Le premier match de L’Océanic au Colisée : c’était demain
Le journal le soir souligne le 25e anniversaire du premier match de l’histoire de L’Océanic au Colisée de Rimouski.
C’était le 15 septembre 1995, alors que Michel Tremblay était maire depuis un an et que la Salle de spectacle n’existait pas encore. La promenade de la mer n’était pas encore conçue. Internet était absent de nos vies. Les municipalités voisinent n’avaient pas encore été fusionnées. Le prix du litre d’essence était de 58,2 cents le litre.
Du nouveau
« Je dois dire que nous étions tous très fébriles et nerveux. Heureusement, j’avais eu l’occasion de faire la description de trois matches à l’étranger auparavant. Ce fut une journée des plus stressantes, parce qu’il faut penser qu’aujourd’hui, j’apprends l’alignement des adversaires de L’Océanic, mais à ce moment, je devais aussi apprendre l’identité des joueurs de notre équipe. Pour moi, le 44 de L’Océanic, Mathieu Normandin, c’était aussi inconnu que Jérôme Boivin, le numéro 15 de Chicoutimi. J’avais déjà fait cet exercice de mémorisation pour faire la description d’un match hors-concours à Rimouski avec l’équipe de l’Union soviétique, à CFER-TV. J’avais fait valoir cette expérience qui m’avait aidé à obtenir le poste pour les matches de L’Océanic », raconte le descripteur, Michel Germain.
« Ce fut une journée très spéciale. Comme amateur de hockey, je suis un fan de hockey junior majeur depuis mon enfance. J’ai suivi les Remparts « en or » de Guy Lafleur et plus tard les Saguenéens de Chicoutimi qui alignaient mon ami d’enfance, Guy Carbonneau. Quand je pense à la première mouture de L’Océanic, je me souviens que j’avais mis les amateurs en garde sur leurs attentes. Notre défensive était très jeune, avec Sébastien Tremblay, Dave Bolduc et Philippe Plante, entre autres. Il n’y avait que des joueurs de 18 ans et moins à la ligne bleue et dans les buts, avec Martin Bradette (18 ans) et Nicolas Chabot (17 ans) », rappelle monsieur Germain.
Même si la fiche de l’équipe a été ordinaire, 25 victoires, 41 défaites et quatre matches nuls, cette première saison est demeurée mémorable, entre autres, en raison du fort appui du public.
Match mémorable
« Nous affichions une étonnante fiche de ,500 à la mi-saison (autant de victoires que de défaites). Je me souviens pendant cette première saison d’une victoire mémorable contre les Prédateurs de Granby, qui allaient gagner la coupe Memorial cette année-là. Dave Malenfant avait compté deux buts. Nous avions gagné 3-2. Le Rimouskois Christian Caron jouait pour les Prédateurs et L’Océanic a fait son acquisition par la suite. Les gens ont tout de suite adopté leur équipe. C’était une histoire d’amour extraordinaire qui commençait et les amateurs l’ont démontré lors du dernier match des séries 1996, en acclamant leur équipe », se souvient aussi Michel Germain.
Le capitaine de l’équipe, le Louperivois Allan Sirois a été le meilleur compteur de L’Océanic en cette première saison avec 127 points, dont 59 buts.
Par ailleurs, le transfert de la diffusion des matches de L’Océanic de Radio Énergie à CFYX ne viendra pas bousculer les habitudes de Michel Germain : « Techniquement, je ferai le même travail, pour les mêmes partisans, mais c’est sur un plan personnel que ça vient marquer un tournant dans mon association avec L’Océanic. J’ai de bonnes pensées pour tous les gens des organisations de CFLP, de Rouge FM et de Radio Énergie avec lesquels j’ai collaboré au cours des 25 premières saisons, dont celui qui demeurera toujours un ami, Martin Brassard. »
Un succès inespéré
Un autre témoin de la première heure est l’ancien directeur des loisirs de Rimouski, Pierre-Paul D’Anjou, qui était alors directeur des ventes pour Molson/O’Keefe et réside maintenant dans la vieille capitale.
« C’est quand même extraordinaire tout ce qu’on a réalisé en 25 ans! Je suis très heureux de constater depuis Québec que L’Océanic se porte très bien après tout ce temps. L’Océanic, j’y croyais beaucoup, mais je ne pensais pas que ce serait un succès à ce point. Au départ, la question que les initiateurs du projet appréhendaient, c’était à savoir si les partisans seraient derrière leur équipe. Le concept de l’équipe de toute une région a tout de suite fait ses preuves. Les gens venaient de Matane, de Rivière-du-Loup et d’Amqui et même du Nord du Nouveau-Brunswick », estime monsieur D’Anjou.
