Le travail social exclut d’un programme de bourses
Le personnel enseignant en Techniques de travail social du Cégep de Rimouski réclame d’urgence au ministère de l’enseignement supérieur que les étudiants en Techniques de travail social aient accès au programme de bourses Perspectives Québec.
Selon les enseignants, l’actuelle exclusion va aggraver la pénurie d’intervenants en travail social dans les CISSS et les organismes communautaires alors que ce programme a justement été mis en place pour contrer cette même pénurie.
« Nous constatons chaque jour combien les différents milieux d’intervention sont à la recherche de personnel, incluant les techniciens. Les CISSS développent des partenariats pour fidéliser nos étudiants, les offres d’emploi sont omniprésentes, les listes de rappel sont vides tant pour les installations publiques que les organismes communautaires et, de plus en plus, les embauches se réalisent avant la fin de leur formation technique. Il suffit de consulter les différentes offres d’emploi disponibles pour constater à quel point les besoins non comblés sont grands en ce qui concerne les postes de technicien en travail social (TTS). De plus, nous avons régulièrement des appels d’employeurs qui crient à l’aide, de partout dans la province », mentionne Josée Ruest, coordonnatrice du Département de travail social du Cégep de Rimouski.
Soutenir les plus vulnérables
« Faut-il rappeler que les TTS contribuent à soutenir les plus vulnérables de notre société et particulièrement dans le contexte social actuel? Leur présence et leurs compétences sont essentielles pour assurer les services à la population. Il faut freiner la pénurie et non l’aggraver », ajoute Josée Ruest qui craint que le programme de Techniques en Travail social devienne moins attractif. Selon madame Ruest, il faut aussi prendre en compte que le temps nécessaire à la formation du travailleur social professionnel est d’au moins cinq ans, soit deux années de cégep et trois années universitaires. « La formation de TTS ne requiert pour sa part que trois ans de formation et la pénurie de main-d’œuvre, c’est maintenant! », a-t-elle ajouté.
Un nouveau programme de bourses incitatives
Selon le Regroupement des enseignants des collèges en travail social du Québec (REECETSQ), un nouveau programme de bourses incitatives sera rendu disponible dès la session d’automne 2022 pour les étudiants québécois inscrits à temps plein dans certains programmes d’études dans les cégeps, collèges privés et universités du Québec et ce, dans le but de contrer la pénurie d’emploi dans divers domaines. Ainsi, les futurs étudiants en techniques de soins infirmiers, en éducation à l’enfance et en éducation spécialisée, par exemple, obtiendront 1 500 $ pour chaque session réussie pour un total de 9 000 $ dans ces programmes d’une durée de trois ans. À l’ordre universitaire, ce montant pourra s’élever jusqu’à 20 000 $ pour un programme de quatre ans.
L’organisme déplore que le programme collégial de Techniques en Travail social ne s’y retrouve pas alors que le baccalauréat en travail social figure parmi la liste des programmes admissibles dans la majorité des universités du Québec. Selon le REECETSQ, cette exclusion pourrait inciter les futurs étudiants à bouder le programme de Techniques de travail social puisqu’ils ne seraient pas admissibles à cette bourse, aggravant ainsi la pénurie actuelle.
Pénurie de main-d’œuvre en travail social
Dans une lettre remise à la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, le (REECETSQ) a rappelé au ministère que la pénurie d’intervenants en travail social dans les CISSS et les organismes communautaires touche autant le secteur technique que le secteur universitaire.
Le REECETSQ réclame donc que le gouvernement du Québec ajoute immédiatement le programme en Techniques de Travail social à la liste des programmes admissibles aux bourses Perspectives Québec. « On ne peut pas croire que Mme McCann va refuser d’ajouter les programmes en techniques de travail social comme admissible au programme de bourses puisqu’il y a une pénurie de main-d’œuvre dans notre domaine et que c’est l’objectif du programme de contrer ce manque de main-d’œuvre. Chaque semaine, je reçois des appels de CISSS, de centres jeunesse ou d’organismes communautaires qui veulent recruter nos jeunes », précise Mme Ruest.
Programme contingenté
Le programme en travail social du Cégep de Rimouski est contingenté à 54 admissions par année. « On refuse des gens chaque année, mais on prévoit recevoir beaucoup moins de demandes d’inscriptions si le programme n’est pas admissible aux bourses. Certains jeunes seront tentés de faire leurs sciences humaines avant d’aller en travail social à l’université ou tout simplement de se tourner vers l’éducation spécialisée », lance la coordonnatrice du programme.