Comment changer deux «catastrophes» en situation gagnante!
Sainte-Flavie vivait deux épreuves il y a 10 et 11 ansUn dossier régional controversé aboutissait il y a 11 ans, ce 11 janvier, avec le déménagement du siège social de l’Association touristique régionale de la Gaspésie de Sainte-Flavie à Mont-Joli.
Le déplacement de la bâtisse qui sert aussi de bureau d’accueil et d’information touristique pour la Gaspésie s’était effectué sur trois kilomètres, depuis la route 132, pour rejoindre le carrefour giratoire de l’autoroute 20, à l’endroit qu’elle occupe maintenant.
« C’était une décision logique et rationnelle, même si elle n’a vraiment pas fait l’unanimité à l’époque, puisque l’autoroute 20 était arrivée à Mont-Joli et qu’on voulait profiter de l’achalandage des touristes circulant en voiture. Mais elle avait son mauvais côté pour Sainte-Flavie, qui aurait pu en subir les impacts et voir son offre touristique affectée », rappelle le préfet de la MRC de La Mitis, Bruno Paradis.
Visiblement, la municipalité riveraine et sa voisine la ville du plateau sont ressorties toutes les deux gagnantes de ce déménagement. Il y a eu depuis ce temps de nombreux et importants investissements à Mont-Joli, autour du carrefour giratoire et de la maison de l’ATR. Entre autres, un hôtelier a investi 10 M$ pour un hôtel de 75 chambres.
Deux « catastrophes » évitées
En plus du « péril de la 20 », un autre événement venait menacer l’avenir économique de Sainte-Flavie il y a 10 ans : les grandes marées, survenues le 6 décembre 2010. L’érosion côtière ayant causé de graves dommages à plusieurs résidences, il y avait un risque que l’endroit devienne moins attrayant pour de futurs nouveaux résidents et une baisse de valeur planait sur les propriétés. On peut presque parler de deux catastrophes successives pour une municipalité de 884 habitants.
Pourtant, un regard en arrière permet de constater que Sainte-Flavie s’en est sortie plus que la tête haute. Son exemple devrait inspirer les commerçants et les villes qui appréhendent les changements importants.
Activité
Entre autres, dans cet intervalle de 11 ans, l’économie a été en croissance. De nouvelles entreprises touristiques, dont une micro-brasserie et un terrain de camping ont ouvert leurs portes. Les établissements hôteliers et restaurants ont effectué des investissements importants. Même la renommée de la cantine auprès de la clientèle artistique nationale a pris de l’ampleur!
Le travail de la municipalité et de différents partenaires publics et privés ont permis la venue du Marché public de La Mitis, la réalisation de nouvelles activités comme de l’animation et des spectacles sur le quai, l’amélioration de la promenade de Sainte-Flavie, la multiplication des activités culturelles au Vieux presbytère et à la Grange à dîmes. Ce, tout en consolidant les entreprises et organisations existantes.
« On a mis nos efforts. Pour le marché public on a offert gratuitement le terrain. Nous avons fourni des infrastructures et il s’avère que le marché est bon pour les autres commerces de Sainte-Flavie, aussi », fait remarquer le maire, Jean-François Fortin.
Stratégie
Selon monsieur Fortin, cette somme d’initiatives a été propulsée par une stratégie préalable et collective.
« Je ne manquerai pas de souligner que cette réussite a été le fruit d’un effort concerté, qu’on a eu la collaboration de tous. Le recul me permet de constater jusqu’à quel point nos gens d’affaires ont été solidaires et ont mis chacun des efforts et des investissements dans leur approche et dans leur marketing. »
« Il y avait eu un bon débat autour de la relocalisation de la maison de l’ATR. C’est un dossier qui a toujours été délicat à travers les années. Plusieurs municipalités ont revendiqué d’accueillir le siège social, jusque dans la Baie-des-Chaleurs. Par contre, on comprenait la logique de l’installer là. Il y a eu des pincements au cœur, mais on comprenait l’argumentaire. Il y avait de nombreux aspects à la réflexion qu’on a faite. Il existait une peur d’être oublié, une peur pour notre santé économique, une peur à savoir si les gens viendraient toujours à Sainte-Flavie en saison touristique », rappelle monsieur Fortin.
Angle différent
On dit parfois que tout est dans l’art de voir les choses sous un angle différent. C’est ce qui s’est produit ici.
« Nous avons commencé un peu avant le déménagement de la maison de l’ATR à développer nos idées pour un positionnement qui ferait en sorte que les gens viendraient à Sainte-Flavie non pas parce qu’ils n’ont pas le choix -parce qu’il faut, par hasard, traverser ce village- mais justement, qu’ils y viennent « par choix», parce qu’ils aiment ce que Sainte-Flavie leur offre, quitte à faire un très léger détour. On a travaillé un positionnement faisant de Sainte-Flavie un endroit où il faut s’arrêter », soutient le maire de Sainte-Flavie.
Circulation lourde
« Quand il y a un inconvénient, il y a aussi un autre côté à la médaille. On pouvait tenter de profiter du fait, entre autres, qu’on n’aurait plus à vivre avec la circulation lourde dans la partie cœur du village, près du quai, près de la place publique; là où on peut maintenant circuler et faire des activités. La base de notre réflexion a été : faisons en sorte qu’on arrête chez nous. Ça a passé notamment par des stratégies d’affichage, de positionnement numérique. On a essayé de mettre toutes les cartes dans notre jeu, de faire rayonner notre municipalité », avance Jean-François Fortin, qui était en poste à l’époque.
Presque 100 ans de renommée
Les personnes qui se sont inquiétées pour la vocation touristique de Sainte-Flavie il y a 10 et 11 ans auraient dû se souvenir que leur municipalité est dotée d’une solide renommée. Elle a fait partie du premier guide touristique « Le Tour de la Gaspésie » publié par le ministère de la Voirie publique en 1929, il y a presque 100 ans!
« Dès la première page, Sainte-Flavie était indiquée comme une destination incontournable », note monsieur Fortin.