L’autoroute 20, encore et toujours!
Une 12e campagne électorale sur le sujetUne conférence de presse habituellement banale prend une tournure particulière avec la tenue des élections provinciales le 3 octobre de cette année.
On a franchement le sentiment depuis quelques semaines que la campagne électorale est commencée et durera plus ou moins officiellement pendant les six prochains mois.
La ministre du Tourisme et ministre responsable des régions de Lanaudière et du Bas-Saint-Laurent, Caroline Proulx, procédera à une annonce concernant les investissements routiers du Bas-Saint-Laurent, au nom du ministre des Transports et ministre responsable de la région de l’Estrie, François Bonnardel, à Rimouski, vendredi après-midi. Elle devait avoir lieu demain, mais la date a été changée en soirée.
Deux bonnes raisons
Ce type d’annonce revient annuellement par point de presse ou par communiqué de presse. Deux raisons majeures semblent motiver la tenue d’une conférence de presse de plus grande ampleur que d’habitude: -la présence d’une ministre caquiste sur le terrain, dans le comté de Rimouski, convoité par le parti au pouvoir, pour faire du recrutement alors que l’on semble d’ores et déjà en campagne électorale; -l’annonce éventuelle de la réalisation d’une promesse maintes fois reportée : la réinscription du projet de prolongement de l’autoroute 20 dans le programme québécois des infrastructures (PQI).
Ce sera encore un enjeu, car les Rimouskois le savent bien, autoroute 20 rime avec campagnes électorales provinciales. Depuis 40 ans, on en est à 12 élections provinciales sur le sujet.
En faveur de la 85
Ce projet a été retiré du PQI par le gouvernement libéral de Philippe Couillard en 2015. Le ministre régional de l’époque, Jean D’Amours, de Rivière-du-Loup, avait précisé que c’était pour prioriser la construction de l’autoroute 85 vers le Nouveau-Brunswick, un projet de 1 milliard$ à l’époque, tout comme celui de prolongement de la 20 vers Rimouski. La 85 a été priorisée parce que la route précédente était plus meurtrière.
Une partie de ce projet a cependant été réalisé de l’Isle-Verte à Notre-Dame-des-Neiges. Ce qui semble faire obstacle depuis ce temps est le pont de la rivière Trois-Pistoles dont la reconstruction était évaluée à 20% des coûts du projet en 2015.
Depuis ce temps, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec de François Legault a été élu et n’a pas encore réinscrit le projet dans le PQI malgré des engagements en ce sens.
« La dernière chance, c’est demain »
« Une promesse formulée par la CAQ lors de l’élection de 2018 et reformulée dernièrement par le premier ministre. On ne retrouvait cet engagement ni dans la programmation 2019, ni en 2020 ni, en 2021. La dernière chance de l’annoncer, c’est demain », signale le député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé à propos de la rencontre de presse qui devait originalement avoir lieu demain.
Ce dernier était présent pour la visite du chef du PQ Paul Saint-Pierre Plamondon, vendredi dernier, afin d’assurer qu’il s’impliquerait à fond dans la campagne électorale du comté de Rimouski, en plus de la sienne. Les deux jurent qu’ils vont tout faire pour que le PQ conserve le comté de Rimouski, qui porte ses couleurs depuis 1994.
Comté convoité
Le départ d’Harold LeBel étant confirmé, les principaux partis, incluant le PQ, estiment avoir des chances de l’emporter avec un candidat valable, dont la CAQ et Québec Solidaire. Le comté de Rimouski est l’un des plus convoités de la province selon monsieur Saint-Pierre Plamondon.
Les rumeurs vont bon train sur les éventuels candidats que madame Proulx pourrait tenter de recruter demain. Le conseiller financier Louis Khalil faisait partie des noms avancés récemment par la rumeur, mais il a rejeté cette possibilité la semaine dernière. Cela nous donne quand même une idée du genre de personnalité recherchée par la CAQ.
Candidate de Québec Solidaire
Québec Solidaire a confirmé en milieu de journée que Carol-Ann Kack a été la seule candidate de l’investiture et défendra donc les couleurs du parti de Manon Masé et Gabriel Nadeau-Dubois. Elle aura certainement beaucoup de soutien. Elle s’était présentée en 2018.
