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Nouvelle de 17 h

« Une manifestation qui porte ombrage aux vraies causes »

Guy Caron et Michel Dubé réagissent à la manifestation de personnes cagouléeses
Le coordonnateur d’Action populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé. (Photo Alexandre D’Astous archives – Journal Le Soir)

Le coordonnateur de l’organisme Action Populaire Rimouski Neigette, Michel Dubé, se dissocie de la manifestation tenue par des personnes cagoulées lors de l’assemblée du conseil municipal de Rimouski, lundi.

Le maire Guy Caron a expliqué au Journal Le Soir, hier, qu’une trentaine de personnes cagoulées ont perturbé l’assemblée du conseil municipal et ont été expulsées parce qu’elles ne voulaient pas agir à visage découvert. Il a aussi réagi à cette action.

Anarchique

« C’est un groupe qui s’identifie à l’extrême-gauche, anarchique, qui a voulu débattre, selon ce que j’ai compris, de … enfin ils ont pris le contrôle de la salle. Ils n’ont pas respecté le décorum, ils sont arrivés cagoulés. On les a invités à rester sur les lieux, mais en retirant leur cagoule, s’ils souhaitaient poser des questions comme tout le monde quand on se présente au micro. Ils ont refusé de retirer leur cagoule, ils ont chahuté; ils ont été assez méprisants face au conseil municipal. Nous leur avons demandé à trois ou quatre reprises de respecter le décorum. On a alors demandé à la sécurité de les escorter à l’extérieur. Ce qui a été fait. Le tout a pris 45 minutes. »

Logement

« Une Ville fonctionne selon différentes contraintes. Il faut en être conscient. On nous dit par exemple qu’il faut aller vers une décroissance, mais ce n’est pas réaliste. Il n’y a pas de solutions faciles qui sont amenées par ce genre de groupe », souligne monsieur Caron.

Ainsi, quant aux critiques formulées par certains individus au sujet du projet de logements l’Îlot Sainte-Agnès qui ne serait pas à la portée des bourses moyennes, Guy Caron indique qu’ils manquent d’information : « Il y a une composante de logements abordables à l’intérieur de ce projet. Les promoteurs, le Groupe Tanguay et le Groupe Dionne, vont faire en sorte, à la suite de leur acceptation par la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), que 15% des logements soient des logements abordables qui seront soumis au programme de supplément du loyer. »

« Nous travaillons en considérant et en reconnaissant qu’il y a une crise du logement, qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre, que nous sommes dans une situation périlleuse face aux changements climatiques, où la Ville doit faire sa part. Nous préférons mettre de l’avant des solutions qui tiennent compte des contraintes, travailler d’une manière des plus consensuelles avec la population », affirme aussi le maire.

Le maire de Rimouski, Guy Caron. (Photo: journallesoir.ca, Véronique Bossé)

« Ça ne se fait pas »

Michel Dubé est outré.

« Je suis vraiment dans tous mes états! Je trouve ça vraiment ridicule comme action. Ce genre de manifestation va nuire aux groupes sociaux et communautaires qui tiennent habituellement des manifestations pour des raisons crédibles et importantes. Ça ne se fait pas de perturber volontairement une assemblée démocratique comme ces manifestants ont fait. J’organise régulièrement des actions collectives et ce n’est vraiment pas la bonne façon de faire pour obtenir de l’écoute et des gains. On n’est pas là pour perturber l’ordre public. D’ailleurs, quand nous organisons des manifestations, la première chose que l’on fait, c’est d’appeler la Sûreté du Québec pour qu’elle vienne assurer la sécurité de tout le monde », commente-t-il.

« Jamais »

« On s’assure qu’il n’y ait pas de débordements, que tout soit fait d’une manière pacifique. Débarquer de cette manière au conseil municipal, avec des cagoules dans le visage, ça fait peur à tout le monde. Il y avait des gens sur place qui ont quitté la salle parce qu’ils avaient peur. Ces gens-là auraient pu poser des questions constructives au conseil municipal. Ce n’est pas ce qui s’est produit. Je ne vois pas du tout ce qu’il y a de drôle là-dedans, parce qu’il paraît qu’il y avait un humoriste là-dedans. Je ne vois pas du tout ce qu’il y a de drôle à terroriser une séance du conseil municipal. Je n’aurais jamais fait une telle chose. Des actions de mobilisation face au conseil municipal, j’en ai fait; j’en ai fait régulièrement et ce n’est pas comme eux ont fait, qu’on gagne quelque chose », tranche Michel Dubé.

Accusations

« Ça porte ombrage aux organisations qui mettent sur pied des manifestations respectueuses, et j’inclurais là-dedans les syndicats. La chose que ça risque d’entraîner, c’est que nos gouvernements durcissent le ton envers les actions collectives, qu’ils adoptent des règles encore plus contraignantes. Ça n’aide vraiment pas la cause des personnes en situation de pauvreté, un geste comme celui-là. Je souhaite qu’il y ait accusations portées contre les organisateurs de cette manifestation. C’est littéralement un méfait public, d’arriver comme ça, dans une assemblée publique, cagoulés et sans motif valable ni réelle revendication », insiste monsieur Dubé.

Revendiqué

La manifestation a été revendiquée par l’humoriste Fred Dubé sur sa page Facebook et a fait l’objet d’un commentaire virulent envers la Ville et le maire, sur la page du journal d’opinion Le Mouton Noir.

Monsieur Dubé explique dans sa publication que le groupe de manifestants voulait poser simplement des questions et que la cagoule n’était qu’un symbole, au même titre que le crucifix qui séjourne toujours dans la salle du conseil. Les manifestants auraient voulu dénoncer la crise écologique et la crise du logement. Il soutient que l’intervention policière a été abusive et brutale. Il parle de « répression policière violente ». Il s’est montré impoli envers les élus, le maire et les policiers dans son commentaire. Il traite notamment Guy Caron de « réactionnaire » et de « tête de gland » et les conseillers de « larbins ».

Ne pas en rester là

Le Journal Le Soir a appris par ailleurs que la Chambre de commerce et de l’industrie de Rimouski-Neigette, dont le président sortant a été dénigré publiquement ces derniers jours par le même groupe, et la Ville de Rimouski, dont le maire a aussi été insulté, n’entendent pas en rester là, ni avec l’humoriste ni avec le Mouton Noir. Des plaintes à Facebook sont envisagées, de même que des recours judiciaires.

La vidéo de l’assemblée du conseil municipal doit être mise en ligne dans les prochaines heures sur le site Internet de la Ville, mais la portion de 45 minutes des démêlés entre policiers et manifestants a été retirée, puisque l’assemblée avait été interrompue.

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