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Inauguration du 23e Festival international de jardins des Jardins de Métis

Les Jardins de Métis (photo courtoisie – tirée du site : jardinsdemetis.com)

Les cinq nouveaux jardins du Festival international de jardins, présenté aux Jardins de Métis du 24 juin au 2 octobre, sont inspirés du thème « Adaptation », une réalité particulièrement présente depuis les deux dernières années.

Pour vivre et survivre, l’humain et la nature doivent faire preuve d’adaptation et de résilience. Douze concepteurs en provenance du Québec, de la France et des États-Unis convient les visiteurs à venir réfléchir à ce défi du quotidien.

Métal du Golfe_VF

Les cinq nouveaux jardins du Festival international de jardins :

« FORTERESSES » de Maison029 [Eadeh Attarzadeh, Lorenzo Saroli Palumbo], Montréal (Québec) Canada

« Forteresses » (crédit photo : JC Lemay)

L’idéologie romantique voulant que nos forêts prospèrent en l’absence de contact et d’interférence humaine a malheureusement été réfutée. Tant et aussi longtemps que l’humanité persiste sur son présent parcours, il est devenu irréaliste d’envisager que nos forêts puissent se défendre elles-mêmes.

« Forteresses » est une intervention symbolique proposant une façon agressive de protéger notre flore de son plus grand prédateur : nous-mêmes. La géométrie de chaque système défensif modulaire s’adapte à l’arbre qu’il protège, selon le type, la taille et l’âge de ce dernier.

« Forteresses » est censée être appréciée pour la beauté de ses géométries, en plus de pousser le visiteur à se questionner sur l’impact qu’il a sur son environnement et à lui rappeler que la flore est souvent incapable de se protéger elle-même.

Diplômés de l’Université McGill, Eadeh Attarzadeh est urbaniste et designer urbain chez Stantec, Lorenzo Saroli Palumbo est architecte chez l’Atelier d’Architecture Saroli-Palumbo inc. Ensemble, ils forment un duo multidisciplinaire et complémentaire, Maison029.

« LICHEN » de Marie-Pier Gauthier-Manes, Chloé Isaac, Victor Roussel, Montréal (Québec) Canada / Paris, France

« Lichen » (crédit photo : JC Lemay)

Le lichen est un organisme perceptif, malléable et muable. Il se métamorphose au contact du relief, de l’humidité et de la température ambiante. Comme son homonyme, « Lichen » est sensible aux perturbations qui affectent son environnement. Il est donc un précieux indicateur des changements environnementaux. Composé de petits éléments délicats, il n’en reste pas moins une structure cohésive et résistante, qui sert à préparer le terrain pour d’autres espèces végétales. En déambulant entre ses thalles, on observe des éléments autrement invisibles se révéler en motifs colorés. S’inspirant des pots en terre cuite, réels archétypes de nos jardins, cette installation est composée de 1 200 anneaux de faïence façonnés à la main puis cuits dans un four extérieur aux Jardins de Métis. Les capacités de drainage et de rétention d’eau de ce matériau permettent à la fois une irrigation plus constante du sol et une rétention plus longue de l’humidité.

Cet environnement permet à des plantes particulièrement sensibles aux variations de température et à la sécheresse de croître paisiblement. Son traitement thermochromique change son apparence suivant la température et il révélera ainsi différentes couleurs tout au long de la saison estivale.

Marie-Pier Gauthier-Manes est designer de produit et d’espace, Chloé Isaac est céramiste et designer graphique et Victor Roussel est artiste 3D. Ils ont tous trois étudié en design de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal.

« GRAVITY FIELD » de TERRAIN WORK [Theodore Hoerr, Rebecca Shen, Kelly Watters], New York, États-Unis

« Gravity Field » (crédit photo : JC Lemay)

Les plantes ont une capacité d’adaptation extraordinaire. Elles peuvent prospérer dans certains des environnements les plus rudes de la planète en répondant à une myriade de stimuli – soleil, eau, température, sol et gravité – pour se maintenir en vie. Les plantes sont également essentielles à l’existence humaine, car elles assurent la subsistance, les services écosystémiques et le piégeage du carbone. 

Si elles jouent un rôle clé dans l’atténuation des effets du changement climatique qui menacent notre existence en tant qu’espèce, elles sont également vulnérables et doivent s’adapter rapidement à un climat en évolution rapide. Gravity Field démontre l’adaptation robuste des plantes, même dans des conditions difficiles.

