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Nouvelle de 19 h

Confrontées au visage de la misère humaine

Mégan et Véronique suivent les traces de leur parrain et font preuve d’humanité et de générosité, notamment en participant à la campagne des Biscuits sourires. (Photo: courtoisie)

L’huissier de justice Pierre Blier, de Rimouski, est bien connu pour ses bonnes œuvres, mais il ne se limite pas à travailler pour le bien-être de sa communauté, il fait aussi œuvre utile pour sa profession.

Dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre, Pierre Blier se préoccupe de développer la relève en accueillant des stagiaires, ce qu’il fait de bon gré, car rien de l’y oblige. De la façon dont la formation collégiale technique de trois ans requise fonctionne pour devenir huissier de justice, les candidats doivent compléter un stage de six mois auprès d’un huissier de justice et sont par la suite éligibles à obtenir leur droit de pratique, en passant un examen de leur ordre professionnel. Les candidats doivent dénicher eux-mêmes leur parrain, ce qui n’est pas facile selon monsieur Blier.

Véronique Plourde (Photo: courtoisie)

Il a contribué à former deux jeunes femmes de la région lors des deux dernières années, Véronique Plourde, de Saint-Octave-de-Métis, et Mégan LeBlanc, d’Amqui, qui sont maintenant parmi les rares femmes à exercer le métier dans le District juridique de Rimouski. La formation de techniques juridiques est dispensée au Collège F.X. Garneau de Québec et au campus de Carleton du Cégep de la Gaspésie.

« C’est parfois difficile de trouver quelqu’un pour se faire parrainer et être formé, parce que c’est beaucoup de temps, beaucoup de supervision et beaucoup d’énergie. Je le fais parce que c’est une bonne manière d’évaluer le potentiel d’un candidat, parce que ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir faire ce travail-là. Ça sort de l’ordinaire parce qu’on joue avec les sentiments des gens. C’est très difficile et ce n’est pas un horaire fixe. On est appelés à travailler de 7 h à 21 h, parfois le samedi », confie monsieur Blier.

Mégan Leblanc (Photo: courtoisie)

La pandémie fait mal

À quoi sont confrontées les deux recrues? À beaucoup de misère humaine, selon Pierre Blier, qui constate que la pandémie fait beaucoup de dégâts socio-économiques.

« La pandémie a fait des ravages Il y a beaucoup de problèmes de santé mentale. Il y a beaucoup de gens qui sont endettés, qui ont des retards de paiement de taxes. Il y a des cas de petites créances, beaucoup de procédures de divorce, des cas de conflits de garde d’enfants. Il faut être fait fort. On se présente rarement pour de bonnes nouvelles et c’est justement la raison pour laquelle il faut un doigté particulier pour devenir huissier de justice. Il en faut beaucoup et il faut être flexible. Il faut réussir à régler les dossiers en respectant les parties impliquées », explique Pierre Blier.

« Ça peut être difficile de faire comprendre à des gens qu’il faut quitter les lieux, tout en respectant leur dignité. Eux sont convaincus qu’ils ne vivent pas dans un taudis. »

Dignité

« Être confronté aux drames humains, c’est ce qui est le plus difficile pour nos stagiaires. C’est là qu’on voit si la personne a l’étoffe pour devenir huissier et passer au travers. Par exemple, quand on se retrouve chez des gens qui ont des problèmes de santé mentale et qui ramassent tout et n’importe quoi de manière compulsive, on arrive dans des logements vraiment, mais vraiment, insalubres. Je vous le dis, mais imaginez-vous encore à pire que ce que vous croyez! Ça prend dans le nez. Ça peut être difficile de faire comprendre à des gens qu’il faut quitter les lieux, tout en respectant leur dignité. Eux sont convaincus qu’ils ne vivent pas dans un taudis », raconte-t-il.

L’huissier de justice doit faire preuve de beaucoup de diplomatie et de compréhension lorsqu’il ou elle est confronté à la misère humaine. (Photo: courtoisie).

Fierté

Pierre Blier exprime sa fierté : « Megan est la seule femme originaire de la Vallée qui pratique le métier dans le District de Rimouski. Je suis heureux d’avoir partagé avec les deux le plaisir de leur enseigner la pratique du métier dans le respect des individus. Elles vont être des officières compréhensives. Elles ont de très beaux potentiels. Je suis absolument fier de toutes les deux. »

Pierre Blier (Photo: courtoisie)

Bien-fondé du mentorat

L’exemple de monsieur Blier réjouit le président de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette, Guillaume Sirois, qui encourage tout entrepreneur à s’y adonner.

« C’est une forme de mentorat que j’encourage et je crois qu’on doit s’en aller dans cette direction. Je le vis personnellement, à l’épicerie. Des bouchers, il y en a de moins en moins sur le marché de l’emploi. L’école la plus près est à Rivière-du-Loup. On pallie ce problème en jumelant nos bouchers expérimentés avec des personnes qui veulent apprendre le métier sur le tas. C’est un exemple parmi d’autres, mais il y a plein d’entreprises qui doivent s’orienter par là. Un jeune qui est motivé peut apprendre directement au sein de ton entreprise. C’est de l’apprentissage direct qui nous donne des employés qualifiés et qui leur donne en retour des perspectives de carrière super intéressantes. Le travailleur s’en retrouve aussi rassuré sur le long terme alors c’est positif pour tout le monde. Ça cadre parfaitement avec ce qu’on voit sur le terrain », affirme monsieur Sirois.

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