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Nouvelle de 18 h

90e anniversaire d’un homme exceptionnel : Jean Brisson

L'homme se raconte et se souvient d'une belle carrière de 70 ans
Jean Brisson (Photo: Facebook-Jean Brisson)

Le 25 mars 2021, demain, ce sera le 90e anniversaire de naissance d’un homme exceptionnel : Jean Brisson.

Voilà une occasion en or d’en apprendre davantage sur celui qui réside toujours à Rimouski, sur la rive, entre la ville et le Bic. Et de lui rendre hommage!

Exceptionnel par sa carrière qui aura duré et dure encore depuis 70 ans en tant qu’animateur, relationniste et fantaisiste, puisqu’il était toujours actif comme magicien avant que la crise sanitaire n’interrompe ses activités. Exceptionnel par sa courtoisie, son éternelle joie de vivre et son désir de divertir son public, des qualités qui font toujours de lui une figure populaire et aimée dans tout le Bas-Saint-Laurent.

Jean Brisson est natif de Tadoussac et, contrairement à la croyance populaire, n’a pas amorcé sa carrière à Rimouski, mais bien à Matane, après un bref détour à Québec, où il aura suivi une formation d’animateur radio vers la fin des années 1940. Entre ses premières armes à Matane en 1950 et 1977, lors de l’acquisition de CJBR par Radio-Canada, Jean Brisson deviendra la voix et le visage les plus familiers de la radio et de la télévision rimouskoises, se faisant entendre aux quatre coins du Bas-Saint-Laurent.

Jean Brisson, à gauche, et Pat Timmons, à droite, entourent l’heureuse gagnante d’une promotion, dans les années ’60. (Photo: courtoisie, Jean Brisson)

Il fera ensuite de la politique en coulisses aux côtés de l’ex-premier ministre Bryan Mulroney, qui facilitera sa nomination comme coordonnateur des projets spéciaux de l’Agence spatiale canadienne, poste qu’il occupera pendant 10 ans, dans les années 1980 et 1990.

Père Noël, lutte et ami autochtone

On se souvient aussi beaucoup de monsieur Brisson comme d’un très divertissant Père Noël pour les besoins de commerces de Rimouski, en personne et à la télévision, de son animation des galas de la Lutte Grand-Prix et d’expressions qu’il a rendues populaires comme « Debout c’est l’heure », « L’animateur le plus « peppé » de Québec » à Gaspé » et « à demain, si Dieu le veut ». Sans parler de son célèbre ami autochtone Joachim, qui lui faisait des prédictions de chamane, et dont l’existence réelle ou imaginée fait toujours l’objet de débats amusants entre les admirateurs de monsieur Brisson.

Le journal le soir a joint monsieur Brisson en début d’après-midi. Il était en très bonne forme, loquace, comme toujours. Une entrevue des plus agréables. Il disait accepter avec beaucoup d’humilité l’hommage que l’on souhaite lui rendre. « Je ne suis pas gêné d’avoir 90 ans, mais je suis plus à l’aise quand c’est moi qui pose les questions!  », note le sympathique personnage qui raconte ici différents souvenirs en rafale.

Jacques Normand et Jean Brisson. (Photo: courtoisie, collection Jean Brisson)

Cours d’été à la radio

« De Tadoussac, comme c’était souvent le cas à l’époque, je me suis retrouvé à Baie-Comeau avec ma famille, car c’est là que se trouvait l’emploi. J’ai commencé la radio à 20 ans. J’étais allé suivre des cours d’été à l’Université Laval, une formation de cinq semaines. J’avais vu l’annonce dans l’Action catholique. J’ai eu Roland Lelièvre, le père de Sylvain Lelièvre, et l’abbé Gadbois comme professeurs. C’était une attestation d’études. J’avais eu une bourse d’études du député de Baie-Comeau, monsieur Pierre Ouellet. Un montant de 75$ pour aller à Québec. C’était de l’argent dans l’temps! », lance Jean Brisson.

