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Élections fédérales

Analyse du débat : deux candidates chauffent le député sortant

Les candidats Sylvain Lajoie, France Gagnon, Maxime Blanchette-Joncas, Noémie Bureau-Civil et Léonie Lajoie, en compagnie du modérateur, Jean-François Fortin, à droite. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Cinq candidat(e)s en vue des élections générales fédérales du 20 septembre dans Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques ont pris part au débat organisé par le programme des sciences humaines, le département des sciences sociales et le Syndicat des enseignants du Cégep de Rimouski, qui a permis à deux candidates de se mettre particulièrement en valeur.

Quelque 75 personnes y ont assisté, hier soir, dont le représentant du journal le soir qui partage ici ses impressions avec ses lecteurs pour mieux les éclairer dans leur choix, lundi prochain. Une analyse qui se veut la plus objective possible, mais qui demande de présenter la réalité dans les faits. Les électeurs qui souhaitent voir ce débat peuvent encore le faire en se rendant sur la page Facebook du Cégep de Rimouski et tirer leurs propres conclusions.

Alors qu’on aurait pu s’attendre à ce que la candidate libérale, Léonie Lajoie, tire à boulets rouges sur le candidat du Bloc Québécois et député sortant Maxime Blanchette-Joncas afin de se faire une place dans le cœur des électeurs, ce sont davantage une candidate indépendante, Noémie Bureau Civil, et une candidate conservatrice, France Gagnon, qui ont marqué le plus de points. Madame Lajoie, une candidate qui provient du secteur Témiscouata, a semblé laissée seule à elle-même, contrairement à ce que nous a démontré le Parti libéral du Canada dans les élections précédentes à Rimouski, où les efforts pour tenter de l’emporter ont semblé plus concrets. La candidate libérale a semblé vouloir en découdre davantage avec la conservatrice qu’avec le bloquiste. Se serait-elle trompée de cible?

Monsieur Blanchette-Joncas est celui qui avait l’air le plus à l’aise, misant sur ses 23 mois de travail et d’expertise comme député. Madame Bureau-Civil, qui se fait la promotrice de la décroissance économique dans une perspective de sauvegarde environnementale, a gagné des appuis dans l’assistance composée essentiellement de moins de 30 ans. Il y avait très peu de « têtes blanches » dans la salle, alors qu’il y en a habituellement davantage dans ce genre d’événement politique.

Vraie nature

Les organisateurs ont pris soin de préparer des questions spécifiques pour mettre en valeur les candidats au début de l’activité. Plus les candidats étaient des gagnants potentiels, plus la question était pointue, ce qui a permis de dévoiler au moins un peu la vraie nature des candidats.

Environnement et défense du Québec

« L’intelligence collective devrait nous amener à des décisions créatives pour parvenir à polluer moins les lieux, à consommer moins, à détruire moins, à polluer moins en général et à vivre mieux. Si on n’apporte pas des changements drastiques à la manière dont on vit, on va franchir les limites physico-bio-chimiques qui sont tout simplement des conditions propres à notre vie sur terre. Tous les partis nous promettent la relance économique, mais il est clair que la tendance économique est incompatible avec le maintien de ces conditions de vie sur notre planète. Je crois que tous les partis font fausse route. C’est pourquoi je me présente comme indépendante », a entre autres mentionné madame Bureau-Civil, dont le discours était parfois peut-être un peu trop intellectuel.

« Au Bloc Québécois, le nationalisme et la question de l’indépendance viennent naturellement. On veut que le Québec ait les pleins pouvoirs. On veut être maîtres chez nous pour nos décisions, notamment aux plans environnemental et international. Le Bloc Québécois défend intégralement les demandes du gouvernement du Québec. Je vais vous donner un bon exemple. Lors de la pandémie, on a pu remarquer que le système de santé était lourdement affecté. Pendant ce temps, le fédéral n’agissait pas selon la volonté du Québec et des autres provinces. On a demandé une augmentation des transferts en santé », a expliqué notamment monsieur Blanchette-Joncas, sur le rôle de son parti à Ottawa.

