Rétrospective 2020-octobre: manifestation anti-mesures sanitaires, du jamais vu à Rimouski
Une manifestation tenue par des militants pour le libre-choix de l’application des mesures sanitaires contre le coronavirus a donné lieu à des scènes inédites, dans l’après-midi du 3 octobre, à Rimouski.
De mémoire de journaliste de 36 ans d’expérience, rarement a-t-on assisté à un déploiement policier aussi important pour un événement public. Le représentant du journal a compté quelque 80 policiers, dont une cinquantaine rattachés à ce qui semblait être la brigade anti émeute de la Sûreté du Québec (NDLR : les autorités ne veulent pas le confirmer). De l’autre côté, vers 12 h 30, on dénombrait déjà entre 100 et 200 manifestants dans le stationnement du restaurant Mc Donald’s, tout juste devant le quartier général de la SQ.
À vélo et à moto
On a vu des policiers à vélo, à moto et en voiture officielle, également. C’est avant le départ de la marche que les policiers ont diffusé avec de puissants porte-voix l’avertissement à l’effet que cette manifestation était déclarée illégale en raison de motifs de santé publique et que les participants devaient respecter la distanciation sociale et le port du couvre-visage. Les organisateurs ont alors averti les militants anti-mesures sanitaires qu’ils leur laissait le choix de se plier ou non aux mesures de prévention.
Un des organisateurs, Alain Lauzon, a été interpellé par les policiers. Il a reçu son constat d’infraction devant les manifestants et les médias et on l’a ensuite invité à suivre les policiers, afin de respecter la confidentialité de ses coordonnées. Plus tard, une fois rendu au parc Beauséjour, il a annoncé que son amende était de plus de 1 500 $ et qu’il allait la contester. D’autres personnes ont reçu elles aussi, plus discrètement, des constats d’infraction mais la Sûreté du Québec ne fournit pas de détails à ce sujet.
Un groupe de manifestants attendait le premier au parc Beauséjour, si bien qu’ils s’y sont retrouvés environ 350 au total. Des leaders provinciaux du mouvement, Stéphane Blais et Alexis Cossette-Trudel, étaient sur les lieux, tel qu’annoncé.
Incidents
La tension était vive. Le représentant du journal a été témoin de quelques prises de bec. À un moment donné, un manifestant a répondu à un citoyen qui l’invectivait : « J’ai roulé 600 km pour venir ici faire valoir mes droits. » À un autre moment, une personnalité rimouskoise bien connue, l’ex-policier Marjolain Lauzier, n’a pu s’empêcher d’apostropher un manifestant. Celui-ci s’est approché avec sa caméra pour l’intimider.
L’auteur de ces lignes a fait remarquer au manifestant qu’il venait d’intimider un citoyen devant un témoin, journaliste, par surcroît. L’homme a tourné les talons, sans demander son reste, mais monsieur Lauzier n’a pu se retenir de lui lancer finalement : « Vous êtes chez nous, ici, à Nazareth! »
Mais pour être honnête, il faut rappeler à tout le moins que les organisateurs ont lancé régulièrement des appels au calme et au civisme.
Monsieur et madame tout-le-monde
Un couple de citoyens qui préfère demeurer anonyme a livré ses commentaire au journal : « Je me demande parmi ces gens, il n’y en a pas certains qui ont des problèmes de santé mentale, car ils ne vivent certainement pas sur la même planète que nous! Les trois quarts de la population savent, pendant ce temps, qu’on se doit de suivre les recommandations de la santé publique. Je ne peux pas reconnaître ces gens comme étant des concitoyens », lance la dame.
« Je ne comprends pas qu’on voit des drapeaux de plusieurs pays, dont les États-Unis. Ça n’a pas rapport avec une manifestation au Québec. Surtout que là, Trump est obligé de se faire soigner lui-même! », ajoute l’homme.
Organisateur satisfait
« Je suis très heureux de l’allure de la manifestation. On aime nos policiers et nous ne voulions pas d’affrontement. S’il y a des conséquences, on fera face à ce qui se présente. Si la première grande manifestation régionale s’est tenue à Rimouski, c’est parce que le groupe d’organisation local a beaucoup insisté afin que ça se déroule chez nous », commente un des organisateurs locaux, Gino Castonguay.
Bilan policier
Le sergent Claude Doiron, relationniste de la SQ, se disait très satisfait du bilan de la journée, lorsque joint vers 15 h 40.
« Ça s’est bien déroulé et nous avons obtenu la collaboration des organisateurs, également. Il n’y a eu aucun débordement et on peut dire que cela s’est déroulé comme nous le souhaitions. Tout le monde est parti dans le calme. Je ne peux pas vous révéler le nombre de policiers présents ni des détails sur le déploiement de notre capacité opérationnelle. Cependant, je peux vous confirmer que les policiers locaux ont été appuyés par plusieurs autres policiers de différentes unités qui sont venus en soutien. Les manifestants ont été informés de l’illégalité de la manifestation. Il n’y a pas eu d’acte criminel commis. On ne refuse pas aux gens le droit de manifester. On était là pour les encadrer. »
Un autre texte sur cette manifestation sera publié à 18 heures. En vidéo, l’arrestation d’Alain Lauzon.