Actualités > Politique > La Mitis initie un modèle québécois
Politique

La Mitis initie un modèle québécois

Et pourrait acheter des barrages!
Bruno Paradis est très fier de dire que les yeux des autres municipalités du Québec sont tournés vers La La Mitis. (Photo: courtoisie MRC de La Mitis)

Des municipalités de La Mitis ont compris avant celles de Rimouski-Neigette le message lancé par le préfet de cette MRC, Francis Saint-Pierre, en mettant de côté les guerres de clocher pour mieux avancer.

Monsieur Saint-Pierre signalait dans nos pages, mardi, qu’il souhaitait voir les municipalités de Rimouski-Neigette faire un effort pour mieux s’entendre et déplorait les guerres de clocher. Surtout que la pénurie de main-d’œuvre affecte le secteur municipal autant que les autres. Monsieur Saint-Pierre avançait l’intérêt de la mise en commun des ressources.

Plus rapide

Mais il semble que son bon ami Bruno Paradis, préfet de la MRC de La Mitis et maire de Price, l’a pris de vitesse. Selon Monsieur Paradis, des municipalités de son secteur ont élaboré un modèle de gestion qui retiendra l’attention de toutes les organisations municipales de la province. Un modèle qui sera sûrement imité et qui sert de projet-pilote, avec l’appui du ministère des Affaires municipales.

Monsieur Paradis a dévoilé ces informations alors qu’il se prêtait au jeu de la grande entrevue sur le thème bilan 2022/projections 2023. Comme pour les autres grands entretiens du Soir, nous vous présentons celui-ci en formule questions-réponses.

« Pourrait devenir la norme »

Journal Le Soir : De quelle réalisation êtes-vous le plus fier en 2022?

Bruno Paradis : « Comme maire, je suis vraiment fier des jeux d’eaux et du parc que nous sommes en train de développer, mais aussi, et surtout, de la coopération intermunicipale. Nous sommes en voie de devenir une référence au Québec au grand complet. Je suis invité à faire des présentations à ce sujet et je reçois des appels téléphoniques. Il y a un parc qui est développé en coopération, mais aussi nous avons un système de gestion administrative qui se veut à l’avant-garde et qui pourrait devenir la norme partout au Québec. »

« Sainte-Angèle et Price -et possiblement bientôt Padoue- seront constituées d’une seule entité administrative. Chaque municipalité demeure souveraine dans ses choix, mais on met en commun des ressources administratives et des équipements. Au lieu de devoir notamment acheter d’autres équipements, on maximise ce qu’on possède. Ça fait quatre ans que je travaille sur ce projet et un moment donné on s’est dit « au diable les études, on va de l’avant ». Ça fonctionne extrêmement bien », explique monsieur Paradis.

La grippe

JLS : Mis à part ces réalisations, que retenez-vous de 2022?

BP : « J’en retiens l’excellent climat de travail entre les élus de notre MRC, qui n’a rien à voir avec celui de mon premier mandat. Par ailleurs, comme individu, je suis inquiet de voir que l’inflation entraîne beaucoup de gens vers la misère. On peut se retrouver en situation de précarité assez rapidement. Quand je vois ce qui se passe au niveau mondial, je déplore qu’on soit de plus en plus dépendant des aspects négatifs de la mondialisation. »

« On est trop dépendant du commerce mondial. Il y a eu la pandémie qui a causé beaucoup de problèmes d’approvisionnement, par exemple en pièces de machinerie, et là, c’est la guerre en Ukraine qui nous affecte. Quand d’autres pays attrapent la grippe, c’est nous autres qui éternuons. »

Bruno Paradis (Photo: courtoisie)

Énergie hydroélectrique

JLS : Avez-vous des projets prioritaires pour 2023?

