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Environnement

Sur la trace des grandes marées de 2010

Dossier : le signal de prendre soin de l’environnement était clair!
Souvenir du 6 décembre 2010: Un policier « se bat >» avec le vent pour fermer une rue à l’aide d’un ruban de services d’urgence. (Photo: Pierre Michaud-archives)

La MRC de Rimouski-Neigette et le Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières (LDGIZC) de UQAR – Université du Québec à Rimouski sont à la recherche de photographies ou de vidéos de la tempête des grandes marées du 6 décembre 2010 dans le cadre d’une enquête importante.

Ce matériel visuel est requis pour poursuivre la réalisation de l’étude sur la submersion côtière entre Rimouski et Saint-Fabien-sur-Mer. Il permettra aux chercheurs de valider des résultats par des calculs et de la modélisation, notamment.

Moment marquant

Cet appel au public rappelle un événement marquant de la carrière de bientôt 38 ans de l’auteur de ces lignes. Un nouveau témoignage s’impose, d’autant plus que comme anticipé alors, on a constaté, depuis, à quel point notre environnement est bouleversé en raison de l’activité humaine. Les changements (ou réchauffement) climatiques sont bien présents et s’accélèrent, même.

L’érosion des berges s’est poursuivie et a entraîné de tristes événements comme le déménagement de certains propriétaires, le déménagement de maisons et l’abandon pur et simple de certaines propriétés, sans aucune forme de remboursement. Rappelons aussi que les municipalités de Sainte-Flavie et Sainte-Luce offrent présentement au public la possibilité d’acheter des maisons sous condition de déménagement. Ces propriétés étaient menacées. Leurs propriétaires ont reçu une compensation qu’ils ont acceptée.

Au bureau le midi

Le 6 décembre 2010, nous étions de retour au bureau après l’heure du dîner. Pendant le trajet depuis la maison du district Nazareth, ma conjointe du moment et moi, on ressentait bien que le temps était mauvais, surtout le vent, mais rien sortant de l’ordinaire en comparaison avec tout ce que l’on peut vivre, côté climat, à Rimouski. Quelques années auparavant, une tempête de vent avait arraché la cabine téléphonique située devant le marché Métro Sirois.

En arrivant aux feux de circulation à l’angle du boulevard Saint-Germain, près du brise-lames, on  a bien vu que la mer était agitée un peu plus que d’habitude. Ça ne faisait que commencer.

« Tu lâches tout! »

Il est 13 h environ. Je m’assois à mon bureau pour reprendre ma tâche là où je l’avais laissée, travaillant à l’époque pour Le Progrès-Écho et Le Rimouskois, notamment. Le téléphone sonne et re sonne à peine 15 ou 20 minutes plus tard. Des citoyens qui résident le long du fleuve nous avisent que ça se corse, que la tempête suit la direction d’Est en Ouest. Mon rédacteur en chef de l’époque, celui qui est toujours un collègue apprécié au Journal Le Soir, Ernie Wells me donne le signal : -« Tu lâches tout et tu te consacres à ça jusqu’à nouvel ordre! » Je ramasse mon appareil photo et j’enfile mon manteau.

Les vagues frappent de plus en plus fort sur le brise-lames. (Photo: Pierre Michaud: archives)

Une fois au volant, je décide de reprendre le tracé en sens inverse jusqu’au pont de la rivière Rimouski. Je prends quelques clichés. À partir de là, j’ai décidé de rouler au moins jusqu’à Sainte-Luce et de photographier tout ce qui me semblait sortir de l’ordinaire. Tout juste arrivé sur le boulevard du Rivage, à Rimouski-Est, je constate qu’il y a beaucoup d’eau sur la chaussée quand un camion de service des Enseignes BSL passe, moment que j’ai pu capter sur une des photos ci-jointes.

