La gestion des résidences pour personnes âgées est une tour de Babel
Le député de Rimouski à l’Assemblée nationale, Harold LeBel, estime que le gouvernement du Québec aurait avantage à uniformiser certaines de ses pratiques en ce qui a trait à la gestion des résidences pour personnes âgées.
C’est un des aspects importants qui ressortent de notre reportage sur la situation des personnes âgées vivant en résidence publique ou privée, en lien avec les contraintes imposées par la crise sanitaire. Un premier volet où nous constations que la qualité de vie des résidents varie d’un lieu d’hébergement à l’autre été publié hier.
Monsieur LeBel est aussi critique du Parti Québécois pour les services sociaux, les dossiers des personnes âgées, des proches aidants, pour la lutte à la pauvreté et la solidarité sociale.
Beaucoup d’échos
« On en a beaucoup, beaucoup d’échos sur la qualité de vie de nos aînés le printemps dernier. Un des problèmes, c’est qu’il n’existe pas qu’un seul modèle de résidence pour aînés. Il y a une douzaine de modèles : les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) publics, les CHSLD privés et subventionnés, les CHSLD privés non subventionnés; les résidences pour personnes âgées (RPA) pour aînés autonomes, les RPA pour les aînés en perte d’autonomie, les RPA pour les autonomes et les non autonomes. S’ajoutent à ceci les organismes à but non lucratif et les coopératives, entre autres », explique-t-il.
Des directives, mais pour qui?
« Le problème, c’est que le gouvernement envoie des directives, comme il l’a fait pour la première vague et comme il l’a fait pour la seconde vague de contagion de la COVID-19. La même directive est appliquée comment? Où? Doit-elle être la même pour les personnes autonomes ou juste pour les non autonomes? C’est là qu’arrivent les problèmes. Les directives ne sont pas applicables de la même façon d’une résidence à l’autre. Des fois, il y a des propriétaires, dans le privé, qui ne prennent pas de chance. Ils appliquent les mêmes règles à tout le monde. Il y a donc des personnes autonomes qui s’en trouvent pénalisés. Cela dit, sans lancer la pierre aux propriétaires. C’est juste que ce n’est pas clair », illustre monsieur LeBel.
« On ne peut pas tout uniformiser, c’est sûr, mais souvent, comme il manque de place, une personne peut être jugée autonome parce qu’il manque de place, mais n’a pas toute son autonomie. Les soins de la population en contexte de COVID-19 mettent de la pression sur les propriétaires de résidences, c’est clair. Il y a de la distorsion dans le système. Par exemple, les résidences privées ne sont pas toutes de la même qualité. Il y a des personnes qui ont les moyens de se payer des résidences luxueuses, d’autres, moins », constate le député LeBel.
Maintien à domicile
« Parmi les choses qu’on peut faire pour améliorer la situation, je considère qu’il faut investir massivement dans le soutien à domicile. Ce n’est pas vrai qu’on devrait envoyer tout le monde en résidence! Il faut aussi clarifier les quelque 12 paliers de résidences. Les personnes autonomes sont-elles vraiment autonomes? Sinon, il faudrait leur trouver une place spécialement pour elles, car cela risque de faire en sorte qu’on gère tout le monde de la même façon et de créer des iniquités », déclare monsieur LeBel.
Même dans les plus luxueuses
« J’ai reçu des appels de partout, en tant que responsable des aînés au PQ, même des appels de gens qui se trouvent dans des résidences luxueuses. Dans ces résidences, on pourrait penser que tous les occupants sont traités aux petits oignons, mais ce n’est pas toujours le cas. J’ai vu des situations où on empêchait des gens en parfaite condition de sortir de leur édifice pour aller prendre une marche. À des endroits, on a fermé les garages pour empêcher les locataires d’utiliser leur voiture. Peu importe le type de résidence, il y a toujours des cas », conclut monsieur LeBel.
Au « foyer »
Après avoir passé 24 ans comme présidente des usagers du Centre hospitalier régional de Rimouski, la présidente du comité des usagers et résidents de Rimouski-Neigette, Micheline Turcotte, réside et s’implique au CHSLD de Rimouski depuis 19 ans. C’est la résidence du boulevard Saint-Germain, dans Sacré-Cœur, que tout le monde appelle encore le « foyer » de Rimouski. Selon elle, les contraintes sanitaires n’affectent pas la vie des résidents.
« Au début de la pandémie, c’était difficile, mais l’administration, ici, a bien géré la problématique pour ne pas trop priver les résidents. On a procuré des tablettes numériques aux résidents pour qu’ils puissent communiquer avec leur famille par le biais d’Internet, se voir et se parler. Ça, c’est pour les personnes qui sont capables de parler, mais il y a des résidents qui sont confus, ici. Pour ceux-là, on s’organise pour donner quand même des nouvelles à la famille », explique madame Turcotte.
Personnel testé
« Le personnel est testé aux deux semaines. Les mêmes employés sont affectés à un même étage. Il y a une zone « froide » et une zone « chaude » et des entrées séparées pour le personnel. On peut profiter de certains loisirs sur les étages, mais par groupes-bulles. Ceux qui veulent aller à l’extérieur peuvent le faire. On en a bien profité l’été dernier. On avait un endroit pour rencontrer la famille et les proches aidants. Maintenant, il y a la seconde vague de la COVID-19 et de toute façon, il fait froid. Il n’y a pas de cas de COVID-19 au « foyer », à ma connaissance », indique Micheline Turcotte.
Elle invite les visiteurs à se montrer prudents et à respecter les mesures sanitaires. Madame Turcotte précise que le comité de résidents est consulté régulièrement par la direction et que le personnel fait de son mieux pour accommoder les résidents.