BP : « Sous mon chapeau de préfet, je prévois qu’on aura à statuer sur nos intentions concernant le parc du Mont-Comi. La MRC devrait-elle s’y impliquer ou pas (NDLR : dans une éventuelle transaction)? Aucune décision n’est prise et ça fait un certain temps qu’on en parle. On va commencer par en parler avec les deux municipalités voisines concernées : Saint-Donat et Saint-Gabriel, mais aussi la société civile. Je crois que nous avons besoin de son opinion dans ce dossier.»

« Dans un autre dossier, nous sommes intéressés à acquérir les deux barrages de la rivière Mitis. Hydro-Québec doit statuer au début de l’année. Nous avons un projet que nous aimerions présenter sous l’égide de l’Alliance de l’Est. On attend impatiemment la réponse d’Hydro-Québec. Si c’est oui, on va assurément s’investir dans ce dossier. »

Des développements dans le dossier de la 20?

JLS : Y a-t-il des enjeux de sécurité routière parmi vos préoccupations?

BP : « Si on pense à l’Est du Bas-Saint-Laurent, j’ai hâte de voir s’il y aura des développements dans le dossier du prolongement de l’autoroute 20. C’est important l’axe Ouest-Est et j’ai hâte de voir comment la ministre régionale va s’investir dans ce dossier-là. Si on cible plus La Mitis, il y a un gros enjeu de sécurité sur le pont Bergeron. C’est un secteur très accidentogène. On a hâte que l’endroit soit amélioré. On sait que Transport et Mobilité durable Québec est sur le dossier. »

La communauté de Saint-Donat, dans La Mitis. (Photo: Gino Caron/Municipalité de Saint-Donat)

Inquiétudes économiques

JLS : Où en sommes-nous sur le plan des finances municipales? (À titre de préfet)

BS : « Je vais me faire le porte-parole de mes collègues mairesses et maires : on l’a vu avec l’inflation, plusieurs comptes de taxes ont dû être augmentés, la situation économique est préoccupante. Ce sont toujours les gens en situation de pauvreté qui souffrent en premier. On pense entre autres aux personnes âgées, qui voient la valeur municipale de leur maison augmenter fortement à cause du marché immobilier, alors qu’elles n’ont rien à y voir. »

« Ce qui m’inquiète en plus, c’est la hausse du coût des carburants qui affecte beaucoup les finances municipales. Il faudra être inventif, par exemple, en inventant des projets comme celui de Price/Sainte-Angèle dont nous avons parlé précédemment. »

JLS : Estimez-vous que les relations sont bonnes entre les élus municipaux et ceux des autres paliers de gouvernement?

La magnifique rivière Mitis. (Photo: courtoisie)

BS : « Absolument. J’ai de très bonnes relations avec mon député à l’Assemblée nationale (Pascal Bérubé) et avec ma députée à la Chambre des communes (Kristina Michaud). Nous avons une bonne écoute. Notre ministre régionale commence son mandat. Nous allons laisser la chance au coureur. On la connaît bien dans La Mitis, alors nous devrions pouvoir fonctionner ensemble très rapidement. J’ai confiance. Il y a plusieurs projets qu’elle connaît très bien. Je m’entends très bien avec mes homologues, également. »

Vœu

JLS : Quel est votre vœu le plus cher pour 2023? Devrions-nous souhaiter la paix dans le monde?

BS : « Quand je regarde vers l’Ukraine, j’aimerais que la situation se résorbe. Ce n’est pas tant pour les infrastructures économiques que pour les civils que je m’inquiète. Il y a plein d’endroits sur la terre où c’est le cas. Pour notre région, j’aimerais que l’on fasse plus confiance aux élus municipaux. Ils ont les pieds sur le terrain. Qu’on cesse les solutions toutes pensées d’avance à Québec et à Ottawa. Nos deux gouvernements supérieurs pourraient faire davantage confiance à notre expertise, à notre connaissance intrinsèque du milieu. On a vu un exemple avec les billets d’avion à 500 $ qui n’ont pas été un succès. »

Facebook Twitter Reddit