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Nouvelle de 17 h

Des résidents de Sacré-Cœur en ont assez de la vitesse et du trafic lourd

Un citoyen installe son propre « radar »
Un véhicule dépasse la limite permise malgré l’affichage installé par monsieur Deschênes. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Un citoyen du district Sacré-Cœur, à Rimouski, Louis Deschênes, se fait le porte-parole des résidents de son secteur pour demander à la Ville de Rimouski et à la Sûreté du Québec de voir au respect de la limite de vitesse de 70 km/h devant chez lui.

Monsieur Deschênes, qui habite au 1018, boulevard Saint-Germain, est excédé également du trafic lourd, particulièrement important en raison de la proximité de l’usine de bitume de la compagnie Sintra (division BML), estimant que les chauffeurs employés par celle-ci sont parmi ceux qui dépassent le plus souvent la limite de vitesse.

Son exaspération l’a amené à se procurer un radar avec la vitesse affichée afin d’encourager les automobilistes et les chauffeurs à ralentir. L’appareil a été installé au mercredi et monsieur Deschênes constate déjà une amélioration, ce qui lui fait dire qu’il serait possible d’appliquer plus rigoureusement la loi et d’obtenir des résultats.

Louis Deschênes devant sa résidence. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Non seulement quelque 150 personnes ont signé une pétition déposée à la Ville pour signaler leurs préoccupations face à la sécurité routière, mais plusieurs demandent aussi que la Ville fasse en sorte que l’usine Sintra déménage dans le parc industriel, car outre le trafic lourd, il y a des préoccupations environnementales et de pollution de l’air.

15 ans que ça dure

« Ça fait 35 ans que j’habite ici et ça fait 15 ans qu’on a des problèmes avec le boulevard. Ça s’est aggravé ces dernières années en raison du transport des matériaux qui servent à l’asphaltage, puisque la demande a beaucoup augmenté depuis environ deux ans. Et en plus, de nos jours, on récupère le vieux bitume. Nous n’arrivons pas à obtenir des réponses ou des actions. Je dirais qu’environ 30% des conducteurs qui circulent sur notre section du boulevard roulent entre 80 km/h et 100 km/h. J’ai contacté la Ville. J’ai aussi contacté la Sûreté du Québec. Je ne demande pas des miracles, jusqu’on s’assure de faire respecter la limite de vitesse », mentionne monsieur Deschênes.

Celui-ci dit aussi avoir rencontré un dirigeant local de l’usine de Sintra, qui l’aurait envoyé au diable. « La discussion s’est envenimée et l’homme m’a fait des menaces. J’en ai avisé la Sûreté du Québec », confie-t-il.

« De plus, ici, des deux côtés du boulevard, il y a la piste cyclable. Le danger est bien réel pour les enfants qui fréquentent l’école, les citoyens et les autres usagers de la route. C’est le « free for all ». Je n’ai rien contre l’activité économique, car nos routes doivent être bien entretenues, mais il faut que les camionneurs roulent à 70 km/h quand c’est écrit 70. Il me semble que ce n’est pas dur à comprendre. Sinon, il faut que l’usine soit déménagée dans le parc industriel. La Ville a invité d’autres entreprises d’asphaltage à le faire et devrait inciter Sintra à en faire autant », ajoute monsieur Deschênes.

En plus du radar, monsieur Deschênes a fait installer une affiche rappelant la vitesse permise. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Frein moteur

Ce dernier se demande également pourquoi la Ville a changé récemment sa réglementation sur l’interdiction d’utiliser le fameux frein moteur « Jacob », qui n’est plus appliquée sur cette partie du boulevard, selon lui.