L’eau envahit le parc du littoral. (Photo: Pierre Michaud-archives)

Circulant sur le boulevard du Rivage, je tourne à gauche pour longer le rivage à partir de la fin du district Rimouski-Est jusqu’à l’avenue du Père-Nouvel. Il n’y a pas beaucoup d’eau aux pires endroits, mais quelque chose me frappe. Pendant que je photographie des vagues, je sens l’eau arriver sur mes souliers, en plein milieu de la rue. Je me dis : « C’est certainement la première fois que je vois le fleuve déborder autant à cet endroit-ci. »

Le boulevard du Rivage était pratiquement impraticable. (Photo: Pierre Michaud-archives)

Zone sinistrée

Les grandes marées étaient encore plus sévères du côté Est du vieux quai de la Pointe-au-Père. Je constate et photographie de nombreux dommages à partir de là. Affrontant le vent et l’eau, un policier tente d’installer des rubans de police jaune à la jonction de la rue du Phare et de la route 132. Je longe toujours le littoral à partir de la petite route secondaire qui va vers Sainte-Luce un peu plus loin. Sur un terrain du littoral, une roulotte flotte de type Wally By Am flotte dans le fleuve. Elle va et vient, transportée par des vagues brutales. C’est une zone sinistrée.

À l’eau, les chalets! (Photo: Pierre Michaud-archives)

Le bon moment

La route du littoral étant une nouvelle fois bloquée, je reprends la route 132 jusqu’à l’intersection de Luceville. Je vire à gauche et je commence à descendre dans la côte que tout le monde connaît. Là, je vois la scène qui va mériter LA photo qu’il fallait pour que je puisse dire que j’ai ce qu’il faut en matière d’images. Des policiers et leurs véhicules bloquent le chemin dans tous les sens au bas de la côte, à Sainte-Luce.

La photo la plus mémorable des grandes marées. (Photo: Pierre Michaud- archives)

Le ressac provoqué par les vagues qui frappent le mur de soutènement avec violence atteint, à l’œil, quelque 40-50 pieds de hauteur. L’intérêt de l’appareil photo numérique, c’est qu’il peut te montrer le résultat de ton cliché sur le champ. Plusieurs bonnes photos sont en banque, dont une fera la « une » du bulletin télévisée de TVA et une autre celle du Rimouskois.

Boulevard du Rivage. (Photo: Pierre Michaud- archives)

Du jamais vu

Sur le chemin du retour, il fait toujours aussi mauvais temps, mais rien ne justifiait un nouvel arrêt. Le moment était plutôt venu de faire le bilan des images récoltées et de procéder à la cueillette d’information auprès des différents services d’urgence pour de rédiger un reportage à la hauteur de l’événement. Je puis maintenant dire que je n’ai jamais revu rien de tel en un peu plus de 11 ans.

Une photo des dommages à Sainte-Flavie, captée par notre ex-collègue Sonia Lévesque, aujourd’hui à l’emploi de la Ville de Mont-Joli. (Photo: archives)

Images recherchées

Pour en revenir aux images recherchées dans le cadre de l’enquête, les éléments utiles sont :

– Des vidéos ou photos prises durant la tempête où on voit l’eau qui s’étend (sur les terrains, sur la route), ou les vagues qui déferlent;

– Des photos prises après la tempête où l’on voit des débris laissés par l’eau (accumulation d’algues, de branches, de troncs d’arbres, de sable, de gravier…);

-Des précisions, si possible (adresse, près d’un lieu connu, etc.) afin de bien situer l’endroit.

On les transmet à l’adresse courriel : [email protected] d’ici le 18 avril prochain.

Il est aussi possible d’utiliser un site de transfert comme We Transfer ou de les apporter au bureau de la MRC, sis au 23, rue de L’Évêché Ouest, bureau 200, Rimouski. Les documents originaux seront retournés.

Une photo des dégâts, le 11 décembre, entre Pointe-au-Père et Sainte-Luce. (Photo: Pierre Michaud-archives)

30% de la population

Cette étude est d’autant plus importante que plus de 30 % de la population de la MRC, soit 17 355 habitants, réside dans la zone côtière, où se retrouvent également des commerces, des institutions, des infrastructures publiques et des établissements touristiques.

L’étude est un projet global de trois ans, évalué à plus de 235 000 $.

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