Réfugiés vs ressortissants : la différence écarte Rimouski
Les offres de soutien, de dons et même d’hébergement pour des Ukrainiens pleuvent sur les têtes de la Ville de Rimouski, d’Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent et de la Table de concertation en immigration Rimouski-Neigette, mais c’est peine perdue.
Les trois organisations ont tenu une conférence de presse commune pour préciser qu’il y a des différences importantes entre les réfugiés syriens qui ont été accueillis ici il y a cinq ans, alors qu’une guerre civile sévissait dans leur pays, et les citoyens ukrainiens, qui sont attaqués par un pays voisin et qui ont besoin d’aide aujourd’hui même. C’est le cas de plus de 2,5 millions de personnes.
« Les Ukrainiens qui quittent leur pays aujourd’hui le font momentanément, dans leur esprit, du moins, dans l’espoir de retourner chez eux rapidement après le règlement du conflit. Les réfugiés, de Syrie ou de n’importe quel autre endroit dans le monde, sont des gens qui sont obligés d’abandonner leur pays, souvent parce que leur vie est menacée », souligne la directrice d’Accueil et Intégration Caroline Houle.
Autre obstacle
Par ailleurs, en plus de la différence de statut et de la différence dans les besoins par rapport à l’épisode syrien, il y a une différence de directive générale actuellement qui écarte la candidature de Rimouski. Celle-ci a été désignée ville d’accueil, comme 13 autres au Québec, il y a cinq ans, mais la directive en ce qui a trait aux Ukrainiens est de procéder par un parrainage familial. Il y a environ 40 000 Ukrainiens au Québec, mais il n’y a que quelques Ukrainiens à Rimouski. Il y a plus de 1 million de descendants d’origine ukrainienne au Canada.
« La seule personne ayant une famille en Ukraine à laquelle j’ai parlé, sa famille n’est pas intéressé à venir au Canada et au Québec. Ces gens cherchent des solutions temporaires, car ils espèrent que la guerre sera temporaire. Comme ville d’accueil, on dépend du fédéral. S’il n’y a pas de programme de parrainage privé, on ne peut pas aller de l’avant nous-mêmes. Il faut attendre les directives », note aussi madame Houle.
Peu élevées
Les chances sont finalement très peu élevées qu’il y ait des ressortissants ukrainiens à Rimouski, mais les trois organisations sont prêtes en cas de besoin. Un individu n’ayant plus de famille pourrait décider de recommencer une nouvelle vie au Bas-Saint-Laurent.
« En tant que ville d’accueil, Rimouski entend jouer son rôle et offrir tout le soutien aux personnes qui désirent s’établir à Rimouski comme elle le fait en tout temps. Dans la mesure où la population ukrainienne au Bas-Saint-Laurent est très peu élevée, la venue des personnes ressortissantes découlerait d’un choix volontaire de venir s’implanter ici. Malgré le contexte de pénurie de logements qui prévaut à Rimouski, nous accueillerons évidemment à bras ouverts les gens qui en manifesteront le souhait, comme nous le faisons avec les personnes immigrantes et les nouvelles et nouveaux arrivants de toutes les provenances et origines », rappelle la déclaration commune des trois organismes.
Solidarité
Madame Houle, le maire, Guy Caron, et le conseiller Pelletier se disent encore une fois impressionnés par la générosité des Bas-Laurentiens.
« Cet état de la situation à Rimouski et dans la région signifie qu’à court terme, nous ne nous attendons pas à ce qu’un grand nombre d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens souhaitent venir s’installer à Rimouski. Leur souhait le plus cher est très certainement de pouvoir retrouver leur chez-eux le plus rapidement possible. Sinon, les pays limitrophes, les grands centres et la proximité avec la famille élargie seront privilégiés. La Ville de Rimouski et les organismes du milieu ont reçu de nombreux appels et courriels de gens intéressés à offrir un refuge, contribuer monétairement ou encore pour des dons de matériels. Nous sommes toujours aussi fiers et impressionnés de la mobilisation et de la solidarité dont notre communauté fait preuve dans des situations d’urgence comme celle-ci », ajoute-t-on.
Chemin parcouru
Les structures d’accueil ont fait du chemin à Rimouski, a rappelé le conseiller municipal du district Saint-Robert et représentant de la Table, Jocelyn Pelletier : « Il y a une agente d’intégration à la Société de promotion économique de Rimouski. Il n’y a pas si longtemps, il n’y avait que deux personnes, dont la fondatrice, qui étaient à l’emploi d’Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent, aujourd’hui on compte une vingtaine d’employés. On a tous les outils qu’il faut pour accueillir des ressortissants et des refugiés. Mais pour le moment, ce dont il est question, ce sont de femmes et d’enfants qui iraient à Montréal, dans leurs familles. »
« La différence est la distinction entre réfugié et ressortissant et l’approche qu’adopte le gouvernement fédéral. On est dépendant du statut que le fédéral leur accord, surtout les aider temporairement. Chez nous on entend et on voit l’élan de générosité des Rimouskoises et des Rimouskois qui cherchent des façons de pouvoir aider. C’est possible de le faire, mais d’une façon différente de la fois précédente », résume le maire Caron.
Attention aux fraudeurs
Monsieur Pelletier invite par ailleurs les citoyens pris par une envie de donner spontanée à se montrer prudents. « Lorsqu’il y a des mouvements de générosité comme celui qu’on vit présentement, il se trouve toujours des gens malhonnêtes pour essayer d’en tirer profit. »
Les citoyens qui souhaitent faire un don sont donc invités à le faire par l’entremise de la Croix-Rouge. À l’échelle locale, si l’on souhaite faire du bénévolat, on peut communiquer avec Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent en visitant son site Internet.
Grand rassemblement
Rappelons par ailleurs qu’un grand rassemblement pour la paix est prévu le 19 mars, au parc de la Gare de Rimouski, à compter de 13 h 30. Il devait avoir lieu en fin de semaine dernière, mais a été reporté en raison du mauvais temps.