Doris Labonté se sentait prêt pour la Coupe Mémorial de 2009
Il a vécu une grande déception quand il a quitté l’Océanic en 2007Après une Coupe Mémorial en 2000 et des Coupes du Président en 2000 et 2005, Doris Labonté a vécu les années de l’après-Sidney Crosby qui l’ont mené à une retraite qui est venue un peu plus rapidement que prévue.
C’est hier soir (vendredi) qu’il devait être admis dans le club des immortels de l’Océanic dans une cérémonie attendue avant le match de l’Océanic contre le Drakkar de Baie-Comeau. En raison de la situation mondiale de la pandémie du coronavirus (COVID-19), tout a bien sûr été reporté à une date ultérieure. Voici la deuxième partie du reportage qui avait été préparé.
Au retour de London où l’Océanic s’est incliné en finale de la Coupe Memorial de 2005, il s’est vu offrir un nouveau contrat de trois ans comme entraineur-chef au moment où Maurice Tanguay annonçait sa retraite comme patron du département hockey. Il est demeuré en poste deux ans avant de se retirer dans ses terres en mars 2007. Ce n’était pas son premier souhait.
« J’avais travaillé fort à la construction de l’équipe de 1998, celle de 2000 et celle de 2005. On avait fait trois constructions et je me sentais prêt pour une autre alors qu’on parlait de la Coupe Mémorial pour 2009 à Rimouski. Ça aurait été un couronnement pour moi. On a raté les séries en 2007 malgré 53 points et j’ai annoncé ma retraite. Ça a été une grosse déception pour moi de devoir quitter », raconte-t-il. Comme c’est souvent le cas et que nul n’est prophète dans son pays, il n’a pas échappé à un peu de grogne ici et là et il a choisi de quitter le navire de lui-même.
Ce fut la fin de son association avec l’Océanic après 12 saisons. Depuis, on le voit régulièrement au Colisée Financière Sun Life. Les quelques fois où il a pris part à des activités officielles, les partisans de l’équipe lui ont toujours réservé un accueil très chaleureux.
Maurice Tanguay
Au fil de ses années associées à l’Océanic, Labonté a développé une belle complicité avec Maurice Tanguay. « C’est lui qui m’a engagé, qui a cru en moi. Il m’a écouté et a constaté que j’avais du vécu après sept années dans des postes liés au hockey dans la ligue. J’étais allé à l’école du hockey en payant de ma poche. Il m’a consulté beaucoup. Il se mettait une pression de faire un succès avec l’équipe afin de gâter les partisans. »
A-t-il des regrets ? « Il y a des choses qu’on ferait différemment si on connaissait l’avenir, mais je dirais que c’est dommage que ça n’ait pas marché pour des gars de la région comme entraineur. Ça m’a fait de la peine. Après l’an 2000, j’étais prêt à aider des gars à réussir. Il y a aussi le fait que certains joueurs de la région n’ont pas eu la carrière qu’ils auraient méritée. Par contre, plusieurs ont très bien réussi à l’école. On a de très belles réussites », souligne-t-il.
Dans l’héritage qu’il a laissé, il faut certainement retenir la place qu’il a toujours voulu donner à la région, notamment chez les joueurs. Le premier a été Allan Sirois, de Rivière-du-Loup, qu’il est allé chercher dans une transaction à Chicoutimi. Il a été la première grande vedette de l’équipe en 1995-1996. On peut aussi nommer les Christian Caron, Sébastien Caron, Benoit Martin, David Saint-Onge, Dave Malenfant, Julien Desrosiers, Jean-François Plourde, Michel Ouellet et plusieurs autres.
« Dès le départ, j’ai pensé à faire un précamp pour les joueurs de la région à Trois-Pistoles, juste avant le camp régulier. Dans mon cas, les actions sont venues avant le slogan (L’équipe de toute une région). On a ouvert nos portes à plusieurs joueurs dont certains ont eu beaucoup d’impact. » Même chose pour les entraineurs et postes complémentaires autour de la chambre.
L’offensive en héritage
Depuis 1995, l’offensive a très souvent été la marque de commerce de l’Océanic. Mais, le hockey d’aujourd’hui a bien changé. Pas toujours pour le mieux, estime Labonté, surtout en ce qui concerne le spectacle. « Par contre, j’ai bien aimé lire récemment que Serge Beausoleil parlait de jouer du hockey à 200 pieds de son but, citant l’identité que j’avais donnée à l’équipe dans ses premières saisons », rappelle-t-il en référence aux équipes axées sur le jeu offensif qu’il a toujours voulu offrir aux partisans.
Statistiques
Doris Labonté aura dirigé 472 matchs derrière le banc de l’Océanic. Son dossier est de 177-210-19 en saison et de 49-17-0 en séries et à la Coupe Memorial pour un total de 226-227-19. Globalement dans la LHJMQ, son total de matchs est de 625 avec une fiche de 287-313-25, à savoir 237-292-25 (saison) et 50-21-0 (séries et Coupe Memorial). À titre d’entraineur-chef, il a remporté deux Coupes du Président (1999-2000 et 2004-2005) et une Coupe Memorial (1999-2000). Il a remporté le trophée Ron-Lapointe remis à l’entraineur de l’année en 2004-2005.
Cancer
Sur une note plus personnelle, le 5 février dernier a marqué le deuxième anniversaire de l’annonce qu’il a reçue d’un cancer des intestins. « Il y a eu une opération et des traitements en radiothérapie et chimiothérapie et pour l’instant, il n’y a pas de récidive », souligne-t-il.
À la mi-février, il a subi une autre opération pour corriger les dommages collatéraux causés par les traitements. En lui souhaitant que ce soit la dernière étape vers la guérison.
C’est entouré des membres de sa famille qu’il devait vivre une soirée mémorable, vendredi. Ce n’est pas que partie remise. L’Océanic écrira, probablement dans quelques mois, une autre page de son histoire, laquelle a été, un peu beaucoup, écrite justement par Doris Labonté.
Sa bannière rejoindra alors dans les hauteurs du Colisée celle de Maurice Tanguay chez les bâtisseurs et celles des joueurs Allan Sirois, Vincent Lecavalier, Brad Richards, Jonathan Beaulieu, Michel Ouellet et Sidney Crosby. Ils ont tous quelque chose en commun : Doris Labonté aura joué un rôle important dans leur cheminement comme joueur et comme individu.
Temple de la renommée
Sa feuille de route pourrait-elle lui ouvrir, un jour, les portes du Temple de la renommée de la LHJMQ ? Avec sa vingtaine de saisons dans diverses fonctions avec des équipes du circuit, ses succès avec l’Océanic, le fait qu’il ait été un précurseur dans ce qu’est devenu le rôle ainsi que les conditions de travail des entraineurs adjoints, sa candidature mériterait certainement d’être considérée.
À lire également la première partie de l’entrevue : Du Spartak pee-wee à l’Océanic pour Doris Labonté