. »
« Finalement, pour pallier la faiblesse de l’offre de logement social, je propose de placer toute la force politique de la Ville dans le projet de transformation de la Maison-mère des Sœurs de Notre-Dame-du-Saint-Rosaire, qui a le potentiel de presque couper la liste d’attente en deux. »
Virginie Proulx : « La pénurie de logements à Rimouski est un enjeu majeur et comme annoncé mardi dernier, voici mes engagements en ce sens. Si je suis élue mairesse de Rimouski, je vais mettre en place une Commission sur le logement qui aura pour mandat de prévoir, planifier et déployer, de façon concertée, des logements qui répondent aux besoins de la population. Cette Commission regroupera les organismes qui ont une expertise spécifique à apporter à la ville, tels que le Groupe de ressources techniques, l’Office municipal d’habitation, le Comité logement Rimouski-Neigette, etc. Je veux aussi faire une demande au gouvernement du Québec afin que Rimouski devienne une ville mandataire du logement social, c’est-à-dire qui aurait le pouvoir de prévoir et d’amorcer des projets de logements sociaux avec une liberté décisionnelle accrue, à l’instar de Québec, Montréal et Gatineau. Ce serait une grande avancée pour Rimouski, pour faciliter une implantation plus rapide de logements sociaux sur son territoire. Je pense également que nous devrions identifier les projets potentiels de coopératives d’habitation et être partenaire dans la recherche de solutions à ce chapitre. »
« De plus, en tant que Ville, nous pouvons faciliter l’implantation de nouveaux logements en permettant davantage de logements bi-générationnels dans la réglementation municipale, pour rendre plus flexible le maintien à domicile de nos aîné.es. Enfin, je pense que nous devons mieux planifier le développement immobilier à court, moyen et long terme. Définir nos besoins et la demande à venir, prévoir le type de logements nécessaires, et le faire en toute transparence. »
2-Après les Prés du Saint-Rosaire, dans Saint-Pie-X, et le secteur des Constellations, dans Sacré-Cœur, vers quel district devrait se diriger le développement résidentiel de Rimouski et pourquoi?
G.C. : « Le secteur des Constellations demeure toujours à développer. Ce n’est pas terminé dans cette partie de Sacré-Cœur et j’aimerais y voir un effort accru de densification pour favoriser la viabilité de commerces de proximité qui y font grandement défaut. Pointe-au-Père est, je crois, le district suivant du point de vue du développement traditionnel. »
« Toutefois, avec la révision du Plan d’urbanisme et la réforme de la Réglementation de zonage, j’aimerais beaucoup que Le Bic et Sainte-Blandine soient les districts qui accueilleraient des projets-pilotes pour le développement de mini-maisons, un concept qui gagne en popularité, mais qui est actuellement impossible en raison des règles en place. »
V. P. : « Tous les districts ont un potentiel de développement résidentiel, que ce soit par la rénovation, la densification ou la construction de nouveaux immeubles ou résidences. Maintenant, ce qu’on doit faire en priorité, c’est de recueillir les besoins, les possibilités, les terrains disponibles, la demande, les tendances, l’offre, et de planifier le développement, de façon intelligente, coordonnée, concertée et en collaboration avec la population. On voit plusieurs projets prometteurs récemment annoncés qui vont permettre de densifier certains quartiers plus centraux, mais il est aussi possible de développer dans les quartiers plus périphériques des projets adaptés à leur réalité pour à la fois garder une forme d’unité architecturale, mais aussi offrir une variété de types d’habitation. »
3-Croyez-vous qu’il est temps de favoriser la densification urbaine en encourageant la construction d’édifices en hauteur? Que feriez-vous pour l’encourager?
G.C. : « Bien sûr, mais comme Rimouski n’est pas Montréal ou Québec, je ne crois pas que la densification en hauteur devrait dépasser cinq à six étages. Cela suffira aux besoins de densification de Rimouski. À preuve, le projet de construction qui prendra la place de l’église Sainte-Agnès compte justement un maximum de six étages. »
« La seule manière de l’encourager est de changer le plan d’urbanisme, de réformer la réglementation de zonage et de créer une politique d’habitation, ce que j’ai proposé dès ma première série d’engagements. »
V.P. « La densification, tout le monde est pour, en théorie. Toutefois, en pratique, c’est plus difficile lorsqu’un immeuble immense se dresse devant nous et cache le soleil qu’on avait dans la cour. On doit donc encore une fois planifier, en réfléchissant la ville de façon globale, mais aussi en collaboration avec la population. Il faut identifier les lieux propices aux édifices en hauteur, et densifier oui, mais en n’oubliant pas que Rimouski n’est pas et ne sera pas Toronto. On doit respecter l’identité de notre ville. »
« Il faut aussi protéger, voire multiplier, les espaces verts urbains, qui sont essentiels à la qualité de vie, lorsqu’on parle de densification. L’important est de considérer le fait que les actions qu’on pose aujourd’hui auront des impacts à long terme sur l’aménagement et le développement de notre ville. On doit donc travailler de façon responsable et réfléchie et il y a des organismes experts qui peuvent nous accompagner à ce chapitre. »