Beaucoup d’activité et de camions

Yvan Chouinard, qui habite tout juste devant le « plan » d’asphalte de Sintra, un peu plus à l’Ouest, abonde dans le même sens : « il y a beaucoup d’activité et beaucoup de camions. Il y a beaucoup d’utilisation du frein moteur; il y a beaucoup trop de vitesse. Il y a beaucoup de va-et-vient chez Sintra. J’ai déjà envoyé un courriel à l’entreprise lui demandant de faire fonctionner son usine sur des heures normales, mais ça commence souvent à 5 h 30. »

« J’habite là depuis 1995. Les activités ont beaucoup augmenté. Quand on s’est plaints l’an dernier, ça nous est retombé sur le nez : l’entreprise a apporté à l’usine des montagnes de gravier pour faire les travaux de cette année. Je sais que les voisins commencent à être pas mal excédés eux aussi. Je pense que la meilleure place pour Sintra serait le parc industriel, où elle pourrait faire ce qu’elle doit faire, de l’asphalte, sans déranger tout le monde et sans passer près des écoles et des résidences. Ça va devenir dangereux un moment donné. L’automne dernier, on a vu des voyages de matériaux à n’en plus finir. C’est la première fois qu’il y en avait autant », confie monsieur Chouinard.

« Ça n’a plus de sens et j’imagine ça peut être un frein à la vente de terrains pour la construction de nouvelles résidences. On sent parfois l’odeur de « fuel » et de goudron », conclut-il.

Un camion circulant dans le secteur, cette fois d’Ouest en Est. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

La vitesse? Peut-être! Le déménagement? Probablement pas!

Le conseiller municipal du district, Sébastien Bolduc, se dit bien au fait du dossier et de la pétition et sensible aux demandes des citoyens. En résumé, une réduction de la vitesse sur le boulevard peut être envisagée, mais ce serait difficile de convaincre Sintra de déménager ses installations dans le parc industriel.

« Ce sont deux choses distinctes. Sur la vitesse, on a plus de contrôle que sur l’autre aspect du dossier. J’ai été approché par le groupe de citoyens qui a déposé la pétition. Il y a déjà eu des démarches il y a quelques mois. Je suis bien au courant des enjeux. Ce qui est particulier, c’est qu’il y a beaucoup d’utilisateurs dans le secteur, dont les élèves qui fréquentent des écoles du quartier. Je comprends les inquiétudes des parents lorsque leurs enfants doivent circuler à pied sur un boulevard à 70 km/h. »

« Les chauffeurs de camion sont normalement censés se rendre à la carrière du chemin de Lausanne par la montée des Saules, mais doivent redescendre par une autre route. C’est une entente tacite que nous avons avec Sintra, mais il peut y avoir d’autres véhicules lourds. C’est d’autant plus vrai qu’il faut se préoccuper de la circulation qu’il y a une densification accélérée de la population à Sacré-Cœur avec le développement des Constellations. Ce sont des demandes tout-à-fait légitimes », indique monsieur Bolduc.

L’an prochain

 « Pour la vitesse, la Ville a entrepris une démarche pour réviser la vitesse limite dans les quartiers résidentiels. Il y a déjà des endroits où la nouvelle limite de vitesse entrera en vigueur à partir du 30 août, d’abord en bordure du Saint-Laurent, il me semble. Le printemps prochain, ce sera en vigueur partout en ville. L’étape suivante sera de se pencher sur les boulevards et les voies collectrices. Le but est d’avoir une politique cohérente pour tout Rimouski. C’est beau de mettre des limites de vitesse, mais il faut qu’elle corresponde au type d’aménagement. Par exemple sur un boulevard à quatre voies, ça ne marcherait pas à 30 km/h. Il faut que ça corresponde à l’environnement. C’est donc dans le domaine du possible de modifier la vitesse limite », explique le conseiller.

« Pour ce qui est de demander le déménagement de l’usine de Sintra dans le parc industriel, je suis aussi conscient des préoccupations, mais on ne peut pas l’exproprier; elle a un droit acquis. La stratégie qu’on a mise en place dans le parc industriel est de mettre des conditions favorables pour les entreprises de bitume, Sintra comme les autres. Ce qu’on espère, c’est que ces conditions avantageuses encouragent ces entreprises à s’installer là. Le conseil actuel préconise clairement que ce type d’entreprise s’installe dans le parc industriel, mais pour cette usine, on ne peut pas l’obliger, à moins que quelque chose de catastrophique survenait », fait enfin remarquer monsieur Bolduc.

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