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Nouvelle de 18 h

«Un endroit merveilleux, absolument sous-exploité!»

Pratique du kayak au centre-ville
Les kayakistes risquent de se multiplier, dans la baie de Rimouski. (Photo: courtoisie Armand Dubé)

Les avis semblent diverger plus que jamais sur l’orientation qu’il faudrait donner à la pratique du kayak au centre-ville de Rimouski, à la suite de l’offre d’achat déposée par la Ville pour l’acquisition de terrains pour en faire des stationnements.

Ces espaces de stationnement seraient situés sur la bande riveraine Ouest, entre le vieux pont de la rivière Rimouski et l’écluse Price. En descendant l’escarpement près du bureau d’accueil de l’Association des pêcheurs de saumon de la rivière Rimouski, on peut justement atteindre l’embouchure de la rivière et se diriger vers le fleuve et la baie, en kayak ou en canot; certains diront même en planche à pagaies. Mais il y a des rochers et ce n’est pas très pratique ni sécurisant pour les nouveaux adeptes.

Or, comme il y a déjà eu une école et une agence de location de kayaks sur les lieux il y a une quinzaine d’années, la décision de la Ville de favoriser la pratique des sports nautiques dans ce secteur est apparue comme une volonté de reprendre le développement où il avait été interrompu. Mieux encore, comme une volonté  de l’accroître dans une perspective de développement touristique avec les moyens que cela implique. Le maire, Marc Parent, a atténué les attentes dans une récente entrevue avec le journal le soir. Pour lui, l’enjeu principal est de permettre à monsieur et madame tout-le-monde de trouver un espace pour se stationner le plus près possible de la rive, débarquer son kayak ou son canot, descendre vers la rive et prendre la mer.

On en comprend donc que pour le moment, la Ville veut favoriser la pratique du kayak sur une base individuelle, alors que selon d’autres, comme le guide et moniteur Jean-François Dubé, il faut être plus ambitieux et procéder le plus tôt possible à des aménagements pour faire du kayak au centre-ville une corde de plus à l’arc touristique de Rimouski.

« Ceux-ci devraient inclure une véritable rampe de mise à l’eau en béton, où on pourrait non seulement descendre facilement les kayaks, canots et planches à pagaie, mais également les petites embarcations. Dans les conditions actuelles et prévues à court terme, ce n’est pas donné à tout le monde d’être capable de mettre son kayak à l’eau à cet endroit. »

« N’attendent que ça »

Selon monsieur Dubé, une sommité en tourisme d’aventure, ce créneau est énormément prometteur. « J’ai reçu des dizaines et des dizaines de courriels et d’appels téléphoniques de kayakistes des quatre coins du Québec qui n’attendent que de vivre ou de revivre l’aventure du kayak au centre-ville de Rimouski, un produit qui serait des plus distinctifs. Imaginez qu’un jour, on en arrive à ce que des touristes installés dans un hôtel du centre-ville puissent se rendre aux installations de kayak à pied et y louer un tandem pour une sortie en mer! Je m’explique mal l’attitude du maire. Il faut mettre des conditions en place qui favorisent une mise à l’eau facile par les débutants et les visiteurs, si on veut développer le sport, par juste par des kayakistes avancés qui connaissent la place. »

Apprenant que la transaction entre la Ville et Hydro-Québec reste à conclure, qu’il faut faire des démarches auprès du ministère de l’Environnement, que des travaux sur le vieux pont de la route 132 viendront perturber la pratique du kayak cet été et que la construction d’une rampe de mise à l’eau ne fait pas partie des plans de la Ville, présentement, monsieur Dubé reconnaît être passé de l’emballement au découragement.

Sur les ondes

Il a été invité à en parler sur les ondes de Radio-Canada Bas-Saint-Laurent, hier après-midi, dans un dossier où on a aussi donné la parole à monsieur Parent, qui a été limpide sur ses intentions.

« Nous sommes tout à fait conscients que ce n’est pas un aménagement idéal, mais il faut être aussi conscient qu’il n’y aura jamais, selon moi, à cet endroit, une descente de mise à l’eau officielle, bétonnée, qui permettrait de mettre à l’eau des embarcations à moteur. Parce qu’on a déjà investi des sommes substantielles à la marina de Rimouski (projet de 4,3 M$, dont 2,6 M$ assumés par le gouvernement fédéral dans le processus de cession du port au gouvernement du Québec et de la marina à la Ville), où il y a la possibilité de le faire. »

À ce sujet, plusieurs observateurs remarquent que la marina de Rimouski-Est, directement sur le fleuve, n’est pas le meilleur endroit pour se lancer en débutant, comme kayakiste, comparativement au calme de la baie.

