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Et si ça m’appartenait…

Une philosophie ancestrale occidentale1 suggère que chaque événement survenant dans notre vie est de notre responsabilité (attention, il ne faut cependant pas confondre responsabilité et culpabilité).

J’aime bien cette proposition, elle nous ouvre tout un univers de potentialités quant à la façon de voir notre vie, de voir les pensées que l’on entretient, de voir les actions possibles à mettre en place afin de résoudre des conflits, de voir les attitudes à adopter pour vivre davantage en harmonie avec nos proches ou tout simplement pour lâcher-prise lorsqu’on a l’impression de n’avoir aucun contrôle sur ce qui se passe.

Partons de cette prémisse, je suis responsable de ce qui m’arrive, et appliquons-la dans quelques réalités quotidiennes.

Imaginons…


Vous préférez entendre cette chronique en version audio? C’est ici.

Acte 1

Vous venez de revenir à la maison et vous constatez que la vaisselle traine — encore!! —  sur la table du salon. Il y a des miettes partout au sol. Vous êtes maintenant en pleine tirade et vous expliquez — de moins en moins gentiment — à votre fille adolescente que :

Chu écœuré que tu te laisses trainer. La vaisselle sale, c’est dans le lave-vaisselle qu’elle va, pas sur la table du salon. Les graines c’est pour les oiseaux, pas pour le tapis. Je suis tanné de te répéter la même mautadite affaire chaque jour. Trois fois par jour! Quand est-ce que tu vas comprendre?

STOP…

Responsabilité… responsabilité…

Et si au lieu d’accabler votre fille une fois de plus, vous regardiez un instant ce qui pourrait vous appartenir. Ok, oui, je sais, ça demande une bonne dose d’humilité et de courage. Ce n’est pas dans nos habitudes, pas naturel en tous cas. Mais tentons tout de même l’exercice …

Responsabilité… responsabilité…

Et si ce résultat m’appartenait…

Peut-être que de répéter la même chose sur le même ton une quatre-cent-quatorzième fois n’est probablement pas la façon la plus efficace d’obtenir ce que je désire. Einstein n’a-t-il pas dit déjà que la folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent.

Et si ce résultat m’appartenait…

Comment pourrais-je me faire comprendre autrement? Quel ton de voix (plus conciliant, plus agréable, moins méprisant) pourrais-je utiliser? Quelle autre attitude pourrais-je expérimenter?          Et l’humour, pourquoi ne pas tenter l’humour? La soirée commencerait de façon plus agréable. Et si je lui laissais cinq minutes de plus et que je lui souriais à mon arrivée? Et si je lui demandais gentiment et calmement et que je la remerciais simplement ensuite?                                                                                                                                         

Ça, ça vous appartient!

Acte 2

Imaginons que votre fille a eu l’intention de se lever en entendant la porte d’entrée claquer (mieux vaut tard que jamais), mais n’a pas été assez rapide. La tirade va bientôt commencer, elle le sait fort bien. Probablement qu’elle repoussera l’échéance maintenant car votre ton de voix — exaspéré, disons-le — ne fait que la rebuter et qu’elle n’a pas envie de recevoir par la tête un : Merci quand même! Y était temps! Depuis le temps que j’te le dis… Pis j’imagine que la prochaine fois ça va être pareil?

Stop!

Soyez honnête, accouriez-vous au-devant de telles critiques?

Ces paroles, ce ton de voix, ils vous appartiennent.

Responsabilité… responsabilité…

Et si ce résultat vous appartenait…

Comment pourriez-vous vous déprogrammer de ce programme automatique de reproches, désagréable pour tous les deux, et aborder autrement la situation?

Responsabilité… responsabilité…

Acte 3

Imaginons que vous venez de raccrocher le téléphone, vous étiez avec votre sœur. Vous êtes maintenant en colère, car c’est encore vous qui allez vous taper tous les appels à la famille élargie pour faire les invitations pour le soixantième anniversaire de vos parents. Vous êtes pourtant trois sœurs. Trois! Mais c’est toujours vous qui vous retrouvez à faire le travail. Oui, vous le savez, vous êtes à la retraite. Oui, vous le savez, vous n’avez plus de jeunes enfants à la maison. Oui, vous le savez, vous êtes la meilleure pour faire ça!

Un sentiment d’injustice vous accable au plus haut point, vous vous dites que vous vous êtes encore fait avoir, qu’elles, elles ont encore le beau rôle — celui d’avoir l’idée et de déléguer — et vous allez encore vous taper tout le boulot. La frustration vous chamboule l’estomac, vous sentez votre gorge se serrer de rage contenue. Vous avez les larmes aux yeux.

Stop!

Et si ce résultat vous appartenait…

Ces pensées, ces émotions, ces ressentis, ils vous appartiennent.

Responsabilité… responsabilité…

Comment pourriez-vous vous déprogrammer de ce programme automatique et aborder autrement la situation?

Responsabilité… responsabilité…

Peut-être que de dire «noui» sans conviction pour une quatre-cent-quatorzième fois à vos soeurs n’est probablement pas la façon la plus efficace de vous faire entendre. Einstein n’a-t-il pas déjà dit que…

Et si ce résultat vous appartenait…

Responsabilité… responsabilité…

Et si ce résultat m’appartenait…

Comment pourrais-je me faire comprendre autrement? Comment pourrais-je me faire respecter? Quel ton de voix (plus ferme, plus convaincant, moins conciliant) pourrais-je utiliser? Quelle autre attitude pourrais-je expérimenter?                                                                                                    La conversation se terminerait-elle de façon plus agréable pour chacune si j’exprimais calmement et posément mon refus. Surtout, clairement. Et si j’osais rappeler mes sœurs et présenter sincèrement mes arguments? Si j’exposais mes idées et que l’on se divisait la tâche? Peut-être croient-elles que ça me fait plaisir d’être ainsi occupée. Si je leur exprimais avec authenticité mon ras-le-bol?  Et si je disais carrément «non» pour cette fois en expliquant simplement que ça ne me convient pas? Sans remords et sans culpabilité.

Responsabilité… responsabilité… Ça, ça vous appartient.

Il existe une philosophie ancestrale occidentale suggérant que chaque événement survenant dans notre vie est de notre responsabilité. J’aime bien cette proposition, elle nous ouvre sur tout un univers!


Étonnante, l’idée sous-jacente est que tout ce que l’on voit, entend, goûte, touche ou expérimente est de notre responsabilité parce que justement cela s’est manifesté dans notre vie. « Il est très important de comprendre que ce qui se passe à l’extérieur est le reflet d’une mémoire que j’ai à l’intérieur de moi-même. Au lieu d’essayer de changer l’extérieur, je prends la responsabilité de ce qui se passe en moi, en étant à l’écoute de mes émotions et de mes pensées ».2


1. Ho’oponopono

2. Propos de Maria-Elisa Hurtado-Graciet. Repéré à : http://www.eveiletsante.fr/secret-hooponopono-psychologie-magazine/

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