«À 13,50 $ l’heure, on dit à ces travailleurs qu’ils vont rester pauvres»
À la veille de la Fête des travailleurs, le gouvernement ne leur fait pas de cadeau!Le coordonnateur et administrateur principal de l’organisme Action populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé, n’a pas sauté de joie en apprenant cet après-midi que le ministre du Travail, Jean Boulet, avait annoncé un nouveau salaire minimum horaire de 13,50 $ pour les travailleurs du Québec.
Pour Michel Dubé, qui défend les personnes à faible revenu, c’est pratiquement ajouter l’insulte à l’injure, à la veille de la Fête des travailleurs.
« On pourrait féliciter le ministre d’augmenter le salaire minimum de 40 cents l’heure, mais la vraie annonce là-dedans, c’est qu’on annonce à des centaines de milliers de Québécois, qui travaillent 35 heures/semaine, qu’ils vont malheureusement demeurer en situation de pauvreté. Ça fait des années qu’on revendique 15 $ l’heure pour le salaire minimum, juste pour sortir de la pauvreté, mais avec l’inflation, ce 15 $ là représente maintenant 17 $ ou 18 $ l’heure selon les régions », déplore-t-il.
« Il y a eu une étude de l’Institut de recherche et d’information économique à ce sujet qui démontre qu’il faudrait dépasser 15 $ l’heure pour permettre aux travailleurs de se sortir de la pauvreté. Il y a 446 000 personnes au Québec, actuellement, qui gagnent moins de 15 $ l’heure. Dans Rimouski-Neigette, il y a quelque 6 200 personnes en situation de pauvreté. Au Québec, 52 % des travailleurs sont… des travailleuses! À Rimouski, avec le secteur commercial, on est très touchés », explique monsieur Dubé.
Vivre avec le salaire minimum, c’est…
Vivre avec le salaire minimum en 2021, c’est se préoccuper de la moindre inflation et être confronté à des choix devenus critiques.
« Le coût panier d’épicerie a augmenté de 700 $ dans la dernière année; le coût du logement a augmenté de manière importante. Énormément de personnes se sont privées de médicaments dans la dernière année. Nous en sommes rendus à ce que que des gens doivent couper dans des choses aussi vitales que l’alimentation et la santé », remarque Michel Dubé.
Assurance-emploi
Si on peut être mécontent envers Québec pour le faible montant du salaire minimum, on peut aussi se tourner vers Ottawa qui ne semble pas se préoccuper davantage des travailleurs à faible revenu avec son système d’assurance-emploi.
« Dans le dernier budget fédéral, on n’a eu que des mesures temporaires. Le seuil plancher pour être éligible à l’assurance-emploi est de 420 heures partout au Canada. On a fait passer les prestations de maladie de 15 semaines à 26 semaines pour des gens qui ont le cancer, mais est-ce que c’est vraiment suffisant pour une personne qui combat le cancer? La revendication du regroupement dont nous faisons partie était d’un an. Finalement, on souhaite une réforme en profondeur du système d’assurance-emploi. »
L’assurance-emploi aux provinces
« Chez les travailleurs qui sont en chômage, près de 60% n’ont pas accès à l’assurance-emploi, pour toutes sortes de raisons. On a de la documentation qui compare le Canada aux autres pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, 30 pays membres) et nous faisons piètre figure en ce qui a trait aux mesures de protection des travailleurs. Le Canada est un des pays dans le monde qui offre le moins de protection à ses travailleurs. Nous aimerions aussi que l’assurance emploi devienne une juridiction qui passe aux mains des provinces », rappelle le travailleur communautaire.
Logement
En matière de logement, il y a encore à Rimouski un nombre important de familles qui doivent couper un peu partout dans leur budget pour se loger.
Selon des statistiques de 2016 en la matière, les plus récentes disponibles, il y avait 1 200 ménages à Rimouski dont le loyer représentait plus de 50% de leur revenu. Un nouveau recensement doit avoir lieu dans les prochaines semaines. « J’ai la mauvaise impression qu’avec la crise du logement actuelle, cette statistique va augmenter », conclut Michel Dubé.