Meilleurs des scénarios

« À partir du moment où la Ville sera propriétaire des terrains, il devrait y avoir une réflexion sur le type d’aménagement qui sera fait. Par la suite, il devrait y avoir une demande d’autorisation auprès du ministère de l’Environnement pour autoriser les travaux. Dans le meilleur des scénarios, il y aura des espaces réservés aux utilisateurs pour stationner leur voiture, aux abords de cette descente-là, en 2021 », a expliqué monsieur Parent dans cette entrevue.

Une image qui en dit long. Le site semblait appelé à se développer. Jean-François Dubé formait des kayakistes sur le plan d’eau entre l’écluse et le vieux pont, un endroit des plus sécuritaires. (Photo: courtoisie, Armand Dubé)

« Pas de volonté politique »

Un sportif, mécène et homme d’affaires bien connu, Marcel Gagné, commence à s’intéresser au dossier, car il a à cœur le développement récréotouristique de Rimouski. Il considère que le secteur est voué à connaître un grand succès auprès des amateurs de sports en général et de sports alternatifs en particulier, comme le ski à voile et la planche à pagaies, par exemple.

Le journal le soir a appris qu’il avait rencontré le maire Parent, aujourd’hui, pour en discuter. Nous avons joint monsieur Gagné après cette rencontre.

« Il ne faut pas nécessairement être très ou trop ambitieux au départ, mais c’est clair qu’il faut procéder à des améliorations. Il faut d’abord rendre ça accessible et sécuritaire pour les usagers de tous les niveaux, ce qui implique déjà des améliorations, et on verra pour la suite. Cependant, j’ai été déçu de ma rencontre avec monsieur le maire », observe-t-il.

Rencontre inutile

« La seule chose que j’ai apprise de monsieur Parent est que la Ville a une entente d’achat d’une partie de terrain appartenant à HQ qui pourrait permettre, éventuellement, l’installation d’une rampe, mais qu’avant, ça va prendre des études de sols et plusieurs autres vagues considérations environnementales. J’ai aussi appris que c’est l’administration municipale qui s’occupe des échéances. Je n’ai pu avoir aucune réponse précise et quand monsieur Parent en a eu assez de mes questions, il s’est simplement levé et a quitté la pièce sans un mot de plus. À la rigueur, je dirais que je l’ai trouvé impoli. Ma rencontre a été inutile. En fait, j’ai compris que c’est un projet remis aux calendes grecques. Je n’ai pas été satisfait de son accueil et je n’ai senti aucune volonté politique d’aller plus loin avec ce projet », affirme sans ambages monsieur Gagné.

Marcel Gagné (Photo: courtoisie)

Occasion d’affaires

Le journal a demandé à monsieur Gagné si, comme homme d’affaires et sportif, il ne voyait pas là une occasion manquée de développer un produit touristique signature pour Rimouski. Ses arguments ne manquent pas.

« Absolument! C’est l’endroit rêvé; c’est là où tout devrait se passer ! On y fait déjà de la pêche et du « kite-surf », l’hiver. En kayak, quand il vente sur le fleuve et que ça peut être périlleux, on va sur la baie de Rimouski et tout est calme. C’est plus approprié pour les débutants. On peut faire de la planche à pagaie. C’est un endroit merveilleux, qui est absolument sous-exploité parce que l’administration municipale semble se foutre carrément de rendre ce lieu-là plus accessible », déplore-t-il.

« On investit des millions de $ ailleurs, comme dans le complexe sportif et la piste d’athlétisme. Je n’ai rien contre ce genre de projets, mais là, on parle d’un attrait qu’on pourrait réaliser avec des sommes beaucoup moins importantes, presque une bouchée de pain, en comparaison. Cet endroit (la descente à l’embouchure de la rivière) est magnifique et on « niaise » avec la « puck »», tranche Marcel Gagné.

Enjeu électoral

Le dossier pourrait très bien devenir un enjeu de la prochaine campagne électorale, car si la descente de kayak du centre-ville est dans le district Saint-Germain, le débarcadère de la marina est à Rimouski-Est et il y a également un débarcadère, des activités de kayak et des randonnées touristiques dans le district du Bic.

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