Jean Brisson interview Monique Leyrac. (Photo: courtoisie)

« J’ai été embauché à CKBL Matane qui venait d’ouvrir ses portes. Avec la dynamique Matane-Baie-Comeau qu’on connaît encore aujourd’hui, ça amenait de l’auditoire complémentaire d’avoir un gars de la Côte-Nord au micro. Je n’avais pas d’expérience et je faisais toutes sortes de tâches, mais c’est moi qui mettais en ondes le chapelet, le soir, et la messe, le matin, avec l’abbé Fougères. Je regardais les premières émissions de télévision dans la vitrine du grand magasin Joseph-Antoine Santerre à Matane. J’étais passionné sans bon sens de radio et de télévision. »

Ça chauffait au hockey!

« À Rimouski, il y avait Bernard Langlois qui travaillait à CJBR et qui faisait les sports. Lors des matches de hockey senior, ceux entre Matane et Rimouski étaient très courus. Je vous dis que ça chauffait! Je fréquentais la cabine des médias dans les arénas et je voyais Bernard Langlois avec qui je jasais régulièrement. Il m’a aidé à venir travailler à Rimouski. Il a parlé de moi à la famille Brillant, on m’a appelé et je suis venu faire un tour à Rimouski », se souvient Jean Brisson.

Populaire le Père Noël Brisson? Une scène croquée dans les années 1960, dans les rues de Rimouski, en témoigne. (Photo: courtoisie, collection Jean Brisson)

Le bonhomme en rouge est tombé malade

« Personne ne voulait travailler le matin à la radio de Rimouski, alors c’est là que j’ai obtenu mon poste. On m’a donné carte blanche. J’ai présenté des disques. Il y en a que je pouvais faire tourner jusqu’à sept fois de suite. Puis là, ça a commencé à jaser. Pour la télévision, Guy Madore avait commencé à faire le Père Noël et un moment donné, il a attrapé une grippe. On a demandé à Guy Ross de le remplacer, qui a refusé. J’ai dit « je pourrais essayer » même si on n’avait pas pensé à moi. Je me demande si ce n’est pas ce qui a touché le plus les gens (dans sa carrière). On m’appelle encore « mon Père Noël favori. » »

De file en aiguille, il devient aussi animateur de télévision, toujours à Rimouski.

Jean Brisson dans une pause caractéristique comme animateur de galas de lutte. (Photo: courtoisie)

Ses expressions

« À la radio, j’ai commencé à dire aux gens les phrases dont ils se souviennent: « Vous écoutez l’animateur le plus « peppé » de Québec à Gaspé »; « À demain si Dieu le veut » et « Debout c’est l’heure ». Cette dernière expression provient de Roger Lebel, un ancien animateur et comédien qui était à CHRC Québec. Pour « À demain si Dieu le veut », ca provient de la messe, à Matane. Tous les matins, l’abbé Fougères disait « À demain si Dieu le veut ». Ça m’avait frappé. »

« Le père de Lyse Poirier-Bonenfant (artiste et animatrice radio), Pat Poirier, était le promoteur de la lutte à Rimouski. Il m’a engagé pour présenter les lutteurs. Ça se déroulait dans le vieux colisée, sur les terrains de l’exposition agricole. Ce devait être dans les années ’60. Quand Pat est décédé, j’ai continué la lutte comme promoteur. Ça allait très, très bien à Rimouski. Après ses succès des années 1950, la lutte reprenait du souffle. Des gens de télévision ont voulu diffuser des galas à partir de 1971 à Sherbrooke. J’ai présenté Yvon Robert, Paul Vachon et Maurice Vachon à Jacques Brillant, aussi copropriétaire de Télé 7 à Sherbrooke », raconte-t-il.

Dodo dans le corbillard

Jean Brisson a toujours beaucoup travaillé. On pourrait presque dire, dans un jeu de mots qu’il va sans doute apprécier, qu’il s’est « tué » à l’ouvrage!

