Une occasion qu’il ne faut pas manquer
Le centre-ville a besoin d’un projet qui se démarqueLes choses semblent bien progresser pour la grande démarche de revalorisation du centre-ville de Rimouski, alors que deux des trois enjeux majeurs qui y sont liés semblent en voie d’être résolus.
D’un, au bas de l’avenue de la Cathédrale, à l’angle du boulevard René-Lepage, l’avis de démolition de la vieille partie du centre commercial la Grande Place a été émis par la Ville et l’émission du permis ne devrait pas tarder. Par la suite, Groupe Sélection construira sur place un édifice de six étages comprenant quelque 170 logements et des espaces publics et commerciaux. Le projet serait de plus de 40 M$ et se voudrait complémentaire des « deux tours » du Havre de l’Estuaire, construites en 2012. Ce dernier projet a coûté 50 M$ pour quelque 337 logements à l’époque.
Le promoteur avait acquis la Grande Place, en avait démoli une partie pour y loger le Havre de l’Estuaire à l’angle de la venue Belzile et du boulevard. La partie centrale est demeurée ouverte et héberge toujours quelques commerces.
De deux, tout près de là, au pied de l’avenue de la Cathédrale et de la rue Saint-Germain, il y a justement la cathédrale de Rimouski qui est fermée depuis sept ans pour cause de décrépitude, présumée, pourrait-on dire. Après de nombreux démêlés et conflits parfois inexplicables, l’archevêque de Rimouski, Denis Grondin, a célébré sa première messe de Noël dans la cathédrale, il y a un peu plus de deux semaines. Ce geste est interprété par plusieurs comme marquant la volonté de monseigneur Grondin de régler le dossier. Ce qui implique la restauration de l’édifice et de lui donner une nouvelle vocation qui assurera sa survie tout en y préservant la pratique religieuse.
Des projets à la hauteur
Restera donc à régler le troisième enjeu situé en face de la cathédrale, celui de la Place des Anciens combattants. Celle-ci aura une nouvelle vocation puisqu’on a trouvé un autre endroit plus approprié pour le monument des Braves en 2016, un peu plus à l’Ouest, mais toujours sur Saint-Germain. Il n’en reste qu’un peu de gazon et un grand espace de stationnement. La Ville a pour objectif d’en faire un nouvel espace vert.
La Chambre de commerce et de l’Industrie de Rimouski-Neigette (CCIRN) se réjouit de voir le dossier de la remise en valeur du centre-ville progresser. Le journal le soir s’est entretenu avec son directeur général, Jonathan Laterreur.
« Nous sommes toujours dans une dynamique de partenariat avec la Ville de Rimouski et j’ai eu l’occasion de voir les plans d’un concept proposé pour ce projet. J’ai été à même de constater les efforts qui ont été consacrés à améliorer la fluidité du trafic à l’intersection de l’avenue de la Cathédrale. Je pense aussi au réseau piétonnier qui semble très intéressant autant sur un plan esthétique que pratique », estime monsieur Laterreur.
Rénovation capitale
On constate par ailleurs que la Chambre demeure un peu sur sa faim, car elle espère un projet qui permettra de faire le lien entre la rue Saint-Germain Est et la rue Saint-Germain Ouest.
« De la façon dont j’analyse les plans, c’est un peu un amalgame de différents projets présentés par différents groupes, par exemple pour les cyclistes. Ce sera assurément mieux que ce que c’est en ce moment, mais à notre avis, la rénovation de cet axe est capital pour une raison très importante : c’est la séparation entre les deux rues Saint-Germain du centre-ville de Rimouski. C’est une problématique intense et dommageable au développement uniforme d’un centre-ville. Est-ce qu’on a reçu une proposition une solution concrète où on aurait une belle unité entre les deux portions du centre-ville? Je n’en suis pas certain et j’invite la Ville de Rimouski à y songer sérieusement. Je ne peux pas dire que ce qui nous a été proposé va régler ça, toujours en rappelant que nous travaillons dans un esprit de collaboration », soutient le directeur général de la CCIRN.
Un effort additionnel
En y allant trop simplement, Rimouski pourrait rater une occasion importante de se démarquer et de rayonner. Un effort additionnel permettrait peut-être de réaliser quelque chose de grandiose, suggère ce dernier.
« C’est un beau projet de parc, bien fait, qu’on nous a présenté, mais pas pour dire que nous sommes renversés. C’est satisfaisant, sans plus. Je veux juste dire que pour Rimouski, c’est un secteur exceptionnel. On met toujours beaucoup l’accent sur nos couchers de soleil et avec raison. On a réussi à faire une promenade extrêmement appréciée des touristes et des résidents. Je pense qu’il y aurait moyen de marquer le coup avec un projet d’envergure qui nous démarquerait aux niveaux provincial, national et même pourquoi pas mondial. Je trouverais dommage qu’un espace comme celui-là ne soit pas appelé à devenir quelque chose qui incite encore plus les gens à venir vivre ici ou nous visiter. »
Se démarquer?
« Il faut penser à l’avenir. Il y a les 10 prochaines années. Est-ce que c’est avec ça qu’on va se démarquer? En vrai, on ne cracherait pas sur un projet amélioré. Il me semble que ce site au fort potentiel mérite un projet qui sort de l’ordinaire. C’est un peu la même chose pour la cathédrale, où l’Archevêché doit faire la même réflexion. Oui, l’archevêque a prononcé une messe pour Noël, mais on n’en sait pas davantage sur la suite des choses. Économiquement, Rimouski a soif de développement et mérite un endroit central du centre-ville qui sera un joyau à la hauteur du paysage, du lieu et de sa signification », insiste Jonathan Laterreur.
Songeons rien qu’un instant à ce que procurerait une cathédrale illuminée comme effet. Le rôle de la cathédrale dans le réaménagement du centre-ville reste à être défini. « La technologie, par exemple la réalité augmentée, offre énormément de possibilités pour mettre en valeur la cathédrale. Illuminer? Certainement, mais faire des projections, aussi. »
Quartier de la culture
La Chambre de commerce et son d.g. voient d’un bon œil l’engagement pris par le nouveau maire Guy Caron de faire du centre-ville un quartier de la culture. « On voit des exemples un peu partout dans le monde, le plus près de nous étant le quartier des spectacles de Montréal. C’est une excellente avenue; une occasion qu’il ne faut pas rater. »
Coup d’envoi
De son côté, le président et directeur général de la Société de promotion économique de Rimouski, Martin Beaulieu, croit que la démolition de la Grande Place est le premier domino qui entraînera la réalisation des autres projets.
« Le jour où le projet pour la vieille partie de la Grande Place va se concrétiser, tous les autres éléments vont se mettre en place. On a des signaux positifs pour la cathédrale, qui est peut-être en meilleur état qu’on le pensait. On commence à embarquer dans un contexte beaucoup plus positif. Le projet de la Grande Place est central dans la démarche de revitalisation du centre-ville, pour moi, ça va de soi. L’année 2022 s’annonce très positive, pour le projet de revitalisation du centre-ville, du moins. Le projet est bien reçu. »