Le député LeBel craint le climat d’âgisme malsain qui s’installe
Alors qu’on tente d’aider les personnes âgéesLe député de Rimouski à l’Assemblée nationale du Québec, Harold LeBel, craint le climat d’âgisme qui s’installe dans la crise sanitaire du coronavirus, alors qu’hier, on rendait public le projet de suivi du Colloque « Bien vieillir dans Rimouski-Neigette ».
C’est ce qu’on appelle l’ironie du sort. Le journal le soir avait conclu avec le député LeBel de revenir sur le sujet aujourd’hui, afin de lui donner davantage la parole, car il était au cœur du fameux Colloque.
Mais voici qu’à la suite de la conférence de presse du premier ministre François Legault concernant le plan de vaccination, ce midi, on assiste à une débauche de commentaires sur les réseaux sociaux qui dégagent un dangereux parfum d’âgisme. De jeunes adultes se demandent pourquoi les personnes âgées passent en priorité, alors qu’eux-mêmes et leurs enfants attendent impatiemment le vaccin pour reprendre une vie normale. Un conseiller municipal de Rimouski, Simon Saint-Pierre, a écrit une publication à ce sujet, craignant une « guerre » de générations.
Climat malsain
Ce qui fait réagir monsieur LeBel.
« Depuis le début de la pandémie, il y a une espèce de climat d’âgisme qui est très malsain. Même au début, on s’en prenait à des gens qui marchaient simplement dans la rue en leur demandant ce qu’ils faisaient là. Il y a des aînés qui se sont fait engueuler dans des épiceries. Là, vraiment, cette année, il s’est passé quelque chose qui fait qui règne une dangereuse odeur d’âgisme qui flotte dans l’air et qu’on n’avait jamais vu », déplore-t-il.
Un jour, vous serez âgé!
« Ce que j’aimerais dire aux plus jeunes, c’est qu’une chose est sûre : ça va tous nous arriver de prendre de l’âge et à eux aussi. On parle des aînés, mais il faut aussi s’imaginer qu’on parle de soi-même dans plus longtemps. C’est vrai qu’il ne faut pas mélanger les affaires : il ne faut pas faire d’âgisme, mais il faut permettre aux aînés de vivre le plus normalement possible. Ce ne sont pas les aînés qui sont les plus susceptibles de transmettre le virus, c’est jusque qu’ils sont plus vulnérables. Quand un aîné passe, ce n’est pas un virus qui passe, c’est une personne », poursuit monsieur LeBel.
Ce qu’ils ont vécu
« C’est vrai qu’il faut se préoccuper des jeunes familles, mais on n’est pas l’un contre l’autre. Je n’ai jamais vu ça comme ça. Depuis un an, j’ai eu plein d’appels téléphoniques d’aînés, qui étaient enfermés dans leur chambre, ne pouvaient plus sortir; qui étaient obligés d’aller marcher dans des espaces fermés comme une cour intérieure, en rond, comme des prisonniers. Je veux dire aux gens d’imaginer ce qu’ils ont vécu. Ça n’a aucun maudit bon sens. Réfléchissons aussi à ça. Je suis d’accord avec ce que monsieur Saint-Pierre a dit : il ne faut pas monter les uns contre les autres par rapport aux aînés. Il ne faut pas tomber dans le panneau de l’âgisme », estime le député.
« Ça ne veut pas dire que si les aînés retrouvent un peu de liberté, ça va en enlever aux autres. Ça n’a aucun rapport. Le sentiment que ça provoque en moi, c’est que la dernière année, ce que les aînés ont vécu, c’est effrayant. Il ne faudra jamais l’oublier. Il ne faut pas leur mettre sur le dos, encore, le fait que la pandémie continue et que c’est à cause des aînés. Il faut aussi faire sortir les gens en général et donner de l’air à nos jeunes. Tout le monde vit des moments difficiles », soutient monsieur LeBel.
« Comme député, j’ai peur que notre société tombe dans l’âgisme. Je comprends que les jeunes veulent faire du sport. Mon bureau va appuyer une initiative des fédérations sportives à ce sujet dans les prochains jours. Du ressentiment entre des groupes d’âge serait la pire chose qui peut nous arriver », renchérit Harold LeBel.
Colloque de 2019
Pour en revenir aux suites du Colloque de 2019, le député LeBel se dit fier que celui-ci ait des suites concrètes et veut rassurer les aînés à savoir qu’il aura des suites concrètes.
« Plusieurs organismes s’associent dans une vaste collaboration visant le maintien des aînés à domicile débutant par une recherche d’un an qui a été lancée ce lundi matin et qui permettra d’élaborer un plan d’action pour les cinq prochaines années qui sera dévoilé en décembre 2021 », rapportait notre collègue Alexandre D’Astous dans notre édition d’hier.
« Les gens qui sont venus au Colloque en 2019 me disaient : « Harold, il y a souvent des colloques, mais il y a rarement des suivis sur ce que ça va donner. » Ce qui a été annoncé hier vient démontrer que les recommandations du Colloque auront des suites. C’est important, parce que les si le Colloque a été une réussite, c’est grâce aux aînés qui y ont participé. Je leur ai d’ailleurs écrit une lettre aujourd’hui. Des fois, sortir de chez soi pour participer à un tel colloque, on pense que ça ne servira à rien, mais ce n’est pas le cas, ici. Ça a servi et ça va servir à quelque chose », confie monsieur LeBel.
« Les gens de la Fondation Saputo, de l’UQAR, du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) ont vu les aînés qui se sont impliqués, ont entendu ce qu’ils avaient à dire et ont eu le goût de travailler ensemble à la cause des aînés. Il ne faut pas oublier que la grosse masse de bénévolat vient de nos aînés et profite à tout le monde. Si on les enferme, on va avoir des impacts. On les a toujours pris pour acquis. Là, on s’aperçoit qui si on a des aînés malades ou absents, on aura des problèmes. À ceux qui chialent contre les aînés : si on ne les avait pas, on serait « dans le trouble » », affirme le député de Rimouski.