Interrogée sur les positions environnementales du Parti conservateur, France Gagnon a répondu ce qui suit : « On sait très bien qu’en matière d’environnement, il est difficile de faire passer les changements dans la population. Ce fut le cas pour les bacs de recyclage et pour les matières organiques. Les gens n’étaient pas prêts, mais maintenant ça va super bien. L’implantation des mesures environnementales doit se faire progressivement, un pas à la fois et de manière responsable, pour que les changements soient durables. Le Parti conservateur veut s’assurer que, s’il apporte des changements, ce soit permanent. Il faut continuer à travailler ans le bon sens, mais un pas à la fois. Je souhaite moi aussi laisser à mes petits-enfants une planète un peu plus en santé que ce qu’elle est présentement. »

Bilan libéral

Madame Lajoie a dû défendre le bilan du gouvernement libéral. « Pour ce qui est des émissions de gaz à effet de serre, on en a 36% moins depuis 2005. En 2030, on devrait avoir atteint un bon pourcentage d’émissions polluantes. Il ne faut pas oublier que tout ce qui est entreprise, usine, etc. qui utilisent des combustibles polluants ne sont plus subventionnés. Le Canada s’est engagé vers un développement plus vert et poursuit ses efforts. Ça ne se fera pas en deux ans. Pour ce qui est des autres points, le gouvernement a été solidaire envers sa population pendant la crise sanitaire. Notre gouvernement a été l’un des premiers à s’assurer d’avoir le vaccin contre le coronavirus en quantité suffisante et disponible gratuitement. Il y a aussi le fait que le gouvernement du Canada a mis en place des mesures pour une relance économique rapide. »

Le candidat du NPD, Sylvain Lajoie, a été interrogé sur la baisse de popularité de son parti au Québec, depuis la vague orange du regretté chef Jack Layton il y a 10 ans, et sur les engagements économiques de son parti, qui entraîneraient de nouvelles dépenses pour plus de 100 milliards de dollars. « Nous voulons augmenter les revenus en bonifiant le taux maximal d’imposition des plus riches de 2%. Sur le plan des dépenses, il ne faut pas attendre et procéder à l’électrification du transport en commun. On va limiter les dépenses en allant chercher l’argent ailleurs, pour l’investir ici. Le NPD veut abaisser les inégalités sociales et économiques. On va le trouver cet argent, ne vous inquiétez pas. »

Priorités

En plus de l’environnement, qui a beaucoup fait jaser lors de ce débat, les autres priorités des candidats se ressemblent également : pénurie de main-d’œuvre, pénurie de logements, sort des aînés, santé, juridictions provinciales, vitalité des milieux ruraux.

Les candidats ont eu l’occasion de s’adresser l’un à l’autre sur des sujets de leur choix. C’est la candidate conservatrice qui a retenu l’attention en interrogeant le député sortant sur ses dépenses et sur sa décision de mettre à pied quatre employés permanents, le printemps dernier. « Monsieur Blanchette-Joncas se situe au quatrième rang des 338 circonscriptions pour ce qui est des dépenses de bureau pour les trois premiers mois de l’année en cours », a fait valoir madame Gagnon. Toutefois, les autres en ont aussi profité pour questionner le bilan de monsieur Blanchette-Joncas.

Les candidats Sylvain Lajoie, France Gagnon et Maxime Blanchette-Joncas. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Dépenses et employés congédiés

« Madame Gagnon, votre parti se veut un parti axé sur l’économie, alors laissez moi vous dire qu’une des premières choses qu’on apprend, c’est qu’un bilan financier, ça ne se fait pas que sur un trimestre. Je vous invite à revoir le rapport auquel vous faites allusion. Ce n’est pas parce qu’on dépense plus d’argent à la rentrée scolaire qu’on n’aura plus d’argent à Noël. Il faut savoir que nos dépenses sont préapprouvées par la Chambre des communes. On ne peut pas juste aller retirer de l’argent à la caisse quand on en a besoin. Aussi, les dépenses sont autorisées par le Département de la gestion financière. Je peux vous dire que ma gestion a toujours été ferme et a toujours été serrée. D’ailleurs, quand ce n’est pas approuvé, je paye de ma poche », a résumé monsieur Blanchette-Joncas.

Concernant ses employés, il a été ramené à l’ordre par le modérateur, Jean-François Fortin, qui lui a rappelé qu’il n’avait pas répondu à cette portion de la question.

« Je l’ai déjà mentionné publiquement : il y a eu une entente avec les employés. En tant que député, je suis lié par la confidentialité et la vie privée des employés. Je n’étale pas les conditions de cette entente par respect pour eux. J’ai rempli aux exigences de la loi en tant qu’employeur et que député », a rétorqué Maxime Blanchette-Joncas.

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