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Nouvelle de 19 h

Dossier Cathédrale : le témoignage de l’ex-économe diocésain Michel Lavoie

Michel Lavoie à gauche et l’archevêque de Rimouski, Mgr Denis Grondin (Photos courtoisie et Diocèse de Québec)

Le journal le soir poursuit aujourd’hui sa série de textes sur les témoignages de personnages clés du dossier de la cathédrale de Rimouski.

Après le témoignage de l’archevêque, Denis Grondin, c’est au tour de celui de l’ex-économe diocésain, Michel Lavoie, qui a pris sa retraite en juillet dernier, d’être proposé à nos lecteurs.

Ces témoignages ont été livrés dans le cadre d’une poursuite de l’Archevêché contre les marguilliers de la Fabrique Saint-Germain, qu’il souhaite destituer de leurs fonctions, alléguant qu’ils ne s’occupent pas correctement de la cathédrale de Rimouski, fermée depuis novembre 2014 pour cause de délabrement. L’élection de marguilliers a été contestée par l’Archevêché. Le journal a obtenu la retranscription de ceux-ci.

Les questions sont celles de la procureure des marguilliers qui contestent une action en justice de l’Archevêché, Me Sophie Noël. Le demandeur s’adresse à la Cour pour que les marguilliers Albert Carré, Victor Lepage, Jean-Charles Lechasseur et Nathalie Leblond soient relevés de leurs fonctions.

L’utilisation de la formule question-réponse se veut facile à consulter pour nos lecteurs.

La cathédrale de Rimouski est fermée depuis bientôt six ans. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Chassé)

Voici ce qu’a dit monsieur Lavoie:

Au sujet des querelles entre les marguilliers et l’Archevêché…

-Question : Depuis quand il y a des difficultés relationnelles entre la Fabrique et le Diocèse et l’archevêque?

-Réponse : Je dirais que ça a commencé en avril deux mille seize (2016).

-Q : Et quel était le problème en avril deux mille seize (2016)?

-R : Je pense c’est quand le Regroupement diocésain (pour la sauvegarde de la cathédrale) est apparu dans le décor.

-Q : O.K. Puis en quoi ça a créé une difficulté qu’il y ait un regroupement de paroissiens qui supporte la cathédrale?

-R : Parce qu’il y avait le comité cathédrale 1862, puis le regroupement diocésain. C’étaient deux visions pas mal différentes.

-Q : O.K. Mais c’étaient tous des paroissiens de Saint-Germain qui avaient à coeur tout de même la cathédrale?

– R : J’imagine.

Sur ses relations avec les marguilliers…

-Q : Est-il possible que vous ayez exigé de monsieur Lechasseur (Jean-Charles) qu’il cesse son implication auprès du comité — du regroupement diocésain pour la sauvegarde de la cathédrale?

 -R : Pas du tout.

-Q : En aucun temps?

-R : Pas du tout.

-Q : Vous êtes sous serment, monsieur, là.

-R : Je sais.

-Q : Avez-vous, d’une façon ou d’une autre, demandé à ce que madame Leblond soit exclue d’une réunion en deux mille dix-sept

-R : Non.

-Q : Savez-vous qu’elle avait été exclue lors d’une rencontre, monsieur Lavoie?

-R : Oui, ça, je savais qu’elle avait été exclue, j’étais au courant, là, mais je ne suis pas intervenu dans cet… pour cette gestion.

-Q : O.K. Et si vous savez qu’elle a été exclue puis que vous n’êtes pas informé, qui aurait pris la décision de l’exclure, si ce n’est pas vous?

– R : Si on lit les procès-verbaux, c’est le chancelier.

-Q : Ce serait le chancelier Melançon?

-R : Exact.

-Q : Avez-vous été impliqué d’une façon ou d’une autre dans la décision d’évincer monsieur… de contester l’élection de Victor Lepage?

-R : Non.

-Q : Non? Parfait. Avez-vous recommandé à quiconque de faire déclarer l’élection de Victor Lepage comme étant nulle?

– R : Non.

Concernant le présumé détournement de fonds de 170 000 $ de la Fabrique Saint-Germain au profit de la Fabrique de la Bienheureuse Élisabeth-Turgeon…

-Q : O.K. Donc, à votre connaissance personnelle, est-ce qu’il est possible qu’il y ait des comptes effectivement dédiés… qu’ici à Saint-Germain on ait fait des comptes spécifiques pour l’orgue, pour la rénovation, pour les frais courants, et qu’il y avait une comptabilité distincte? Êtes-vous informé de ça?

