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Les questions de justice sociale et de développement durable en tête des préoccupations des citoyens

Vers une réforme du capitalisme?
Les citoyens canadiens souhaitent que leurs entreprises aient un visage plus humain. (Photo: Unsplash photos)

La moitié des Canadiens considèrent que les questions de justice sociale, liées aux inégalités de richesse et aux iniquités de traitement, constituent le plus grand défi mondial de l’heure.

C’est ce que révèle un nouveau rapport de recherche du Centre canadien pour la mission de l’entreprise réalisé en partenariat avec Navigator. De plus, 72% des Canadiens veulent que le capitalisme soit remplacé ou à tout le moins réformé afin d’être plus juste et plus durable.

Les Canadiens estiment que les inégalités de richesse (au premier rang) ainsi que les traitements inéquitables et la discrimination (au troisième rang) sont parmi les défis les plus importants auxquels le monde est confronté actuellement. Au total, ces deux enjeux ont été mentionnés par la moitié des répondants. Les questions environnementales et climatiques figurent en deuxième place des sujets préoccupants et ont été évoquées par le quart des répondants.

Changement significatif

Ces résultats sont particulièrement étonnants compte tenu que, dans les recherches précédentes, les Canadiens ont toujours placé l’économie et les soins de santé au sommet de leurs préoccupations. Il est très significatif que les questions relatives à la justice sociale soient mises en évidence de manière aussi forte dans cette recherche sur l’opinion des Canadiens.

« Ces conclusions sont d’autant plus remarquables dans le contexte de la pandémie planétaire, alors que les incertitudes entourant l’économie mondiale sont nombreuses. Les Canadiens se montrent préoccupés par les inégalités, les iniquités et l’environnement et pas seulement par les questions qui les touchent de plus près, telle la santé ou l’économie », a déclaré Brian Gallant, PDG du Centre canadien pour la mission de l’entreprise.

Contribution des entreprises reconnue

Les Canadiens reconnaissent l’importante contribution des entreprises et des sociétés à l’économie, qui arrive au quatrième rang des défis à relever selon cette enquête. Toutefois, ils estiment que ces dernières ne font pas suffisamment d’efforts pour s’attaquer aux problèmes liés aux inégalités de richesse, à l’environnement et aux changements climatiques ainsi qu’aux iniquités de traitement et à la discrimination.

La très grande majorité (81 %) des Canadiens reconnait que les entreprises et les sociétés jouent un rôle vital dans l’économie en créant des emplois, en favorisant l’innovation et en fournissant des biens et des services essentiels. Cela étant dit, la majorité (55 %) pense que le capitalisme devrait être réformé pour être plus inclusif, plus équitable et plus responsable et moins de la moitié (48 %) estime que les entreprises sont « une force de bien au sein de la société ».

Énorme pression

Les Canadiens souhaitent que les entreprises accroissent leurs efforts en faveur de la société et des parties prenantes.

Si la majorité (62 %) des Canadiens est d’accord pour dire que « si les entreprises canadiennes font mieux, les Canadiens feront mieux également », plus des trois quarts (78 %) pensent que les entreprises canadiennes devraient contribuer davantage au mieux-être de la société.

« L’énorme pression exercée sur les entreprises pour qu’elles contribuent davantage à la société place celles-ci dans une position délicate, car elles sont toujours tenues de réaliser des profits, de dépasser les objectifs trimestriels et de créer de la valeur pour les actionnaires, » a fait valoir André Pratte, vice-président et directeur de la recherche du Centre. « Il n’en reste pas moins que la pression est bien réelle, et cela ne peut être ignoré. »

Mission

Interrogés sur la mission de l’entreprise, 84 % des répondants préfèrent une approche « favorable aux parties prenantes », selon laquelle les entreprises prennent en considération les intérêts de toutes les parties prenantes (par exemple les communautés locales, leurs employés, leurs retraités, les consommateurs, les gouvernements) au même titre que ceux des actionnaires. Seuls 16 % des Canadiens sont d’accord avec l’approche traditionnelle « favorable à l’actionnaire », selon laquelle la seule préoccupation des entreprises demeure les intérêts de leurs actionnaires.

Moins de la moitié (39 %) des Canadiens estime que les entreprises et sociétés canadiennes tiennent compte des intérêts des parties prenantes, alors que les deux tiers (65 %) pensent qu’elles se préoccupent avant tout de servir les intérêts de leurs actionnaires.

Des avantages

L’étude suggère que les entreprises qui en font davantage pour les parties prenantes seront récompensées par leurs employés et leurs futurs employés. Les Canadiens déclarent en majorité (56 %) être personnellement prêts à accepter un salaire moindre pour travailler dans une entreprise qui adopte l’approche « favorable aux parties prenantes ».

À l’inverse, si les entreprises ne se mobilisent pas, elles courent collectivement le risque de se voir imposer un changement d’attitude. En fait, une bonne majorité (65 %) de Canadiens aimerait que le gouvernement oblige les entreprises et les sociétés à accorder autant d’attention à l’environnement et aux parties prenantes qu’aux profits ou au rendement des actionnaires lorsqu’elles prennent des décisions. Également, les deux tiers des Canadiens s’entendent pour dire que, pour combattre les changements climatiques (69 %) et les inégalités (66 %), les gouvernements du Canada doivent se montrer plus sévères envers les entreprises et les sociétés canadiennes au moyen de lois, de règlements et de taxes.

Réformer le système

« Les Canadiens sont largement d’avis qu’il faut réformer le système économique pour le rendre plus inclusif, plus équitable et plus responsable, » a ajouté la vice-présidente du Centre, Tasha Kheiriddin. « Une majorité souhaite également que les gouvernements obligent les entreprises à s’attaquer à ces questions, au moyen de réglementations et de taxes supplémentaires. Pour éviter d’en arriver là, les entreprises devraient envisager de prendre des mesures proactives afin de répondre aux enjeux sociaux ».

Cette enquête est la première que publie le Centre canadien pour la mission de l’entreprise, en partenariat avec Navigator. D’autres recherches visant à mieux comprendre les pressions auxquelles sont soumises les entreprises de nos jours seront menées au cours de l’automne et de l’hiver prochains.

Au sujet de la recherche

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon national représentatif de 3 000 Canadiens âgés de 16 ans et plus. L’étude a été réalisée en ligne du 6 au 11 juillet 2020. Les répondants avaient la possibilité répondre au sondage en anglais ou en français.

Les marges d’erreur statistiques ne sont pas applicables aux sondages en ligne. Toutefois, la marge d’erreur pour un échantillonnage aléatoire strict pour un échantillon de cette taille serait de ±1,8 %, 19 fois sur 20.

Toutes les enquêtes par sondage sont exposées à de multiples sources d’erreur, y compris, mais sans s’y limiter, aux erreurs liées à l’échantillonnage, à la couverture d’enquête et à la mesure. Dans ce rapport, les pourcentages ont été arrondis au nombre entier le plus proche. Il se pourrait que la somme des réponses ne soit pas égale à 100 %.

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