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Opinion citoyenne

Cathédrale : 1 001 questions à l’Archevêché

Monseigneur Denis Grondin et la cathédrale de Rimouski. (Photo: photomontage-photos: Diocèse de Québec et journallesoir.ca)

Lettre à l’Archevêque monseigneur Denis Grondin et à son équipe :

Depuis plusieurs années et en particulier au cours de l’année 2021, dans les homélies, vous prêchez, enseignez, proclamez la pratique du respect, de la justice, de l’engagement, de l’acceptation des différences, du pardon des offenses, de l’entraide mutuelle et fraternelle.

Il est souvent  répété : « ensemble, travaillons à la mission de l’église » ou encore : « marchons ensemble en église. »

De plus, trois mots clés sont au cœur du synode proposé par le Pape François : communion, participation et mission.

Un dicton ironique mentionne : « Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais! » Un autre dit : « Les bottines ne suivent pas les babines! »

De plus en plus, voilà pourtant le vécu au sein de l’Église catholique de Rimouski.

Ce qui se passait au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ est toujours bien présent aujourd’hui. Des pharisiens sont là pour dicter la conduite à suivre, mais eux ne font rien.

Autrefois, les prêtres avaient toute autorité et plein pouvoir sur leur Paroisse. Les paroissiens devaient être soumis. La religion était imposée. Les Québécois étaient privés de leur liberté. Ils étaient infantilisés, traités comme des personnes irresponsables, incapables de réfléchir et de prendre des décisions importantes.

Comme conséquence, combien d’abus ont eu lieu? Combien de personnes se sont vues refuser la réception des Sacrements parce qu’elles n’obéissaient pas aux directives?

N’oublions pas les autres abus dévoilés dernièrement. Malheureusement, un bon nombre de paroissiens s’éloignent de l’Église parce qu’ils n’acceptent plus ce despotisme, cette dictature.

Bon nombre de personnes sont déçues, révoltées, même scandalisées des divisions vécues au sein de l’Église de Rimouski.

Si certains paroissiens osent se lever, se tenir debout pour exprimer leur opinion, que de fois ils ne sont pas écoutés. Combien de personnes sont rabrouées! Combien de requêtes venant de paroissiens sont ignorées! Aucune vraie communication n’est possible! Des sondages sont faits; on n’en tient pas compte!

Ces dernières années, l’engagement des paroissiens est souvent sollicité. Comme dirigeants, êtes-vous prêts à les accueillir, à leur faire de la place? Présentement, ce qui se vit à Rimouski encourage-t-il à s’engager?

À la suite d’un sondage mené au sein de la population québécoise, certains points sont plus frappants, dont celui-ci : 82 % de la population québécoise s’identifie catholique et a une vie spirituelle. Cette population est croyante, mais seulement 18% de celle-ci est pratiquante. À Rimouski, elle est peut-être moins de 5%.

Le problème est que, par sa façon d’agir, l’Église éloigne les personnes pratiquantes. Les dirigeants de l’Église ne tiennent pas compte et ne s’adaptent pas aux changements et à l’évolution des Québécois. Ce que l’Église propose ne rejoint plus la population québécoise.

Les Québécois ne veulent plus se faire imposer des comportements à adopter ou des manières d’agir. Avec l’évolution, le progrès, les changements dans la société, l’instruction chez beaucoup plus de personnes… les Québécois ont acquis beaucoup de maturité. Ils sont devenus capables de prendre leurs décisions.

Les personnes  tissent elles-mêmes la toile du sens de leur vie. Ce qui est bien et enrichissant pour elles, car cela les renvoie davantage à la quête de sens qui caractérise tout être  humain. Elles se forgent leur propre spiritualité.

La pratique religieuse est devenue ponctuelle, avec des fêtes (Noël et jour de l’An, Pâques, l’Action de grâce, la Saint-Jean-Baptiste) et des célébrations (baptême, mariage, funérailles, premiers sacrements).

Pour réussir à obtenir l’engagement des paroissiens, l’Église doit montrer beaucoup plus d’ouverture, réfléchir encore et encore sur la contraception, le mariage des prêtres, l’ordination des femmes.

Aujourd’hui encore, le pouvoir et l’argent mènent le monde. Ce même au sein de l’Église catholique. Qui a payé pour l’entretien des lieux de culte, en particulier celui de la cathédrale Saint-Germain de Rimouski?

