Jean-Marc Cormier coincé au Sénégal
Une personnalité du monde des communications, Jean-Marc Cormier, aussi auteur, est au nombre des nombreux Canadiens qui attendent un rapatriement depuis l’étranger.
Dimanche matin, Jean-Marc Cormier était toujours au Sénégal, attendant qu’on lui explique les procédures à suivre pour revenir au pays. Il fait face à de nombreuses contrariétés.
« J’ai eu une conversation hier avec un représentant du service consulaire à l’ambassade du Canada à Dakar. Cette personne m’a confirmé, sans me donner de nombre, qu’il y a beaucoup plus de ressortissants canadiens au Sénégal et dans les autres pays de l’Afrique de l’ouest (Mali, Gambie, Guinée, Côte d’Ivoire, etc.) que nous l’estimions », relate Jean-Marc Cormier.
« Les gens de ce service n’ont toujours pas d’indications à l’effet qu’un ou des vols de rapatriements seraient prévus pour cette zone. Un avion doit rassembler des Canadiens se trouvant au Maroc pour les ramener au pays. C’est déjà ça de fait et c’est vraiment très bien. Toutefois, il y a plusieurs personnes (nous ne sommes pas en mesure d’en recenser le nombre exact) en Afrique de l’Ouest qui ne sont pas prises en compte dans ce rapatriement à partir du Maroc », prévoit-il.
14 personnes attendent
« Avec une amie actuellement au Sénégal dans le cadre d’un projet piloté par l’organisation Casira, nous sommes parvenus à déterminer que nous sommes au minimum 14, au Sénégal. Il est plus que probable que le nombre soit passablement plus élevé. Normalement, l’Ambassade canadienne détient une liste à jour des Canadiens qui sont dans le pays et qui se sont donné la peine de s’inscrire. J’ai une amie coopérante volontaire qui est coincée au Bénin… et il y en a certainement d’autres au Mali (2) en Guinée (?), Gambie (?), peut-être », se demande monsieur Cormier.
Avant la crise
Jean-Marc Cormier est arrivé au Sénégal avec sa fille, son gendre et leurs enfants de 3 et 4 ans avant que la situation ne se dégrade et que les aéroports se mettent à fermer.
« Notre retour au Canada était prévu pour le 29. Après la recommandation faite aux Canadiens à l’étranger par le Premier Ministre Justin Trudeau, notre agent de voyage est parvenu, moyennant des frais supplémentaires significatifs, à avancer notre vol de retour au 22 avril », précise aussi monsieur Cormier dans une lettre envoyée par courriel à l’auteur de ces lignes.
Portes fermées
Lorsqu’ils ont reçu leurs nouveaux billets, l’annonce venait d’être faite que le Sénégal fermait son aéroport aux vols en provenance et en partance de cinq pays européens, dont la France, où ils devaient faire escale pour un transit vers Montréal.
« Dès lors, nous avons fait appel à une deuxième agence pour nous aider à trouver des billets impliquant d’autres compagnies aériennes et destinations. Pendant que nous faisions des démarches et nous assurions de la disponibilité des fonds pour l’achat de nouveaux billets coûtant environ 2000 euros par personne (environ 3 000 $), une nouvelle annonce est tombée à l’effet que tous les vols commerciaux, excluant les rapatriements humanitaires et les transports de marchandises, seraient interdits au Sénégal à compter du 20 mars, soit bien avant que quelque place que ce soit ne soit accessible, même sur des vols excessivement coûteux. »
Heureusement
« J’oserais dire heureusement pour nous, car nous aurions immobilisé ces fonds et nous aurions eu bien du mal à les récupérer dans des délais acceptables. J’ai vécu au total plus de 8 ans au Sénégal. Je connais très bien ce pays et je l’adore. Mais je sais que si l’épidémie se répand rapidement, une autre menace que la COVID-19 pèsera sur les étrangers. C’est le fait que les premiers cas sont arrivés d’Europe et que certaines personnes pourraient faire porter le blâme de l’épidémie sur les étrangers », résume-t-il.
Pas très concluants
Ses échanges avec le service consulaire de l’ambassade canadienne à Dakar ne sont pas très concluants, comme le démontrent un échange de courriels entre la fille de monsieur Cormier et les autorités canadiennes, reçus par le journal le soir.
L’offre d’un prêt aux personnes atteintes par le virus à l’étranger ou bien pour s’assurer d’elles-mêmes d’un transport de retour ne leur sont pas d’une grande utilité car ils ne sont ni malades, ni éligibles.
Ils ne peuvent d’aucune manière et à aucun prix trouver un vol pour quitter le pays, puisque l’aéroport est fermé, comme indiqué plus haut.
Un vol organisé
« Seul un vol de rapatriement organisé par le Gouvernement canadien peut nous sortir de cette situation », confirme Jean-Marc Cormier. « Le temps de rassembler suffisamment d’argent pour 5 billets à environ 2000 euros, il n’y avait plus de vols disponibles. »
« Les services consulaires nous demandent encore de tenter de rentrer par nous-mêmes alors que l’aéroport est fermé. Confrontés à cette contradiction, ils nous répondent qu’ils ne sont pas au courant de démarches pour rapatrier les canadiens. »
« Pourtant, les médias canadiens comme Radio-Canada, transmettent l’information qu’il y aura un rapatriement pour les Canadiens coincés au Maroc. Nous comprenons la complexité d’une opération de rapatriement à grande échelle et que cela est long à organiser, mais nous avons besoin d’être rassurés que cela pourra se faire et d’avoir une idée du délai. Nous ne sommes pas en danger, mais nous craignons que cela arrive lorsque les cas vont augmenter au Sénégal », conclut-il.