Le ministre Dufour aurait préféré une «p’tite frette» à une patate chaude!
La Fédération des pourvoiries du Québec (FPQ) s’élève contre le resserrement des règles concernant l’alcool, et maintenant la drogue, dans le projet de Loi 88, qui vise une réforme de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune.
Ce nouveau texte législatif stipule que : « …nul ne peut consommer une boisson alcoolisée alors qu’il chasse, et ne peut non plus consommer de drogue ».
Bref, c’est tolérance zéro. La FPQ demande aux législateurs de maintenir la formulation antérieure qui interdisait de pratiquer la chasse « sous l’influence d’une boisson alcoolique », laissant possible une consommation à l’heure du lunch à la chasse.
Pas des caves!
Je compte une foule d’excursions de chasse. Après les heures de chasse du matin, chaque membre du groupe se réunit sur l’heure du midi pour se reposer et luncher. Chaque chasseur raconte son avant-midi, ce qu’il a vu, et manqué, son désir ou non de retourner dans son même secteur pour la chasse de l’après-midi, ou encore examiner sur carte un autre endroit prometteur.
C’est le seul moment où je prends une « p’tite bière frette » en forêt avec mes « chums », avant de manger mes sandwichs, avec un thé. Et maudit qu’elle est bonne! Et jamais je n’ai vu un quelconque membre du groupe avoir un comportement déplacé. Le cas échéant, les autres chasseurs du groupe, qui ne sont pas des caves, n’auraient jamais toléré une attitude déplacée. Et en plus de 30 ans comme chroniqueur de chasse et de pêche, et de journalisme, jamais je n’ai été informé d’un accident de chasse attribuable à la « p’tite bière frette » du midi. Quant à la drogue, il n’en a jamais été question à la chasse. Le « pot » n’y a pas sa place.
Le chasseur est un être responsable, prudent, pour lui-même et ses compagnons et compagnes, et les enfants. Car en 2021, depuis plus d’une décennie, la chasse a bien changé. Aujourd’hui, on chasse aussi en famille, et parfois juste en famille. Les femmes forment la relève de la chasse, les enfants complètent le groupe. Mais ça, c’est une autre histoire.
Avec le texte de loi proposé, un honnête chasseur, respectueux des règles et des lois, qui dînerait relaxe en pleine forêt, portant son dossard, et en prenant une bière avec son sandwich, commettrait une infraction passible d’une amende de 500 $ à 4 500 $.
« Ça va trop loin »
« Pour la simple possession d’une bouteille de bière, on va trop loin », a tranché Marc Plourde, à TVA Est du Québec. Le pdg des pourvoyeurs soutient qu’il faudrait démontrer qu’il y a un nombre élevé d’accidents de chasse attribuables à l’alcool. « C’est le genre de mesure qui a été proposée par quelqu’un qui ne connait rien à la chasse et aux chasseurs. »
«On exige zéro consommation d’alcool, comme si les chasseurs étaient une catégorie à part d’individus qui ne savent pas se comporter», a fait savoir à TVA Est du Québec, le député de Bonaventure et porte-parole du PQ en matière de faune, Sylvain Roy, pour qui cet article n’est pas applicable et doit être retiré.
Voilà une autre jambette aux chasseurs. Associations, fédérations et chasseurs espèrent que la formulation existante sur l’alcool ne sera pas modifiée. J’ai hâte de voir ce que fera le ministre de la Faune, Pierre Dufour qui a vraiment une patate chaude dans les mains, alors qu’il apprécierait sûrement une « p’tite frette » à la place. Au récent congrès de la FédéCP, il a parlé d’un projet de Loi 88 qui ne serait pas parfait, mais acceptable. C’est ce qu’on verra bien.