-R : Une comptabilité distincte, je ne peux pas répondre, mais je sais qu’il y avait des comptes à part, des comptes séparés.

-Q : Il y a des comptes séparés? Bon, O.K. Et relativement à la gestion des dons, avez-vous eu ou est-ce que c’était dans le cadre de vos fonctions de vous assurer que les dons des paroissiens soient respectés? Je vous donne un exemple très simple. Je suis citoyen de Saint-Germain, je lègue ou je fais un don en écrivant : « Bon, bien, ça, c’est pour rénover la cathédrale. » Comment… est-ce que vous étiez impliqué dans le respect des volontés des donateurs?

-R : Non. Ça, ça relevait strictement des marguilliers. Je n’étais pas impliqué dans ça.

-Q : Parfait. Avez-vous eu connaissance de dons donnés en argent, comptant pour le bénéfice de la cathédrale Saint-Germain?

-R : Non.

-Q : Donc, c’est votre décision à vous-même, tout seul, sous les recommandations de madame X (NDLR : la rédaction a choisi de ne pas impliquer l’employée de la Caisse), que des chèques ont été émis et que des transferts totalisant cent soixante-dix mille dollars (170 000 $) ont été faits; des argents qui appartenaient à la paroisse Saint-Germain, vers les comptes de la Bienheureuse, qui ont été utilisés pour payer des factures, c’est ça?

-R : Le cent soixante et dix mille (170 000), moi, quand j’ai eu le… quand madame X a dit : « On peut procéder, sortir l’argent », j’ai informé évidemment le chancelier Yves-Marie Melançon, si c’est à ça que vous faites allusion, oui, et Monseigneur. Et suite à ça, ils ont sorti… j’ai eu une lettre m’ordonnant de prendre ce… de sortir ce cent soixante et dix mille (170 000) là et de payer les factures en suspens.

Sur le mystérieux don de 100 000 $ à l’Archevêché…

-Q : Avez-vous eu connaissance d’un don de cent mille dollars (100 000 $) comptant qui devait être utilisé pour le bénéfice de la cathédrale de Saint-Germain?

-R : Oui.

-Q : O.K. À qui a été fait ce don?

-R : C’est-à-dire le don a été fait pour… le don n’a pas été fait pour être remis directement à la Fabrique Saint-Germain, le don a été fait en disant : « Ceci est pour la restauration de la cathédrale. »

-Q : À qui le don a été fait, monsieur Lavoie?

-R : À l’Archevêché.

-Q : O.K. Et à quel endroit, dans les documents financiers, on peut retrouver l’existence ou les traces de ce don-là?

 -R : Je ne peux pas vous répondre.

-Q : Alors, il y a eu un fonds qui a été confié, n’est-ce pas, à Monseigneur (Denis) Grondin, de cent mille dollars (100 000 $), pour la restauration de la cathédrale. Qui a informé le conseil de fabrique de l’existence de ce don-là?

-R : Je ne sais pas, ce n’est pas moi.

Sur la création de la Fabrique de la Bienheureuse Élisabeth-Turgeon…

-Q. Et avez-vous été impliqué d’une façon ou d’une autre dans la rédaction ou la décision de scinder la paroisse de Saint-Germain?

-R : Du tout.

-Q : Donc, vous-même, quand… c’est quand même un gros événement pour la cathédrale de Saint-Germain, de fermer le presbytère puis de fermer la cathédrale, de prendre les objets liturgiques, et cetera, les documents, les ordinateurs, le mobilier, les effets religieux dans l’église, je comprends que vous n’avez pas… vous n’êtes pas intervenu auprès de l’ancien… auprès de la Fabrique… la nouvelle Fabrique de la Bienheureuse et la Fabrique Saint-Germain pour faciliter cette transition-là?

-R : Je ne suis pas intervenu de cette façon-là, non.

-Q : Vous êtes intervenu comment, alors?

-R : Je ne suis pas intervenu.

-Q : Non? Est-ce que j’ai raison de dire qu’un des messages était d’annoncer que, bientôt, la cathédrale ne serait plus sous la dépendance du diocèse?

-R : C’est fort possible.

Sur la décision de fermer la cathédrale…

-Q : Avez-vous, en tant qu’économe diocésain ou conseiller du vicaire ou à titre de partenaire de travail du vicaire général, de Monseigneur Grondin, pris une décision quelconque relativement à la fermeture éventuelle de la cathédrale?

– R : Pouvez-vous reposer votre question?

-Q : À titre d’économe, dans le cadre de vos fonctions d’économe diocésain, bon, vous savez que la cathédrale a été fermée, je vous demande si vous avez pris part à la décision de fermer la cathédrale?

