Payer quand on n’en a pas les moyens
Le Comité logement Bas-Saint-Laurent et ses deux regroupements nationaux, ont tenu un point de presse devant l’Hôtel de Ville cet après-midi pour dénoncer les contributions monétaires demandées aux locataires sans-logis en contrepartie d’un hébergement temporaire d’urgence.
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), étaient accompagnés de quelques manifestants alors que les regroupements demandaient à ce que le maire de Rimouski, monsieur Guy Caron, s’engage à ce que ces contributions monétaires ne soient pas exigées aux locataires.
« Quelque chose qui nous accroche, qu’on trouve très grave et qu’on le dit depuis le début, c’est la volonté de charger des frais aux locataires. Concrètement on parle de frais de 50 à 100 $ par semaine pour les gens qui se prévaudraient justement de l’hébergement d’urgence », a témoigné le porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent, Alexandre Cadieux.
50 $ étant la somme pour les gens restant dans des chambres d’hôtel ou des studios et 100$ pour les gens résident dans tout autre type d’appartement.
Procéder en opposition
« On s’est opposé à ça pendant les comités de travail, on est allé rencontrer les fonctionnaires de la Ville avec l’Office de l’habitation. On nous a répondu qu’on trouvait que c’était un moment juste et qu’au-delà de cela, la revendication de ne pas charger était de nature politique et qu’ils ne faisaient pas de politique dans ces comités de travail là. »
« On a donc interpellé le maire de Rimouski, Guy Caron, la semaine passée pour lui demander de revenir sur cette décision parce qu’il y a quelque temps au dernier conseil de ville de Rimouski, le conseil municipal a entériné, il y a eu un accord de principe qui appuyait cette idée de facturation. On n’a pas eu de réponse de monsieur Caron alors nous sommes ici aujourd’hui parce que nous croyons que c’est un enjeu très important. »
« C’est une question politique qui mérite d’être débattue. C’est de l’aide publique, des mesures d’urgence : les gens qui vont bénéficier de ce service sont dans le trouble et pas à peu près. 100$ par semaine, c’est nettement trop. On nous a répondu aussi à la Ville et à l’Office de l’habitation qu’on avait besoin de cet argent pour administrer le programme. On l’entend, le but ce n’est pas qu’il y ait des coupures de service. S’il manque de fond, il faut absolument que les acteurs locaux interpellent le gouvernement du Québec et lui fassent savoir clairement, explicitement et publiquement qu’il y a un manque à combler dans ce programme. Ce n’est pas en incluant cette logique d’utilisateurs payeurs dans des mesures d’urgence qu’on va régler le problème, au contraire on va l’accentuer et on va continuer à mettre des gens dans le trouble, des gens qui le sont déjà », a conclu monsieur Cadieux.
« Un hébergement de dernier recours »
« Cela fait plus de 20 ans que FRAPRU suit la question du premier juillet. On n’a jamais vu ça une contribution monétaire en échange d’un hébergement temporaire. On parle d’un hébergement de dernier recours : il y a quelques années, l’hébergement temporaire durait quelques jours. Effectivement, ce que l’on voit depuis deux ans c’est que là où des locataires se retrouvent sans bail au premier juillet, c’est de plus en plus long parce que la pénurie s’accentue », a déclaré la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.
« Introduire une logique d’utilisateur payeur pour un service d’aide d’urgence, de dernier recours, pour des gens qui n’ont pas cherché à se retrouver dans cette situation, des gens qui ont souvent été chassés de leur logement, c’est cheap, c’est inacceptable et nous on veut se battre contre l’introduction de ce précédent parce qu’actuellement, aucune ville ne l’a formalisé comme Rimouski s’apprête à le faire. On demande au maire d’intervenir pour ne pas que ça se fasse. »
S’armer de solutions pour le long terme
Bien que le sujet du jour était les contributions monétaires, l’enjeu de la crise du logement comporte de nombreux aspects et les organismes cherchent à tous les régler : « Nous, ce que l’on demande aussi, ce sont des mesures pérennes, pour remédier à la crise du logement », a expliqué le porte-parole du RCLALQ, Cédric Dussault.
Il est entre autres questions d’un meilleur financement dans le logement social pour augmenter l’offre de logements et de logements abordables : « Ça passe aussi par une mesure de contrôle des loyers : s’il y a un intérêt d’évincé des locataires, c’est beaucoup de gens qui se retrouvent à la rue, c’est parce qu’il y a un intérêt financier à instaurer des hausses de loyers qui sont abusés. Donc si on avait un meilleur contrôle des loyers, on empêcherait qu’il y ait des locataires qui se retrouvent à la rue parce que leur propriétaire veut augmenter le loyer de façon démesuré. »
« On revendique aussi l’abolition des dispositions au Code civil qui permet l’éviction de locataire, ce qui aussi diminuerait énormément le nombre d’évictions. »
Tendre la main au maire
Malgré le silence qui a accompagné la lettre envoyée au maire, Véronique Laflamme espère toujours et souhaite discuter avec Guy Caron au sujet de cette mesure.
« On a envoyé une lettre vendredi passé, au matin. Nous n’avons pas eu d’accusé de réception, peut-être qu’il était trop occupé alors aujourd’hui on l’interpelle parce que c’est un maire qui se fait entendre sur la crise du logement, qui a pris position publiquement en faveur du logement social, mais là il a une responsabilité dans sa ville de ne pas être le premier à aller de l’avant avec une contribution financière comme ça. On est vraiment ouvert à le rencontrer, s’il souhaite en discuter de vive voix, nous sommes disponibles. On l’a d’ailleurs dit dans la lettre qu’on lui a envoyée la semaine dernière. S’il a besoin d’arguments ou s’il a mal compris quelque chose, ça va nous faire plaisir d’en discuter parce qu’on pense vraiment que c’est important de ne pas aller de l’avant avec cette contribution », a exprimé madame Laflamme.