« On a rentré la Lutte Grand-Prix à Télé 7 (et éventuellement en réseau) et on m’a demandé si je voulais être le présentateur. Aller à Sherbrooke, aux 15 jours, ce n’était pas la porte à côté, pour enregistrer deux émissions d’une heure. J’avais eu une idée pour me faciliter la vie. Il y avait un gars de Trois-Pistoles qui avait un corbillard. Je m’installais dedans en route pour Sherbrooke, pour dormir en chemin. Il venait me chercher à Rimouski après « Debout c’est l’heure » et on s’en allait en Estrie. Je n’arrêtais pas! J’animais aussi « Soirée canadienne ». »

Les p’tits paratonnerres

Monsieur Brisson a appuyé de nombreuses causes humanitaires, dont celle des Sœurs cloîtrées Jésus-Marie de Nazareth qu’il a rendues célèbres en les appelant « nos p’tits paratonnerres », faisant allusion à la protection divine qu’elles pouvaient apporter à leurs concitoyens.

« J’avais entendu dire que cette congrégation vivait difficilement, alors j’ai lancé un appel au public qui a répondu généreusement en fournissant des aliments et des vêtements. Par la suite, ces religieuses ont toujours prié pour moi. On me dit qu’elles le font encore aujourd’hui, même si elles ont déménagé à Hull à leur maison-mère. Je me souviens aussi qu’il y a des hommes d’affaires, comme le notaire Jos Bérubé, qui les a soutenues pendant toute sa vie. »

Personnages célèbres en direct du fleuve

Jean Brisson aura toujours été débrouillard. Son entrevue qui l’a le plus marqué a été en 1967 avec le général Charles de Gaulle. Eh oui! L’année du « Vive le Québec libre ».

« Je ne compte plus le nombre de fois où la Ville et des entrepreneurs en voirie m’ont ouvert le chemin, pour que je me rende à Trinité-des-Monts ou simplement à la station, à Rimouski. Avec de Gaulle, ce fut un grand moment en raison de l’ampleur du personnage. J’arrivais à la radio à 5 h 30 et je mettais en branle le transmetteur du fil de presse pour faire le premier bulletin de nouvelles de 6 h. J’ai vu que le croiseur « Le Colbert », transportant le général, était entré dans les eaux canadiennes », rappelle Jean Brisson.

Spontanéité

« J’avais développé des relations avec la station maritime de Pointe-au-Père. Je pouvais appeler la station et on me mettait en liaison avec les bateaux. Je l’ai fait aussi, par exemple, quand j’ai parlé à Charles Aznavour. On me disait « monsieur Brisson : à vous » et on me mettait en contact avec le navire et la personnalité voulus. J’aimais ça, je me débrouillais et j’avais carte blanche. Je m’apercevais bien aussi que les gens aimaient mon style. Je ne me suis jamais préparé. J’ai toujours privilégié la spontanéité, car il y avait toujours des choses intéressantes à dire. J’ai toujours été autonome », reconnaît Jean Brisson, qui a aussi collaboré avec des émissions sur des réseaux nationaux.

« Mon premier « commercial » de télévision portait sur la laine Merry Maxim, qu’on vendait au magasin de Gérald Lévesque à Rimouski. Elle a été mise en ondes après le hockey et juste avant « Les couche-tard », l’émission de Jacques Normand », se remémore également monsieur Brisson.

Décorum et qualité du français

À l’issue de cette belle carrière, le journal a demandé à monsieur Brisson de comparer les époques sur le plan des médias électroniques. Il s’attriste du manque de décorum et du manque de respect de la langue.

« Je suis désolé du peu d’importance qu’on consacre à la qualité du français et je dois dire que je suis perplexe et que je sursaute quand je vois des lecteurs de nouvelles ou des journalistes qui n’ont pas pris la peine de se raser avant de se présenter au public ou qui ne sont pas habillés correctement », répond celui qui célèbre ses 90 ans demain.

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