Un collectif pour lutter contre les iniquités
Entre les élèvesInspiré par la Commission Parent, le document « Une autre école est possible et nécessaire » est un ouvrage collectif sorti en librairie le 14 mars dernier qui regroupe des intervenants du milieu scolaire de partout au Québec, afin de plaider pour des changements au sein des structures scolaires de la province.
L’ancien directeur général de la Commission scolaire des Phares, Jean-François Parent, fait partie du groupe d’auteurs ayant contribué à la rédaction de cet ouvrage d’envergure.
Monsieur Parent explique que le projet est une initiative de l’organisme Debout pour l’école : « À la suite de plusieurs réunions, l’organisme a décidé de produire un livre. Le livre comporte un certain nombre de chapitres. Chacun de ces chapitres-là a été écrit à quatre ou six mains. Donc chaque chapitre était écrit par un sous-groupe d’auteurs et moi j’étais dans un de ces sous-groupes pour un des chapitres du livre. »
Écoles privées contre écoles publiques
Pour sa part de travail, l’ancien directeur général s’est penché sur la question des projets particuliers dans les écoles secondaires publiques : « Ce qui a été relevé à l’intérieur de cette partie-là c’est qu’au fil du temps, les écoles privées ont mis en place des projets éducatifs spécifiques et particuliers. Par exemple, il y a des écoles privées au Québec qui ont eu une approche de programme particulier, disons le basketball. Et lorsque les écoles privées ont commencé à faire ça, les commissions scolaires et les écoles dans les commissions scolaires, elles, n’avaient pas encore commencé à le faire. De sorte que là on s’est retrouvé avec une clientèle étudiante, des élèves qui choisissaient les écoles privées parce qu’il y avait un projet particulier et ne choisissaient pas l’école publique, car il n’y avait pas un équivalent. »
Un système qui nuit aux élèves
Jean-François Parent dénonce la compétition qui s’est établie entre les écoles privées et les écoles publiques lorsque ces dernières ont tenté de s’adapter : « Elles-mêmes se sont mises à faire des projets pédagogiques particuliers pour concurrencer elles aussi les écoles privées au niveau de la captation de la clientèle. De sorte que le système québécois a introduit un principe de compétition entre les écoles qui n’est pas favorable aux élèves parce qu’on vient épurer les classes régulières, on vient travailler en compétition, ce qui n’est pas normal dans notre système que d’avoir des entreprises ou des instances et des organisations qui sont en compétition l’une par rapport à l’autre. »
Il rend également compte de la façon dont cette compétition met de la pression sur les parents, qui ne peuvent pas tous se permettre les coûts reliés aux activités de programmes particuliers : « Chacun de ces programmes particuliers d’enrichissement a des coûts qui leur sont rattachés, par exemple il y a des programmes de tennis au Québec où pour s’inscrire, autant dans l’école publique que dans l’école privée, il y a des factures à la clé de 1800 $ peut-être maintenant 2 000$. Ce ne sont pas tous les parents qui ont l’argent pour aller payer çà et là. On vient encore une fois de créer une forme d’iniquité entre l’élève dont les parents peuvent lui payer cela et l’élève dont les parents ne peuvent pas lui payer ça, de sorte qu’il y a encore des écarts. »
Le bien être des élèves au cœur des priorités
Ce qui devrait contribuer également à l’avancée de la cause que s’est donné le collectif est la manière dont ses remarques ont déjà été relevées il y a quelques années par le Conseil supérieur de l’éducation : « il y a peut-être six ans, le Conseil supérieur – un organisme complètement indépendant, qui n’est pas à la solde de qui que ce soit et qui n’a aucun compte à rendre au ministère hormis que sur ses finances – le rapport du Conseil supérieur de l’éducation avait à ce moment-là déjà mis le doigt sur le fait que le système scolaire québécois était producteur d’iniquité et d’inégalité sociale. »
Optimisme face à l’avenir
Bien que le collectif représente un dossier rempli d’enjeux et de problèmes à régler, Jean-François Parent se tourne vers l’avenir avec un regard optimiste, notamment parce qu’il estime que le collectif a le potentiel de rejoindre une importante partie de la population, ce qui devrait amorcer des changements. S’il croit que des pressions du milieu sont suffisantes pour faire réagir le gouvernement, il est d’avis que la pression émise par la population devrait avoir encore plus d’effet : « La pression sociale c’est aussi ce qu’on cherche à faire exister par rapport à ce livre qui est destiné à l’ensemble – ce n’est pas un livre de spécialiste, destiné à des spécialistes – c’est un peu ça la caractéristique et la nouveauté de ce livre-là : c’est d’arriver avec des propos qui sont davantage vulgarisés et dont la clientèle visée est l’ensemble de la population », déclare Jean-François Parent.
De plus, afin de rejoindre le plus grand nombre de gens, plusieurs lancements ont été organisés dans plusieurs villes du Québec, jusqu’au 5 avril prochain.