En limousine, svp!
Un souvenir ressort parmi tant d’autres. Monsieur D’Anjou a servi « d’entremetteur » entre les gens du groupe Tanguay et le groupe de Rimouski qui était à la base d’un mouvement en faveur de l’implantation d’une équipe de la LHJMQ. Pour Pierre-Paul D’Anjou, la présence assidue des fans, mais aussi la possibilité de présenter des matches dans un amphithéâtre de belle envergure ont permis à l’organisation d’atteindre le succès.
« J’étais directeur des ventes à Québec. Je connaissais Marius Fortier qui est arrivé un jour à mon bureau en me disant que le Groupe Tanguay avait acheté la franchise de Saint-Jean. On a parlé de Rimouski. Il m’a demandé si on allait être correct avec notre aréna. Je lui ai répondu que c’était le troisième plus gros au Québec. Puis, quand Maurice Tanguay, Marius Fortier et André Jolicoeur sont descendus à Rimouski, j’avais appelé mon frère Gilbert qui travaillait chez Boulevard Chevrolet pour avoir une Cadillac. Il est venu nous chercher à l’aéroport. Nous sommes d’abord allés au Colisée, qui les a impressionnés. Nous avons ensuite rencontré Jacques Mercier, qui travaillait avec le groupe de Rimouski pour avoir une équipe », confie-t-il.
Jacques Mercier avait organisé un match hors-concours, auparavant. « Nous avons ensuite rencontré le conseiller Éric Forest et le maire, Michel Tremblay. Le conseil municipal s’est réuni et a eu droit à une présentation. De là a déboulé toute l’histoire. Au préalable, le maire, Michel Tremblay, était venu voir une partie des Nordiques au Colisée de Québec. Quand j’ai jasé avec lui, il n’avait pas l’air certain d’être convaincu du bienfait d’une équipe à Rimouski. »
Approche unique
Voici ce que rapporte le premier directeur administratif de l’organisation, Éric Forest, sur le site Internet de L’Océanic.
« Dès le début, la stratégie a été de faire de L’Océanic l’équipe de toute une région et c’est avec cette approche unique à l’Est du Québec que s’est amorcée la croisière de L’Océanic sur les eaux du Circuit Courteau. Le 8 septembre, Allan Sirois devient le premier capitaine de la formation et le jour même l’équipe dispute à Sherbrooke son premier match. C’est à Hugo Turcotte que revient l’honneur d’inscrire le premier filet dans une défaite de 7 à 6. »
« La première victoire a été inscrite le 11 septembre contre les Alpines de Moncton au compte de 11 à 3. Le 15 septembre, dans une fébrilité indescriptible, L’Océanic accueille les Saguenéens de Chicoutimi pour la première partie de l’équipe à domicile. »
« La première victoire à domicile est acquise au compte de 6 à 3 contre les Harfangs de Beauport le 17 septembre 1995. Les succès de l’équipe sont instantanés aux guichets et à sa 22e partie locale, L’Océanic accueille son 100 000e spectateur. Le 10 mars 1996, l’équipe établit un record d’assistance pour une formation à sa première année avec 168 126 spectateurs en 35 rencontres effaçant par le fait même l’ancienne marque des Mooseheads d’Halifax. »
« Le bateau a acquis beaucoup de crédibilité dès sa première saison dans la LHJMQ et dans la Ligue Canadienne de Hockey et ce sur la glace comme hors glace. Après avoir causé une grande surprise en se classant pour la deuxième ronde des séries, L’Océanic perd 7 à 4 devant Beauport le 7 avril 1996 et est balayé 4 à 0, ce qui met un terme à sa première saison. »
Depuis longtemps
Dans son ouvrage « Chronique du Bas-Saint-Laurent », l’auteur et historien Richard Saindon, rapporte que c’est « devant une foule de 4 786 spectateurs (que le match a lieu). On attendait l’événement depuis longtemps. Déjà au milieu des années 1970, des démarches avaient été entreprises par un groupe de Rimouskois pour obtenir une franchise de la LHJMQ. Le dossier avait été relancé par Jacques Mercier qui obtient une concession en 1993. Toutefois, les pourparlers achoppent avec l’administration du maire Pierre Pelletier qui refuse de négocier le bail de location du Colisée. Deux ans plus tard, Maurice Tanguay et Marius Fortier, de Québec, concluent un accord avec la Ville de Rimouski, puis un partenariat avec le groupe de Jacques Mercier. »
Seule ombre au tableau, la rencontre locale inaugurale devait se terminer 4-3 en faveur des visiteurs.