Val-Neigette : aidez-vous… et la Ville vous aidera!
Le maire de Rimouski, Guy Caron, y va d’une suggestion très constructive pour les Rimouskoises et les Rimouskois qui n’ont pas encore fait leur deuil de la fermeture de la station de sports d’hiver Val-Neigette, il y a quatre ans.
À la suite du reportage le plus consulté de la semaine, jeudi dernier, les commentaires, suggestions, idées, avis de nos lecteurs ont été si nombreux que le Journal Le Soir a jugé bon de revenir sur le sujet avec le maire de Rimouski, Guy Caron, ce matin. À force de discuter, monsieur Caron en est venu à une proposition qui pourrait faire des petits.
Quand on parle des réactions qu’a pu causer le reportage, où l’on dressait l’état des lieux, certaines personnes nous ont avoué que le sujet les touchait encore profondément, au point où elles versent inévitablement des larmes en pensant à ce que la station a déjà été. D’ailleurs, le chalet et les équipements semblent en mauvais état.
Ligne de démarcation
Un problème est le fait que dans l’esprit du public, la montagne est perçue comme un bien commun, alors qu’elle est un bien privé. Il y a eu 200 actionnaires au début et à son sommet de popularité dans les années 1980, si notre mémoire est bonne, Val-Neigette était une coopérative regroupant quelque 500 membres/familles.
Elle a cependant été la propriété de Guillaume et Pierre Roy pendant un certain temps, par la suite, avant d’être vendue à la famille Dufour en 2009. Celle-ci l’a conservée pendant neuf ans jusqu’à sa fermeture. Raynald Dufour en est toujours propriétaire et a évoqué plusieurs projets depuis quatre ans, dont un de camping, mais aucun ne s’est réalisé.
Se disant toujours ouvert à recevoir des offres, monsieur Dufour serait trop exigeant sur le prix demandé pour une station et des équipements en décrépitude. Mais les choses pourraient changer. L’évaluation municipale est de 1,1 M$.
L’initiative doit venir de la communauté
« Eh! Oui, c’est effectivement un bien privé et la Ville n’a pas à intervenir d’elle-même. Toutefois, s’il y avait un acheteur potentiel et que le propriétaire était disposé à vendre, il y a des partenariats qui pourraient être établis avec la SOPER (Société de promotion économique), donc, par extension avec la Ville. On est tout à fait disposé à regarder une proposition et à essayer de voir si le plan d’affaires a du sens. Quand personne ne prend l’initiative, c’est difficile pour la Ville de prendre position. Pour commencer, il faut que quelqu’un arrive avec un projet. Ce n’est pas tout de dire : « on fait une offre, on achète Val-Neigette; on en prend possession. » Il y a un après », fait remarquer le maire.
Ça se fait ailleurs, dans la région
À notre tour, nous avons fait remarquer à monsieur Caron que des MRC et des municipalités de la région ont choisi d’acquérir et/ou de financer des stations de sports d’hiver (Val-D’Irène dans la Matapédia, Mont- Saint-Mathieu dans les Basques, Mont-Castor à Matane et Petit Chamonix à Matapédia.) Le maire rimouskois fait alors preuve de beaucoup d’ouverture.
« Oui, elles ont fait le choix et elles en assument les conséquences par la suite. Si tu veux subventionner un centre de ski éventuellement, il faudrait aussi en assumer tout le fonctionnement et tout l’entretien. Il faudrait s’assurer que ce soit rentable; qu’il y ait des usagers en nombre suffisant, etc. Je comprends que les gens y sont attachés. Je n’ai pas fréquenté Val-Neigette quand j’étais jeune, mais je me souviens que c’était une référence; qu’il y avait une culture pour les gens de Rimouski d’aller à Val-Neigette. Cependant, si on y met de l’argent de la Ville, c’est autre chose qui va écoper. Ce ne sont pas des choses qu’on doit faire à la légère », rappelle monsieur Caron.
Tout à coup, ça fonctionnerait!
« Tout ça pour dire que si on avait un bon plan d’affaires, pour lequel on demanderait à la Ville d’être partenaire, on regarderait, mais l’initiative doit venir du milieu. On doit prendre des décisions continuellement et faire des choix pour l’ensemble de la ville; pour pouvoir progresser. »
« Si les gens voulaient s’organiser en coopérative (pour acheter/opérer Val-Neigette), je n’aurais pas de problème avec ça. Mais ce n’est pas à la Ville d’organiser une « coop ». Si on avait 40 personnes qui accepteraient de mettre 1 000 $ chacune, on aurait un départ avec 40 000 $ pour commencer le travail. On aurait du concret. Ces gens pourraient avoir des connaissances, de l’expertise dans l’exploitation, dans le développement d’un projet et pourraient demander de l’aide à la SOPER, qui est là pour ce genre de projet. On pourrait continuer de cheminer, finir par avoir l’implication des gouvernements et tout à coup, ça fonctionnerait », imagine le maire.
« Que quelqu’un vienne, nous propose quelque chose et il y aura des chances qu’on l’appuie. Je suis tout à fait d’accord avec ça. Il y a peut-être un cadre où ce pourrait être très intéressant. Mais moi, je ne peux pas demander à des gens du loisir ou du communautaire, à la Ville, de travailler pour développer un projet d’acquisition », déclare finalement Guy Caron.