En Église et encore aujourd’hui, ce sont les personnes de chaque communauté chrétienne qui  fournissent travail, temps, énergies, efforts, argent,… pour l’entretien  et la conservation de leur lieu de culte. Selon toute logique, ce sont ces mêmes personnes qui en sont les principaux propriétaires.

Si la cathédrale Saint-Germain de Rimouski passe aux mains de la Ville, qui va encore payer? Ce sont ces mêmes personnes (qui ont déjà contribué) qui vont encore payer. Pendant ce temps, les coffres de l’Archevêché resteront-ils bien garnis?

Parlant de transparence : où est passé l’argent recueilli lors de la vente des églises Saint-Yves, Sainte-Odile, Nazareth, Sainte-Agnès? Ont-elles été toutes vendues à 1 $? Les paroissiens de Rimouski sont en droit de savoir.

Pour la cathédrale Saint-Germain, il y a quelques années, un sondage auprès de la population de Rimouski donnait comme résultat la volonté de garder la cathédrale comme lieu de culte.

Depuis la fermeture de la cathédrale, qui se préoccupe de son entretien, de réparer les dommages et les bris qui surviennent?

Que deviennent les paroissiens de Saint-Germain?

La Chorale Saint-Germain existe-t-elle encore? L’église Saint-Germain est-elle encore visible et vivante au sein de l’Église du grand Rimouski?

La messe de 11 heures le dimanche et celle du lundi matin n’existent plus. Bon nombre de paroissiens sont écartés.

Il n’y a plus rien pour représenter la Paroisse Saint-Germain! Pourtant, on parle de revitaliser le centre-ville de Rimouski. La cathédrale et l’Église de Saint-Germain qui sont au cœur de celui-ci reprendront-elles vie elles aussi?

On continue à fermer et à vendre des églises dans le Diocèse. D’ici quelques années, parlerons-nous encore de la cathédrale Saint-Germain, ou de la cathédrale de l’Archidiocèse de Rimouski?

L’église Saint-Germain, qui est l’église mère de Rimouski et de l’Archidiocèse de Rimouski, est-elle encore reconnue?

En 2019 et 2020, à l’occasion de Noël, la cathédrale prenait vie : une crèche montée, lumières et sapins installés, clocher illuminé, musique festive et appropriée. Quel plaisir d’aller se promener dans ce secteur! Combien de familles passent et s’arrêtent devant ce lieu de culte pour expliquer à leurs enfants ou petits-enfants les mystères de la nativité!

Pour Noël 2021, plus rien dans le décor extérieur. Quelle tristesse! Quelle désolation, même s’il y a eu une cérémonie à l’intérieur. Depuis sept ans, ce sont des marguilliers qui consacrent temps, travail, énergies pour la protéger, réparer les dommages et les bris qui surviennent, essayer de répondre à ses besoins majeurs.

Comme reconnaissance, deux marguilliers, madame Nathalie Leblond et monsieur Jean-Charles Lechasseur, doivent passer devant la cour, car une procédure judiciaire de destitution entreprise par l’Archevêché demeure toujours valide. Pourquoi? C’est à n’y rien comprendre!

Comme chacun de nous, monseigneur Grondin et votre entourage, vous êtes la demeure de Dieu. Par votre sacerdoce, vous avez été choisis et appelés à une mission spéciale. Vous êtes les représentants et témoins privilégiés de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Par votre exemple, votre enseignement et vos agissements, vous êtes particulièrement appelés à suivre Jésus, à marcher dans ses traces. Dernièrement, un archevêque disait que la tâche unique d’un évêque ou d’un archevêque est l’unité de l’Église. Il est appelé à témoigner continuellement de l’amour de Dieu, le Père.

Quand donc va se terminer cette confrontation entre l’Archevêché et ces deux marguilliers de la Fabrique Saint-Germain? Faut-il avoir des convictions profondes, une confiance inébranlable en Dieu pour garder la foi et continuer la pratique religieuse?

Est-il  encore permis d’espérer que l’Église de Rimouski fasse un pas, une démarche représentative, efficace, significative vers l’avant? Je crois que plusieurs autres paroissiens pensent comme moi.

Denise Duchesne

Rimouski, le 27 décembre 2021

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