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2,5 M$ demandés à l’Archevêché

Pour restaurer la cathédrale
L’archevêché de Rimouski a été rénové il y a une dizaine d’années. Ce serait maintenant au tour de la cathédrale. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Maintenant que la cathédrale de Rimouski devrait être dorénavant mieux protégée par le gouvernement du Québec, la question des travaux de restauration se posera rapidement, ainsi que celle de leur facture.

La démarche menée par le gouvernement du Québec a pour objectif que l’immeuble soit protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel pour préserver son importante valeur patrimoniale. Il a été confirmé que l’extérieur de la cathédrale s’en trouverait mieux protégé, ainsi que quelques articles contenus dans l’église mère du Diocèse, dont le tableau de Saint-Germain d’Auxerre.

Cette toile exposée dans la cathédrale de Rimouski représente saint Germain d’Auxerre recevant le voeu de virginité de sainte Geneviève. Il lui remet une médaille d’airain timbrée d’une croix, gage de sa consécration à Dieu. (Photo Richard Saindon)

Des réponses unanimes

Le Journal Le Soir a interrogé quatre intervenants au fait du dossier de la cathédrale et fortement intéressés par celui-ci, ces dernières heures. Les réponses sont unanimes.

Rappel

Primo, il faut rendre à César, ce qui appartient à César, et rappeler que la demande de classement patrimonial de la cathédrale a été réalisée lors du mandat du député précédent, notamment avec le concours de son attaché politique du moment, Samuel Ouellet, du professeur d’architecture et féru d’histoire Michel Saint-Pierre et de l’historien et enseignant Pascal Gagnon.

La facture

Ce dernier estime qu’il y aurait encore plus d’éléments à protéger dans la cathédrale.

Mais auparavant, nous lui avons demandé s’il croit que l’Archevêché doit payer sa part pour les travaux de restauration. « C’est clair », lance-t-il sans hésiter. « C’est clair et d’après ce que j’ai entendu il y a quelques années, il était vraiment question qu’il contribue à la restauration de l’église. J’imagine que ça ne changera pas. »

Mobilier

« Quand on voit le communiqué du ministère de la Culture au sujet de l’avis d’intention de classement, on voit le travail qui a été fait depuis 2014. On décèle, on croit reconnaître les propos de Luc Noppen dans notre réflexion sur la valeur paysagère de la cathédrale Saint-Germain. Pour ce qui est de sa valeur architecturale, il y a beaucoup d’éléments que l’on retrouvait dans la première demande de classement. Mais il y a également le mobilier. Le classement avance. J’aimerais, comme historien, que l’intérieur soit aussi protégé. »

Les professeurs d’architecture et d’histoire, Michel Saint-Pierre et Pascal Gagnon. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

La première au Québec

« Il y a des éléments qu’on avait pointé qui semblent avoir été retenus. L’ancien tabernacle, le tableau de Saint-Germain qui a une grande valeur et est associé de près à l’histoire de Rimouski. On réalise aussi que le travail fait par des historiens de l’UQAR et par d’autres a influencé le gouvernement, notamment par rapport au clocher en saillie. Nous répétons également à qui veut l’entendre que la cathédrale de Rimouski est la première construite au Québec », insiste monsieur Gagnon.

La Cathédrale de Rimouski (Photo journallesoir.ca- archives)

Architectes

« Le travail de Firmin Lepage sur la cathédrale est reconnu, comme celui de plusieurs architectes, dont au premier chef Victor Bourgeau, un des plus grands de l’histoire du Québec. Il a construit trois cathédrales, les autres étant celles de Montréal (Marie-Reine-du-Monde) et de Trois-Rivières (L’Assomption). Il a réalisé quelque 200 édifices à caractère religieux. Les anciens plans de la cathédrale viennent de lui. »

Victor Bourgeau (Photo: Wikipédia)

Prudence

« Je suis relativement rassuré pour la cathédrale quant à l’impact de l’avis d’intention, mais je fais preuve d’un optimisme modéré. Il faut avoir l’avis du Conseil du patrimoine culturel et advenant un avis positif, le ministre va classer la cathédrale. Mais c’est un geste somme toute rassurant. On fait de grands pas. Ça fait des années qu’on dit que la cathédrale de Rimouski fait partie de l’histoire du Québec, pas juste celle de Rimouski. On commence enfin à le reconnaître », constate Pascal Gagnon.

