Quand une Ville fait le choix de posséder une station de ski
Un exemple pour Val-Neigette et Rimouski?Une Ville de la région a fait le choix de posséder et de financer sa station de sports d’hiver, ce qui pourrait inspirer ceux qui souhaitent une prise en charge de Val-Neigette, à Rimouski.
Cette dernière est fermée pour une troisième saison, cette année. Son propriétaire, Raynald Dufour, semble manquer de ressources pour l’opérer et s’avère difficile à convaincre par d’éventuels acheteurs. Il affirme que la station sera louée à un opérateur qui pourrait la rouvrir la saison prochaine.
L’expérience du Mont-Saint-Mathieu, une infrastructure de propriété municipale qui connaît beaucoup de succès, et l’intention de la MRC de La Mitis d’éventuellement acheter le Mont-Comi, incitent des Rimouskois à croire qu’une éventuelle implication de la MRC de la Ville permettrait de relancer Val-Neigette. D’autant plus que le gouvernement semble disposé à offrir des subventions davantage aux stations publiques que privées.
Le directeur des Loisirs, de la culture et de la vie communautaire de Matane, Martin Gilbert, a bien voulu accorder une entrevue au journal le soir pour témoigner de l’expérience de cette Ville avec le Mont-Castor, dont elle est propriétaire. Monsieur Gilbert souhaite préciser qu’il n’entend pas ainsi faire la leçon à ses collègues de Rimouski et que les deux villes ont des réalités différentes.
Toutefois, l’expérience de Matane semble positive et les citoyens n’ont pas tendance à remettre en question cette propriété municipale. C’est la volonté politique qui fait foi de tout, car la Ville finance les opérations de la station.
Corporation
« Notre modèle, c’est que la Ville a confié un mandat de gestion à la Corporation de gestion récréotouristique de Matane qui est indépendante, mais gère au nom de la Ville. Cette Corporation agit sur quatre saisons, avec d’autres éléments que la station de ski, comme le camping de Matane, le mini-golf du Parc des îles et la concession d’embarcations nautiques qui s’y trouve également. Elle existe depuis plus de 15 ans. La Ville subventionne le fonctionnement du Mont-Castor pour environ 250 000 $ sur les quelque 380 000 $ du budget annuel de la Corporation », précise monsieur Gilbert.
Attractivité
Pour monsieur Gilbert, la Ville de Matane a fait ce choix politique en tenant compte d’un facteur important pour toute la communauté.
« La station n’est pas rentable et la Ville y met de l’argent pour que ce soit viable parce qu’il y a une volonté politique en ce sens. C’est un service aux citoyens où nous nous devons d’être présents. C’est une question d’attractivité, un sujet qui préoccupe peut-être moins les gens de Rimouski. Pour nous, c’est d’autant plus important qu’on ait cette station, parce qu’on n’en a pas d’autres à moins d’une heure de route. Nous voulons inciter de jeunes familles et des entreprises à venir s’installer ici, alors on n’a pas le choix : ça fait partie des services qu’on doit soutenir », remarque Martin Gilbert.
Pas de levée de boucliers
D’ailleurs, la Ville est aussi propriétaire du Club de golf de Matane, mais qui est géré par une autre corporation du même genre
Y-a-t-il des citoyens qui remettent en question cette implication? A-t-on demandé à monsieur Gilbert.
« Non. Pas du tout. Je n’ai jamais vu de levée de boucliers dans le milieu concernant la propriété de la station de ski et les subventions qu’on y verse. Même si nous sommes conscients que ce sont des coûts importants, personne ne s’y oppose farouchement. Ce n’est pas seulement le versement d’une subvention qu’on fait avec la Corporation, c’est une entente de gestion assez élaborée, avec des obligations communes », répond Martin Gilbert.
Populaire
Celui-ci constate que la station est populaire : elle compte quelque 600 membres. La clé du succès est d’avoir une station animée.
« Dans les trois ou quatre dernières années, les abonnements ont connu une hausse importante, peut-être de 20%. C’est significatif, en tout cas. Ça va bien. On a de beaux résultats. La Corporation a aussi développé toute une programmation d’activités. Il y a beaucoup d’animation. Les commentaires sont bons; les gens semblent satisfaits. C’est une petite station locale, mais elle a son cachet et les gens l’apprécient. Si on est au centre-ville de Matane, en 10 minutes on peut être à la station. À travers tout ça, on vise à encourager les gens à faire de l’activité physique. Pour l’attractivité de Matane, on a fait le même constat pour le Club de golf. »
« On veut continuer à opérer la station de ski. C’est une infrastructure qui nous appartient. Il y a des coûts associés à ça, mais c’est un choix social », conclut-il.