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Nouvelle de 17 h

« On ne peut pas sacrifier une case de stationnement de plus »

Un propriétaire d’édifice à bureaux met les points sur les « i »
Le stationnement situé le long du boulevard et, en arrière-plan, l’édifice du 2, rue Saint-Germain. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Le copropriétaire de l’un des édifices à bureaux les plus importants de Rimouski, Bernard Sylvain, ralentit les ardeurs de ceux qui veulent une transformation radicale de la Place des Anciens combattants, en apportant certaines précisions sur la réalité du stationnement au centre-ville.

Monsieur Sylvain est propriétaire du 2, rue Saint-Germain, en compagnie de la centrale syndicale FTQ qui possède et occupe le sixième étage. Le bâtiment est connu communément comme étant « l’édifice du Trust », initialement construit il y a 35 ans au coin de la rue Saint-Germain Est et de l’avenue de la Cathédrale par l’entreprise Trust Général du Canada. Monsieur Sylvain est propriétaire des cinq autres étages.

Il souhaite mettre les choses au clair à la suite des différents articles publiés par le Journal Le Soir dans les derniers jours, concernant la remise en valeur du centre-ville et la nouvelle vocation à donner à la Place des Anciens combattants.

Plus vert

Quelques constats ont été émis jusqu’à maintenant dans ce dossier.

Le directeur général de la Chambre de commerce et de l’industrie de Rimouski-Neigette, Jonathan Laterreur, a signalé que le projet réalisé par un aménagiste en 2019, à la demande de la Ville, n’avait pas l’envergure souhaitée par rapport à l’importance du lieu. Ce projet serait donc à revoir. Le maire de Rimouski, Guy Caron, souhaite assister d’abord au dénouement du dossier de la cathédrale, car son usage futur aura une incidence sur les besoins en espaces de stationnement. L’église du centre-ville est fermée depuis plus de sept ans et doit être restaurée. Sa vocation va changer.

Le nouveau conseiller de Saint-Germain Philippe Cousineau-Morin souhaite de son côté que la nouvelle vocation de la Place des Anciens combattants soit sous le signe du verdissement, concrétise le lien entre les deux rues Saint-Germain (que la Place divise) et consacre de l’espace au transport actif. De son côté, un citoyen retraité du secteur du marketing, mais toujours intéressé au développement de sa ville, Michel Francoeur, a imaginé un projet grandiose qu’il a déjà proposé aux autorités municipales.

Le portrait

La collaboration de monsieur Sylvain aura permis au Journal Le Soir de collecter des informations qui permettent de corriger de fausses perceptions et de mieux connaître le portrait du stationnement au centre-ville.

Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les propriétaires de l’édifice « du Trust », monsieur Sylvain et la FTQ, ne possèdent aucune case de stationnement dans ce qui semble être « la cour arrière », au Nord du 2, rue Saint-Germain Est. Ce terrain appartient à la Ville de Rimouski à la suite d’une entente avec l’Association des propriétaires riverains.

Aussi, on dénombre plus ou moins 500 espaces de stationnement aux alentours de cet édifice, soit sur la rue Saint-Germain, des côtés Sud et Nord, entre les avenues Belzile et Cathédrale; à la Place des Anciens combattants, dans le petit parc situé aux abords du commerce Alternative Sport (15) et entre l’édifice de RCMP et l’édifice à logement situé à côté du restaurant chez Germaine (26, où il y a un horodateur).

Un tiers déjà pris

À la Place des Anciens combattants, on compte quelque 150 cases de stationnement. Pour répondre aux besoins de ses locataires, Bernard Sylvain a loué 10 cases à la Ville (un peu plus de 7 000 $ par année) et il a aussi droit à 32 cases en raison d’une entente préalable avec l’Association des propriétaires riverains de Rimouski. Avec 42 cases, un tiers du stationnement est donc occupé par des travailleurs du « Trust ».

Il faudra voir maintenant ce qu’il adviendra des espaces appartenant à la Ville en marge des travaux qui permettront la démolition de la vieille partie de la Grande Place. Le nombre d’espaces éventuellement perdus devra être compensé par Groupe Sélection à la suite de la construction d’un édifice de six étages dont un commercial. En plus des locataires de cet édifice et des travailleurs, il faudra inévitablement prévoir plus de places de stationnement pour les consommateurs dans le secteur.