La cathédrale Marie-Reine-du-Monde. (Photo: Wikipédia)

Une somme à demander : 2,5 M$

Si les avis sont unanimes pour dire que l’Archevêché doit contribuer de manière significative, Jean Richard, du comité citoyen « La cathédrale : faut que ça bouge », avance un chiffre : 2,5 M$. « Je n’avance pas ce chiffre à la légère. Je fais référence au montant des travaux majeurs estimé par l’ingénieur spécialisé Marcel LeBlanc dans le carnet de santé de 2020. »

La cathédrale de Trois-Rivières. (Photo: Wwikipédia)

Une condition

« Faut-il que l’Archevêché paye sa part? Certainement! J’irais même plus loin, j’en ferais une condition du gouvernement. C’est simple : la responsabilité de la fermeture de la cathédrale en 2014 incombe à l’Archevêché. Elle a été fermée à cause de l’Archevêché et en plus, elle a été enclavée par l’Archevêché à la suite d’un litige, lui enlevant toute possibilité de financer des travaux. Alors, c’est sûr que ce doit être ça et de toute façon, il me semble qu’un archevêché est toujours responsable de sa cathédrale! »

Jean Richard (Photo: courtoisie)

Flexibilité pour l’intérieur

Il croit par ailleurs lui aussi que des éléments de l’intérieur soit protégés, « à condition que ce qu’on protège à l’intérieur n’empêche pas de faire des réaménagements d’espace, car ce qui est souhaité, c’est de pouvoir rendre la cathédrale multifonctionnelle. »

« Pour la protection de l’intérieur de la cathédrale, je sais qu’il y a quelques articles qui seront protégés, mais je ne suis pas qualifié pour me prononcer. Ce que je sais, c’est qu’il faut garder de la flexibilité à l’intérieur, surtout si on pense aux bancs. Ces bancs-là, ils sont appelés à être enlevés. De toute façon, je crois qu’il est prévu déjà d’en conserver quelques-uns. »

Responsabilité présente et future

« La cathédrale était la responsabilité de l’Archevêché dans le passé, elle l’est dans le présent et elle devrait l’être encore dans le futur. C’est à elle de maintenir cet édifice et c’est certain que s’il y a des coûts importants pour la remettre en état, c’est normal qu’il participe. C’est l’Archevêché qui a laissé les choses dégénérer », affirme Jacques Landry, président du Regroupement diocésain pour la sauvegarde de la cathédrale de Rimouski.

Jacques Landry (Photo courtoisie)

Deux volets

 « Il y a déjà des éléments protégés à l’intérieur, mais il y a peut-être autre chose à protéger. J’ai compris qu’il y a un volet de l’intention de classement qui porte sur le patrimoine en matière de génie du bâtiment, mais qu’il y a aussi un volet patrimoine religieux », poursuit monsieur Landry.

Maîtrise d’œuvre

La Chambre de commerce et de l’industrie de Rimousk-Neigette s’intéresse aussi au dossier. Son directeur, Jean-Nicolas Marchand, se fait toutefois prudent avant d’interpeller l’Archevêché sur la facture qui viendra. « C’est une excellente question! Je ne connais pas tous les plans et les coûts, mais c’est un bâtiment très important. C’est un peu le « visage » de Rimouski et je pense qu’il faut en prendre soin comme il faut. Mais à qui la responsabilité de payer la facture? Hum… je ne m’avancerai pas tout de suite! »

Le directeur général de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette, Jean-Nicolas Marchand. (Photo courtoisie)

Il relève, comme d’autres intervenants, un aspect très important pour l’avenir du dossier. On peut se demander s’il n’y aura pas une nouvelle guerre de juridictions quand des enveloppes seront disponibles et qu’il faudra coordonner les travaux de restauration, selon un certain ordre de priorités.

« Nous avons rencontré les différents groupes intéressés par le dossier. On sait que la cathédrale appartient encore à la Fabrique Saint-Germain, on s’attend donc à ce que le projet soit piloté par la Fabrique. L’église est toujours sacralisée et c’est un fait dont il faut aussi tenir compte », croit-il.

En attente

Le Journal Le Soir a interpellé l’archevêque Denis Grondin pour connaître ses impressions au sujet du partage des coûts du projet. Nous espérons toujours obtenir une réponse, que nous nous ferons un devoir de partager avec nos lecteurs.

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