Les candidats à la mairie débattent de la venue de Costco
Les candidats à la mairie de Rimouski, Virginie Proulx et Guy Caron, se prêtent une seconde fois à l’exercice de répondre à des dossiers et questionnaires exclusifs du journal le soir sur des sujets liés à l’actualité municipale.
Après le dossier du projet de résidence pour aînés de Groupe FARI sur la rue des Flandres, dans Saint-Pie-X, madame Proulx et monsieur Caron répondent cette fois-ci à trois questions concernant un autre dossier chaud : l’implantation éventuelle du géant du commerce au détail Costco à Rimouski. Puisque nous avons laissé madame Proulx prendre la parole en premier lors de notre premier article, nous laisserons d’abord la parole à monsieur Caron cette fois-ci.
1-Êtes-vous oui ou non favorable à la venue du géant du commerce au détail Costco à Rimouski et pour quelle raison?
Guy Caron : « J’y suis favorable, à la condition que les conditions qui seront offertes à Costco ne soient pas différentes de celles qui seraient offertes à des entrepreneurs locaux. Outre l’entrée de taxes foncières (de 600 000 $ à 700 000 $ par année), Costco offre d’excellents salaires dans le domaine, avec un salaire moyen de plus de 23 $ de l’heure. De plus, à l’heure actuelle, les nombreux Gaspésiens et Bas-Laurentiens qui se déplacent à Lévis pour fréquenter le commerce pourront dorénavant le faire de Rimouski, ce qui aura des retombées pour les secteurs hôtelier et événementiel et pour plusieurs autres commerces. Les commerces locaux devront évidemment s’ajuster, comme ils l’ont fait pour la venue de Walmart, mais je crois que Walmart, Super C et Maxi seront les entreprises les plus affectées par la venue d’un Costco. »
Virginie Proulx : « Je suis d’avis qu’il n’est pas pertinent, en tant que candidate à la mairie, ni en tant qu’élue, de me prononcer à savoir si je suis pour ou contre un commerce. Ce qui est important ici, c’est que la Ville s’assure de mettre en place les conditions propices aux investissements porteurs pour notre communauté. Donc, si Costco ou une autre entreprise décide de venir s’installer à Rimouski, la décision lui revient en premier. La Ville ne peut favoriser financièrement une entreprise plutôt qu’une autre et doit s’assurer d’être équitable envers tous ses commerçants, qui ont dû faire face à des défis énormes dans ce contexte pandémique et qui doivent maintenant faire face à une pénurie de main-d’oeuvre sans précédent. Pour stimuler l’économie, la Ville se doit de développer une vision pour les prochaines années, d’assurer un dynamisme économique en investissant dans nos infrastructures et nos services, de rester attractive, et de travailler de manière collaborative. »
2-Considérez-vous que le modèle d’offre de service commerciale à Rimouski, qui propose à la fois des commerces de grandes chaînes et des services de proximité, doit changer et pourquoi? Quel modèle préconisez-vous?
G.C : « Dans toutes les villes, les magasins de grande surface coexistent avec les commerces de proximité, parce que les types de clientèles courtisées sont différents. Un magasin de grande surface comme Costco ou Walmart ou un supermarché de type Maxi ou Super C, attirera une clientèle qui privilégiera de bas prix. Les commerces de proximité comme ceux que l’on trouve près des Halles St-Germain ou les marchés comme les Métro, Richelieu ou IGA, attireront une clientèle qui est prête à payer un peu plus pour bénéficier aussi d’une expérience. »
V.P. : « Ça prend un équilibre. Les grandes chaînes répondent à un besoin. Or, on constate une plus grande difficulté pour les petits commerçants à conserver leurs employés : la pandémie a été difficile pour les services de proximité. Pourtant, ils sont essentiels à l’attractivité de notre ville. On doit repenser le centre-ville différemment : y aller ne doit plus être simplement un acte d’achat. Les gens veulent y vivre une expérience agréable. Il faudra investir pour la revitalisation du centre-ville en ce sens, tant pour les Rimouskois que pour les visiteurs. Ça encouragera les gens à non seulement venir consommer dans nos commerces de proximité, mais aussi à venir manger dans nos restaurants, apprécier nos bars et nos cafés, aller voir des spectacles, des expositions culturelles et profiter du bord de mer. De plus, il faudra permettre les commerces de proximité dans certains quartiers résidentiels des différents districts, en concertation avec la communauté, afin d’en faciliter l’accès. »
3-Quels moyens la Ville pourrait-elle mettre en œuvre pour mieux protéger les PME locales face aux grandes entreprises du même genre?
G.C. : «Les petits commerces de détail sont généralement des commerces de proximité. Et la meilleure façon d’améliorer la viabilité des commerces de proximité est d’accroître la densification autour de ceux-ci, comme je l’ai annoncé la semaine dernière, pour que ces commerces puissent prospérer. Une épicerie de quartier qui compte sur un bassin de 500 personnes à distance de marche aura beaucoup plus de chances de prospérer que celle où il n’y a que 200 personnes à même distance, en plus de réduire le recours à l’automobile. »
V.P. : «De façon urgente, on doit travailler en collaboration avec le milieu pour développer une offre de logement, des places en garderie, un transport en commun plus efficace, notamment. L’une des premières difficultés pour les PME locales face aux grandes entreprises étrangères, outre la compétition pour offrir le meilleur prix possible pour des produits équivalents, est d’attirer la main-d’œuvre, essentielle à leur maintien et à leur développement. On doit donc y répondre en développant notre attractivité. L’autre défi est d’ordre technologique. Nous pouvons, à ce sujet, accompagner nos entreprises à améliorer leurs pratiques d’affaires pour qu’elles soient plus compétitives. On pourrait aussi développer une meilleure synergie entre les entreprises locales, pour développer une complémentarité et le partage de ressources, entre autres. Il faut être proactif, innover dans nos façons de faire, et travailler ensemble à la recherche de solutions, en misant sur ce qui rend notre ville si unique. »