« Au lendemain des élections en 2018, je savais que j’allais me représenter en 2022. J’ai passé les quatre dernières années à aller sur le terrain à la rencontre des gens. La crise du logement, la hausse du coût de la vie et les conditions de vie des personnes âgées sont des préoccupations majeures ici, et avec raison. Des solutions pour résorber ces crises et aider les gens, il en existe. Le gel du coût des loyers et des tarifs d’Hydro-Québec pour l’année en cours ne sont que quelques propositions parmi tant d’autres pour permettre aux gens de respirer mieux. Nous avons aussi besoin de solutions structurantes pour améliorer la situation à long terme : favoriser l’accès au transport collectif et aux services publics en font partie. J’ai bien l’intention d’ajouter ma voix à ce chapitre pour que le gouvernement réalise que la population est inquiète et que nous avons besoin de courage politique », indique-t-elle.
Pas de politique provinciale pour Guillaume Sirois
La CAQ semble jeter un coup d’œil vers les gens d’affaires de Rimouski pour avoir un candidat de qualité. Le président de la Chambre de commerce et de l’industrie de Rimouski-Neigette, Guillaume Sirois, rejette cette idée en ce qui le concerne. « Je suis bien dans ce que je fais et la politique ne fait pas partie de mes plans. D’ailleurs, la Chambre de commerce a une politique selon laquelle on ne doit pas « faire » de politique autrement que par le travail de pression de la Chambre. »
« J’ai avisé le conseil d’administration de la Chambre que je ne serai pas de retour pour un autre mandat et la 20 est l’un des dossiers dans lequel j’aimerais voir des progrès significatifs avant de m’en aller. C’est un enjeu majeur pour notre économie. Dans les dernières semaines, on a accentué la pression auprès du ministre Bonnardel sur le fait qu’on s’attend fortement de notre côté que l’autoroute 20 vers Rimouski soit réinscrite au PQI. Madame Proulx est aussi au courant », réclame monsieur Sirois.
« Monsieur Legault lui-même a promis quand il nous a visités de remettre le projet au PQI. On est en année électorale. Il y aura des élections dans quelques mois et le dernier gros budget va sortir la semaine prochaine. C’est la dernière occasion pour la CAQ de montrer sa bonne foi et c’est le bon moment. On ne voit pas comment la CAQ pourrait prétendre sérieusement à prendre le comté de Rimouski sans un engagement en ce sens », estime-t-il.
Attentes du député
Le député Harold LeBel a précisé ses attentes pour ce qui est des dépenses routières: « En marge de l’annonce de demain (reportée à vendredi), je m’attends à ce que le ministre François Bonnardel et sa collègue responsable de la région, Caroline Proulx, confirment des investissements importants pour la route 232, route touristique des Monts Notre-Dame, le long de laquelle se développe un projet récréotouristique majeur pour la réserve Duchénier et le Canyon des Portes de l’Enfer, réunis sous l’appellation TERFA. »
« Cette route constitue également un lien crucial entre le littoral et le Témiscouata. On ne peut pas la laisser plus longtemps dans l’état actuel. Le gouvernement doit aussi tenir compte des efforts soutenus des gens du Haut-Pays pour leur développement et afin d’attirer de nouveaux citoyens à s’y installer. La moindre des choses serait de les appuyer en maintenant la 232 en bon état. Aussi, s’il ne faut pas s’attendre à une annonce demain concernant la réintégration de l’autoroute 20 au PQI, mais soyez assurés que je scruterai attentivement si le gouvernement Legault respecte son engagement de le faire dans le budget 2022, présenté la semaine prochaine, une revendication soutenue par tous les partis politiques à l’Assemblée nationale. »
Désenclaver
« Enfin, en attendant qu’il n’y ait plus de hiatus sur l’autoroute 20 entre Trois-Pistoles et Rimouski. Je m’attends à ce que le ministre des Transports réfléchisse sérieusement à des moyens de désenclaver l’Est du Bas-Saint-Laurent en cas d’intempéries sérieuses ou de sinistres de toute sorte. Nous ne voulons pas revivre des situations comme celles survenues au cours des dernières années où, par exemple, le renversement d’un camion de produits pétroliers a obligé la fermeture de la route 132 à la hauteur de Saint-Fabien pendant plusieurs jours. »