Pour Noël, déballons la grande Dame du centre-ville!
Dans un article ayant pour titre : « Triste anniversaire en ce 28 novembre » publié dans le journal le soir par mon collègue Pierre Michaud, celui-ci mentionnait et je cite : «Rien n’a avancé ou presque depuis 2014, pour ce qui est de la restauration de la cathédrale, mais en même temps une kyrielle d’événements sont survenus.»
Il est vrai que les chicanes et les confrontations devant les tribunaux ont animé le débat depuis 2014. Par contre, dans la citation du journaliste Michaud, ce sont les mots « ou presque » qui m’ont fait réagir.
Un premier carnet de santé en 2014
Le « ou presque » se traduit, entre autres, par deux éléments positifs qui ont retenu mon attention depuis le début de cette saga. Il s’agit de la réalisation de deux carnets de santé préparés par des firmes compétentes et reconnues. Le premier carnet produit par la firme Proulx Savard Architectes et dont quelques extraits ont été présentés lors d’une réunion tenue à l’église Saint-Pie X à l’automne 2014, mentionnait que des travaux de l’ordre de 4,8 millions de dollars étaient nécessaires pour la mise à niveau du bâtiment.
La firme Proulx Savard ajoutait que : … « L’état des tôles de la toiture de la nef est déficient dans son ensemble et à plusieurs niveaux. Le revêtement a été peint à plusieurs reprises au fil du temps et certaines réparations non appropriées ont été effectuées, de façon généralisée, à l’aide de clous, de vis et de scellant. »
De plus, la firme d’ingénierie Dessau, partenaire dans la rédaction de ce premier carnet de santé mentionnait : …« Dans son ensemble, la structure principale en bois d’épinette du toit de la Cathédrale est saine et ne montre pas de signe d’affaissement, à l’exception de deux poutres supportant le premier plancher du clocher. »…
…« Le platelage en madrier du toit est très humide à cause du revêtement de toiture défaillant et de la présence de nombreuses ouvertures non scellées autour des arrêts à neige. Plusieurs de ces planches sont atteintes de pourriture avancée dans les points bas du toit et sous les puits de lumière. »…
…« La maçonnerie de mur possède quant à elle plusieurs joints dégradés et de l’eau semble pénétrer la tête des contreforts. Ces murs et contreforts jouent un rôle essentiel dans l’intégrité du bâtiment et leur état d’origine doit être préservé pour en assurer la performance. Finalement, les fondations du bâtiment sont saines et ne montrent pas de signe d’affaissement évident. »…
Et un deuxième carnet en 2020
Le deuxième carnet de santé est l’œuvre de l’ingénieur Marcel LeBlanc et il a été présenté lors d’une conférence de presse organisée par la Fabrique Saint-Germain au mois d’août dernier. Le rapport mentionne : «…les travaux résumés au strict nécessaire pour refaire la santé du bâtiment seraient de l’ordre de 2,3 millions de dollars et des travaux de base de 350 000 $ pourraient permettre une réouverture rapide.»
De l’avis de monsieur LeBlanc, les 3 400 trous effectués pour installer des filets de protection tout autour de la cathédrale ont été inutiles et la décrépitude du bâtiment ne justifie pas sa fermeture depuis novembre 2014.
Qui dit vrai?
Je ne suis pas un expert en bâtiment, mais si je comprends bien, moins on entretient un bâtiment et plus on laisse aller le temps, moins il coûte cher à rénover?
C’est comme le vin, plus il vieillit, meilleur il est? De 4,8 M $ en 2014, les coûts de mise à niveau passent à 2,3 M$ en 2020. Qui dit vrai? N’en déplaise aux Rimouskois, comme l’argent sortira, en bonne partie, de nos poches d’une façon ou d’une autre pour la restauration de l’édifice, il serait intéressant d’avoir l’heure juste.
Deux possibilités s’offrent aux contribuables. La première : faire confronter les deux firmes d’experts pour nous expliquer les écarts de coûts. La deuxième : demander à une troisième firme de faire une contre-expertise. À la vitesse où évolue le dossier, on n’est pas à un rapport près. Et cette fois-ci, c’est l’Archevêché qui devrait mettre la main dans sa poche pour payer la note!
Rêver c’est permis
Ce qui est intéressant dans le rapport rédigé par l’ingénieur Marcel LeBlanc, c’est qu’à son avis, l’installation des filets de sécurité autour de la Cathédrale a été inutile. Il mentionne : « Lors de mon inspection, tout ce que j’ai trouvé, c’est une poignée de mortier effrité qui tenait dans une seule main. Si on enlevait les filets, il n’y aurait aucun danger. »
Est-ce à dire que les Rimouskois ont vu ces horribles filets protecteurs de couleur verte pendant les six dernières années sans qu’ils soient nécessaires? Si oui, pourquoi ne pas les enlever et offrir un cadeau aux Rimouskois en déballant la grande Dame du centre-ville pour Noël? Et tant qu’à rêver si l’édifice est aussi sécuritaire qu’on l’affirme, il serait intéressant d’enlever également les murets de béton le long de l’avenue de la cathédrale.
Une messe de minuit
Actuellement, un groupe de citoyens réunis sous l’appellation : « cathédrale de Rimouski, faut que ça bouge» tente d’organiser une messe de minuit. Ce serait une belle façon de souligner leurs efforts si on était en mesure de donner un peu d’amour au bâtiment en effectuant quelques travaux mineurs d’embellissement. Comme le bâtiment n’est pas assuré ou presque pas présentement, je suis convaincu que des compagnies d’assurance verraient d’un bon œil la réalisation de certains travaux. Car il faut se le dire, si la cathédrale n’est pas bien assurée, pas question que je mette les pieds dedans pour la messe de minuit!