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Bilan 2023 : les déboires des médias régionaux

Rétrospective des nouvelles marquantes de la dernière année
Le maire Guy Caron et le directeur de la division urbanisme, permis et inspection Jean-Philip Murray répondent aux questions des journalistes (Photo journallesoir.ca)

Le Journal Le Soir poursuit sa rétrospective des nouvelles manquantes de 2023. Mises à pied, blâmes, transformations : nos médias régionaux ont fait face à différentes tempêtes au cours de la dernière année.

En avril, la station CFYX FM 93 se retrouvait dans l’embarras à la suite de deux controverses.

Un citoyen engagé dans les affaires municipales, Paul-André Dufour, a été interpellé directement en ondes par l’animateur Pierre-Yves Renaud après avoir questionné le conseil municipal de Rimouski sur le développement résidentiel en cours dans le secteur des Constellations, dans le district Sacré-Coeur.

L’animateur avait alors dit que monsieur Dufour était un « chialeux » et qu’il « aurait à faire à lui ». Une personnalité très respectée du milieu communautaire à Rimouski, Luc Jobin, avait dénoncé l’attitude de Pierre-Yves Renaud dans le Journal Le Soir. Celui-ci s’est d’ailleurs excusé à la suite de ses commentaires.

Quelques jours plus tard, la journaliste Monika Bourgeois remettait en doute le choix de Catherine Fournier, victime d’agression sexuelle de la part de l’ex-député de Rimouski, Harold Lebel, d’avoir été pris une douche au moment des faits.

Monika Bourgeois et Pierre-Yves Renaud (Photo Facebook CFYX FM 93)

De nombreux élus et collaborateurs de la station ont dénoncé ces propos, dont le maire de Rimouski, Guy Caron, confirmant alors le boycott de CFYX FM 93. Pierre-Yves Renaud et Monika Bourgeois quitteront finalement l’antenne. Le chroniqueur Michel Turcotte prendra la relève de l’émission du matin « Réveil Rimouski ».

Compressions chez Bell

Une véritable page d’histoire de la radio à Rimouski s’est tournée, en juin, alors que deux piliers des stations Énergie 98,7 et Rouge 102,9, Martin Brassard et Benoit Primeau, ont été relevés de leurs fonctions. dans la vague de compression de 1 300 emplois annoncés à travers le pays.

À eux seuls, les deux collègues cumulaient 35 et 37 ans d’expérience.

Monsieur Brassard a intégré la salle des nouvelles de CFLP avant de participer à l’ouverture de CIKI-FM, en 1988. Directeur de l’information de Bell Media à Rimouski, il a toujours fait partie des émissions du matin des différentes stations.

Analyste des matchs de l’Océanic à la radio pendant 22 ans, il a vécu les quatre tournois de la Coupe Memorial de son histoire, en plus de réaliser la toute première entrevue en français de Sidney Crosby à la radio. Il retrouvera un micro, quelques mois plus tard, comme surnuméraire à TVA Est-du-Québec.

Martin Brassard et Benoit Primeau cumulaient 35 et 37 ans d’expérience en radio à Rimouski. (Photos courtoisie)

Pour sa part, monsieur Primeau a collaboré à une panoplie d’émissions dans les différentes stations AM et FM depuis son arrivée à Rimouski en 1986. Sa voix a aussi été associée à de nombreuses causes et organisations au fil des années. Moins présent en ondes, il s’agissait comme producteur publicitaire.

Un troisième travailleur de Bell Media a aussi perdu son emploi dans ses compressions, soit le technicien Patrick Kerr.

Pertes massives chez TVA Est-du-Québec

L’annonce de la suppression massive d’emplois par le Groupe TVA a créé une onde de choc dans l’Est-du-Québec, en novembre, alors que l’équipe régionale passera de 29 employés à seulement six. Dans l’ensemble de la province, 547 postes ont été supprimés. En région, ce nombre s’élève à près de 100.

« Il ne restera que deux journalistes et un caméraman pour le Bas-Saint-Laurent. Les autres employés seront sur la Côte-Nord. Au final, c’est le public qui est perdant, parce que les journalistes qui restent en place devront faire des choix déchirants en raison de la charge de travail et du territoire vaste qu’ils devront couvrir. Le droit du public à l’information est de nouveau fragilisé », soulignait présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec- section Est-du-Québec, Johanne Fournier.

Même si des journalistes demeurent sur le terrain dans les antennes régionales, les bulletins de nouvelles seront dorénavant enregistrés et diffusés à partir de Québec.

L’édifice de TVA Est-du-Québec sur le boulevard Sainte-Anne à Rimouski (Photo Google Street)

Pour dénoncer ces compressions, une centaine de personne se sont rassemblés, à la Place des Anciens-Combattants, pour afficher leur solidarité envers la sauvegarde des médias régionaux. Plusieurs maires, préfets, députés et représentants d’organisations ont alors pris la parole.

Au tour de Radio-Canada

Les employés de Radio-Canada au Bas-Saint-Laurent se retrouvent à leur tour dans l’incertitude à la suite de l’annonce, en décembre, de compressions budgétaires de 125 M $ et des 800 abolitions de postes envisagés pour l’ensemble du réseau anglais et français.

La haute direction ne précise pas, pour l’instant, à quel point cette décision affectera le service de l’information ou les stations régionales. Au terme de cette importante vague de compressions, la société d’État aura supprimé 10 % de son personnel.

« Nos plus jeunes sont atterrés et inquiets, mais nous en savons pas plus pour le moment », indique le délégué du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada, Michel-Félix Tremblay.

La station de Radio-Canada située sur le boulevard René-Lepage à Rimouski (Photo courtoisie Groupe Blouin)

Selon le vétéran journaliste, CBC/Radio-Canada n’a pas répondu aux questions élémentaires concernant les postes visés ou les services affectés lors de l’annonce destinée aux employés.

« Il y a un plan, sans toutefois le comptabiliser. Chaque secteur évaluera ses besoins et de la manière de compresser. Radio-Canada ne peut mettre à mal sa mission fondamentale, à savoir celle d’assurer l’accès à l’information dans l’ensemble des régions du pays. Des choix devront être faits, mais nous voulons faire partie des discussions à venir », explique monsieur Tremblay.

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