Vélo vs auto : l’autre côté de la médaille
D’accord pour ralentir et réduire la largeur des rues?Une militante et bénévole de l’Association Rimouski Ville Cyclable, Sarah Loboda, met en lumière l’autre côté de la médaille, face à ceux, nombreux, qui protestent contre la réduction des limites de vitesse prévues par la Ville de Rimouski.
Le conseil municipal a déposé, lundi dernier, un avis de motion prévoyant l’adoption prochaine d’un règlement qui prévoit la réduction de la vitesse limite à 40 km/h dans les zones résidentielles, mais aussi l’uniformisation de la vitesse limite permise de 70 km/h à 50 km/h sur une distance de 8,3 km, sur le boulevard Saint-Germain/René-Lepage/Jessop. Une expérience dont Le Journal Le Soir a d’ailleurs fait l’essai, mercredi.
Ce projet de règlement a provoqué un tollé chez les lecteurs du Journal Le Soir s’il faut en croire leurs commentaires sur notre page Facebook. Et beaucoup d’ironie!
Dans cette direction-là!
À l’opposé, madame Loboda représente la partie de la population qui réclame de plus en plus de place pour ce qu’on appelle le transport actif, soit les déplacements par la marche, le vélo ou tout autre moyen de locomotion exigeant une certaine dépense d’énergie. Contrairement à ce qu’en pensent certains, elle démontre aussi que ce ne sont pas que des « vieux » qui se plaignent qui ont une influence sur la Ville.
Le maire, Guy Caron, a profité de l’intervention de cette citoyenne pour confirmer que c’est bien dans cette direction que la Ville de Rimouski a décidé d’aller.
« J’étais intervenue pour demander au conseil municipal de revoir sa décision sur les panneaux d’arrêt de la rue Sainte-Marie. J’ai reçu des remerciements (NDLR : parce que le conseil a révisé sa décision) et je voulais vous les transmettre, car vous avez fait le travail. Le mois du vélo a commencé hier, au Québec et je vous invite tous à y participer, à faire vos déplacements du mois de mai en vélo. En termes de collectivité, on peut tous gagner à modifier nos déplacements », a-t-elle commenté.
Fausses contraventions
Constatant que la partie urbaine de la piste cyclable était obstruée par de nombreux véhicules lors du match de hockey de L’Océanic dimanche dernier, madame Loboda a avoué être assez contrariée pour passer à l’action.
« C’est quelque chose qui m’a beaucoup interpellée, de même que toute ma famille. On a fabriqué et distribué de fausses contraventions à des automobilistes. J’ai essayé de revenir chez-nous à vélo dans la piste et c’était impossible. Les pistes cyclables étaient devenues des stationnements. On a invité, sur nos fausses contraventions, les automobilistes à utiliser le vélo la prochaine fois, parce que ça prend moins de place. Tout ça pour dire qu’au final, la frustration qu’on a comme cyclistes n’est pas nécessairement envers les automobilistes, puisqu’aux endroits où les autos étaient bien stationnées, le marquage au sol était bien indiqué. Le rôle de la Ville est donc super important pour rendre les déplacements actifs sécuritaires », estime madame Loboda.
« On ne demanderait jamais ça à un automobiliste »
« Je suis vraiment contente de voir, ce soir, que vous parlez de transport en commun, de limiter la vitesse des véhicules, de stationnement au centre-ville. Vous parlez de tout ça, mais j’ai parfois peur que ce ne soient que des « mesurettes » et pas un grand plan, une grosse réflexion sur le transport, sur les déplacements pour les plus vulnérables, en ville. Quand j’ai vu ce qui se passait sur la piste cyclable au Colisée, j’ai vraiment réalisé que les pistes cyclables ne semblent accessibles que l’été. Ça veut dire que vous demandez au citoyen qui se déplace en vélo le reste de l’année, de le faire dans des conditions qui ne sont pas sécuritaires. On ne demanderait jamais ça à un automobiliste », déplore cette citoyenne.
« Il y a différentes classes de citoyens et je pense qu’il faudrait qu’il y ait une plus grande réflexion sur les déplacements et les infrastructures et installations de la Ville. Il n’y a pas que la vitesse. Il faut aussi diminuer la largeur des routes; repenser nos déplacements, surtout autour des écoles. Je peux le voir : j’ai quatre enfants qui se retrouvent dans des écoles et des garderies différentes. On voit de tout! Il y a vraiment, vraiment, place à amélioration », insiste-t-elle.
Ralentir et faciliter l’usage du vélo
« J’apprécie vos commentaires. La décision de passer à 40 km/h dans les zones résidentielles nous permet de placer les panneaux d’arrêt (sur Sainte-Marie). Ça a facilité, en tout cas, la décision. C’en est un impact. On a des réflexions constantes la longueur des rues, particulièrement quand on a besoin de refaire les surfaces, parce que c’est le moment idéal pour le faire. Lorsqu’on a besoin de refaire un coin de rue, par exemple pour des travaux de canalisation. »
« Là, les services de génie et d’urbanisme travaillent pour remodeler les rues pour répondre aux besoins d’aujourd’hui, pour les besoins de la mobilité durable et active; pour faciliter l’usage du vélo ou de la marche. On s’en va dans cette direction. On ne peut pas faire tout du genre au lendemain, mais les préoccupations sont là. Je vous invite, si vous souhaitez participer à une consultation générale et exhaustive sur la question du transport, à participer à Rimouski 2030 qui va certainement avoir une composante sur les manières de se déplacer à Rimouski », a annoncé monsieur Caron.