-R : C’est un groupe qui a pris la décision.

-Q : O.K. Alors, vous dites que c’est une décision (NDLR : la fermeture de la cathédrale) qui a été prise suite à un morceau de plâtre qui est tombé sur la tête d’un… du curé?

 -R : Non, c’est un morceau de plâtre qui est tombé sur le plancher, il n’est pas tombé sur la tête de personne.

-Q : Donc, il est tombé à côté du curé de la paroisse?

– R : Le curé est arrivé dans la cathédrale, il a trouvé un morceau de plâtre qui venait du plafond par terre.

-Q : Donc, c’est à la suite de l’événement d’un morceau de plâtre retrouvé par terre sur le plancher de la cathédrale qu’on a pris la décision de la fermer, c’est ça?

-R : Puis suite à ça, il a été décidé de fermer pour la fin de semaine? Et les jours qui ont suivi, le quatre (4) ou le cinq (5) décembre suivant, il y a eu une réunion à l’hôtel de ville avec la Ville, la CSST (NDLR : normes de la sécurité et de la santé au travail), les architectes et ingénieurs et ainsi de suite, pour s’assurer qu’il y avait une sécurité autour de la cathédrale et dans la cathédrale, et de mémoire, les assureurs avaient demandé aussi de prendre les mesures qui s’imposaient pour la sécurité du public.

Sur l’embauche de Jean Crépeau comme chargé de projet de la cathédrale…

-Q : Monsieur Crépeau, qui l’a engagé? C’est vous ou c’est Monseigneur Grondin ou c’est le conseil… c’est qui au juste?

-R : Je n’ai pas trempé là-dedans d’aucune façon.

-Q : « Trempé là-dedans », O.K. Donc, savez-vous qui l’a engagé, monsieur Crépeau?

R : Si je savais… répétez donc.

-Q : Qui a engagé… savez-vous qui a engagé monsieur Crépeau comme consultant, là, pour le sort de la cathédrale, comme… il a été consultant pour le sort de la cathédrale de Saint-Germain, n’est-ce pas?

-R : Oui.

-Q : Qui ?

-R : C’est Monseigneur Grondin, le vicaire général et le chancelier.

Sur le choix ou non du projet Paradis…

-Q : Est-ce que j’ai raison de dire que vous-même, vous recommandiez très fortement le Projet Paradis, là, quelque chose du genre, pour le changement de vocation de la cathédrale?

-R : J’étais sur le comité.

-Q : J’ai raison de dire que vous étiez très déçu que ce projet-là soit abandonné?

 R : Certainement.

-Q. Est-ce que j’ai raison de dire aussi que vous êtes toujours amer de la tournure des événements et de l’abandon de ce projet-là?

-R : J’ai (sic) passé à autre chose depuis ce temps-là.

Sur le classement de la cathédrale au patrimoine religieux…

-Q : Avez-vous été impliqué d’une façon ou d’une autre dans le dossier de classement patrimonial de la cathédrale?

-R : Premièrement, on ne parle pas de classement avant… dans le temps, c’est en deux mille trois (2003). Oui, j’ai été impliqué en deux mille trois (2003), on faisait l’étude pour donner l’évaluation, un statut patrimonial à toutes les églises du Québec de mil sept cent cinquante-cinq (1755). Je peux vous en parler longuement, j’étais sur le Conseil du patrimoine religieux du Québec dans le temps.

-Q : Oui.

-R : Et c’est au niveau de la table… il y a des tables régionales, et c’est au niveau de la table régionale qu’on a à évaluer… il y avait des ingénieurs, architectes, historiens, moi j’étais là aussi, un représentant du ministère de la Culture également, et c’est là qu’on donnait une cote aux bâtiments religieux de notre… de la table régionale ici. Et pour votre information, quand je parle de table régionale, ça couvrait toutes les églises de La Pocatière à aller jusqu’à « Capucins » du côté nord et Dégelis jusqu’à Matapédia du côté sud, et les cotes étaient A, B, C, D, E.

-Q : Étiez-vous favorable, personnellement, au classement de la cathédrale Saint-Germain?

-R : Ce n’est pas un classement, c’est une évaluation. Il y a une différence entre un classement… un classement, c’est admissible automatiquement aux subventions très élevées du Ministère. C’est une évaluation patrimoniale qui a été faite, ce n’est pas pareil.

-Q : Étiez-vous favorable à donner une cote, une bonne cote?

-R : Je me suis rallié à la majorité des gens qui étaient autour de la table.

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