Le stationnement de la Place des Anciens combattants, ce midi. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Relance économique

Bernard Sylvain avance plusieurs arguments qui semblent valables pour mettre le feu « au jaune » en ce qui a trait à la nouvelle vocation de la Place des Anciens combattants.

 « Je ne suis pas contre le fait de donner une nouvelle vocation à la Place des Anciens combattants, ni contre l’idée de s’inspirer de la promenade de la mer pour y faire un parc thématique et un espace vert, mais pour le bien de l’économie locale et la santé du centre-ville, on ne peut pas se permettre de perdre une case de stationnement de plus. L’espace vert qui était occupé par le monument des Braves, précédemment, peut bien être gazonné et aménagé, mais je ne crois pas que nous pouvons nous permettre de retirer ne serait-ce qu’un espace de stationnement. Un premier élément à considérer est que la reprise post-pandémie se fait déjà sentir. Si nos bureaux sont pleins, les restaurants et les commerces de la rue Saint-Germain vont en bénéficier », avance monsieur Sylvain.

Plein de parcs

« On parle de faire un parc, mais il y a déjà plein d’espaces verts à Rimouski. On a déjà un espace vert par quartier, un parc par nouveau développement résidentiel, le parc Lepage, le parc Beauséjour, le parc des Braves (où a été transféré le monument des Braves), le parc des Draveurs, le Sentier du littoral, le parc du Bic et même la Place du 6 mai 1950, juste en face de la Place des Anciens combattants », commente aussi monsieur Sylvain.

« La relance est effective. Les affaires reprennent. J’ai déjà loué ou renouvelé  tous mes espaces à bureaux. Un de nos principaux locataires, le cabinet d’avocats Cain Lamarre, vient de renouveler son bail à long terme. Des travaux de rénovation majeurs sont en cours et créent du travail pour le secteur de la construction. L’Industrielle-Alliance est un nouveau client pour 10 ans. Les gens réintègrent les bureaux progressivement. Le centre-ville reprend vie et c’est pour ça qu’il ne faut pas « couper » dans les espaces de stationnement et prendre le soin et le temps d’analyser les besoins », constate Bernard Sylvain.

Ce stationnement situé derrière le 2, rue Saint-Germain, appartient à la Ville de Rimouski. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Stationnement étagé

Certains, dont le maire de Rimouski, Guy Caron, croient que la construction d’un stationnement étagé derrière le Musée régional pourrait être une solution intéressante. Le prix de 20 M$ a été évoqué. Bernard Sylvain, pour en avoir fait l’expérience comme propriétaire d’immeubles, évalue à 30 000 $ par case le coût de construction d’un tel stationnement. Ce qui signifie qu’avec 20 M$, on aurait 667 nouvelles cases.

Propriétaires riverains

Par ailleurs, Bernard Sylvain est également président de l’Association des propriétaires riverains de Rimouski. Au sujet du projet de démolition de la vieille partie de la Grande Place et de son projet de remplacement, un projet de 60 M$ signé Groupe Sélection, il souhaite également mettre des choses au point.

« On a beaucoup perçu les membres de l’Association des propriétaires riverains comme des empêcheurs de tourner en rond, mais il y a tout un rappel historique à faire pour mettre les choses en perspective. À l’époque où il n’y avait que la rue Saint-Germain et pas de boulevard le long du fleuve, les familles propriétaires des commerces riverains et des propriétés riveraines avaient toutes un accès direct au fleuve. Pour permettre la réalisation du centre commercial la Grande Place en 1963-1964, les propriétaires riverains ont négocié une entente avec la Ville de Rimouski, pour lui céder des terrains. On a justement construit la Grande Place sur pilotis grâce à cette entente avec les propriétaires riverains. J’ai entendu quelques commentaires blessants sur les propriétaires riverains et il faut rétablir les faits. »

« Peu de temps après cette entente et peu à peu, la Ville a commencé à délaisser certaines responsabilités, raison pour laquelle il aura fallu recourir à des ententes additionnelles incluant des servitudes. Alors, dites-vous que nous avons été conciliants et que nous n’avons fait que défendre nos droits », résume finalement Bernard Sylvain.

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