Des tournesols sont cultivés à l’envers, mais ils se plieront vers le haut au fur et à mesure de leur croissance vers le soleil, défiant ainsi la gravité. Les plantes s’adaptent à leur environnement et font preuve de phototropisme, de gravitropisme et d’héliotropisme. Alors que l’avenir est incertain, « Gravity Field » met en lumière la puissante résilience de la nature, et reste optimiste quant à la capacité des plantes, et de tous les organismes, à s’adapter et à prospérer.

Theodore Hoerr est architecte paysagiste, directeur fondateur de Terrain Work, Kelly Watters est paysagiste associée et Rebecca Shen est stagiaire en design. Terrain Work est un studio international d’architecture paysagère, de design urbain et d’art public situé à New York, connu pour sa créativité et son innovation en matière de design.

« LES HUIT COLLINES » de ONOMIAU [Noël Picaper], Levallois-Perret, France

« Les huit collines » (crédit photo : JC Lemay)

Conçues comme des structures évolutives, ces huit collines imaginent des spatialités biologiques. Au travers de matériaux inanimés et organiques, elles fabriquent des effets de vie. Chacune fonctionne de manière indépendante. Une fois rassemblées, à la manière d’un puzzle, elles dessinent une cartographie végétale. Un paysage vallonné apparaît alors, capable d’offrir diverses expériences aux humains ainsi qu’aux non-humains (oiseaux en particulier). Servant à la fois d’assise, de micro-jardin, d’espace contemplatif ainsi que de réservoir écologique, cette installation offre également au visiteur une multitude de séquences spatiales à pratiquer (assises, cachettes, amphithéâtre, etc.).

L’intention derrière cet assemblage de surfaces est de révéler les richesses d’un environnement, tout en catalysant d’autres formes d’interaction pour divers êtres vivants. Onirique et support de fonctions, cette œuvre influe sur le climat en adoucissant la chaleur estivale grâce à ses ombrages et sa flore. Le projet « Les huit collines » élabore donc un paysage chargé de sens, ne cessant d’évoluer, tant par sa composition que par les cycles du vivant qu’il abrite.

Né à Bonn en Allemagne, Noël Picaper vit et travaille à Paris. Depuis septembre 2021, il enseigne à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand.

« FORÊT FINIE, ESPACE INFINI? » d’Antonin Boulanger Cartier, Pierre-Olivier Demeule, Melaine Niget, Québec (Québec) Canada

« Forêt finie, espace infini? » (crédit photo : JC Lemay)

De loin, « Forêt finie, espace infini? » prend l’allure d’une pile de bois scié, qu’aurait pu placer là un charpentier amateur dans l’attente de son prochain projet. Cette forme définie recouverte d’une bâche patiente dans le creux de l’été. Enracinée au milieu d’un sentier, l’installation gêne toutefois le passage. Sans pouvoir la contourner, se pourrait-il de la traverser : y faire face semble inévitable.

En s’approchant, on constate qu’un pan de la bâche s’est décroché, une embrasure invite à s’y glisser. À l’intérieur, une structure en tasseaux de bois finement assemblés dévoile un parcours modulé par un jeu de pleins et de vides. Que sont tous ces tasseaux adroitement ordonnés et pourquoi cherchent-ils à rejoindre l’infini? Ne sont-ils pas contraints par cette bâche que l’on aperçoit depuis l’extérieur?

En levant les yeux au ciel, un bref coup d’œil aux grands arbres suggère une ultime réflexion : si l’espace que l’on construit émane d’un monde aux ressources finies, et qu’il ne peut par conséquent être infini, cette forêt savamment sculptée le peut-elle?

Antonin Boulanger Cartier est stagiaire en architecture chez Bourgeois Lechasseur Architectes. Il est aussi candidat à la maîtrise en sciences de l’architecture au sein du partenariat, Habiter le Nord québécois, de l’Université Laval. Melaine Niget est designer urbain et stagiaire en architecture chez Groupe A / Annexe U. Pierre-Olivier Demeule est titulaire d’une maîtrise en architecture, d’une maîtrise en science et occupe un poste de stagiaire en architecture au sein de la firme ABCP architecture.

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